Les mines étaient fermées et les sourires crispés à l'annonce des résultats de ce 1ᵉʳ tour des élections législatives anticipées. Graig Monetti et Philippe Pradal arrivent troisièmes et seront invités à se désister s'il respecte la consigne donnée par le camp présidentiel. Gaël Nofri n'est même pas qualifié pour le second tour dans la 5ᵉ circonscription. La soirée a été pénible.
Christian Estrosi accuse le coup. Il est près de 23h quand le maire de Nice, entouré des candidats Horizons, se présente enfin dans le bar du centre-ville de Nice où étaient convoqués leurs partisans...
Les visages sont plutôt fermés, l'attente a été longue et bon nombre de militants ont déjà quitté les lieux, quand Christian Estrosi se lance et acte un revers électoral inédit.
"Le contexte économique, social, politique n'était pas favorable au camp républicain. Une fausse union de la gauche s'est constitué entre des gens qui ont des opinions totalement contre-nature. Une trahison absolue du président des Républicains : on aurait préféré qu'il soit député de Marseille, de Toulouse; de Lille de Strasbourg, de Paris ou de Nantes... et encore : je ne leur souhaite pas autant de mal qu'il a pu en faire à notre ville."
Un seul ennemi : Eric Ciotti
Le ton est donné. L'adversaire tout trouvé : Eric Ciotti, président du parti des Républicains, et coupable d'avoir conclu une alliance avec le Rassemblement national. Lui qui n'a, selon Christian Estrosi :
à la bouche que les mots de lâcheté et de trahison, on peut ce soir constater que sa trahison, avec ce hold-up qu'il a fait à la tête de la formation issue du général de Gaulle, pour aller cirer les pompes de M. Bardella et de Mme Le Pen, est totalement et définitivement consommée.
Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice
Eric Ciotti coupable de retournements de vestes à répétition : "après avoir appelé à voter Estrosi il y a 20 ans, Sarkozy il y a 15 ans, Fillon il y a 12 ans, puis Wauquiez... après avoir fait la danse du ventre à M. Bardella (sic), pardon, M. Attal pour entrer au gouvernement de M. Macron, on l'entend dire maintenant : votez Bardella. Cette trahison est totalement consommée."
Estrosi-Ciotti. Les deux font la paire depuis belle lurette sur l'échiquier régional.
Eric Ciotti, ex-premier adjoint de Chrisian Estrosi, qui tente de ravir la place à son mentor. Et Christian Estrosi qui oublie opportunément qu'il chassait sur les mêmes terres qu'Eric Ciotti et qu'il a lui-même fomenté une alliance avec le Front National dans les années 90.
Drôle de soirée électorale, décidément. Les lieutenants Pradal, Monetti et Nofri, montés en première ligne dans les trois circonscriptions niçoises, n'ont pas l'autorisation de s'exprimer face à la presse.
Christian Estrosi poursuit avec une déclaration plus attendue : "J'ai mal à ma France. [...] Notre pays est profondément fracturé, divisé entre deux blocs aux idées et aux pratiques extrêmes. C'est l'un des enseignements de ce scrutin : le clivage gauche/droite a été supplanté par le clivage extrême gauche/extrême droite. Ce soir, il y a un tsunami national."
La défaite est actée. Mais le plus amer reste à venir. Se désister en faveur du candidat du Nouveau front populaire dans la première et la 3ᵉ circonscription ?
"Nous prendrons dans les heures à venir les décisions qu'impose l'esprit républicain."
@france3paca Graig Monetti (Horizons), adjoint au maire de Nice délégué à l’Evénementiel, à la Jeunesse et à l'Egalité des chances, candidat dans la première circonscription des Alpes-Maritimes et Pierre Fiori, également conseiller municipal, son suppléant, chantent "Bella ciao" à Nice ce 30 juin suite au 1er tour des élections législatives. #législatives2024 #nice06 #politique ♬ son original - France3Paca
Un petit tour et puis s'en va : Christian Estrosi s'en repart à pied, laissant là ses candidats déboussolés... Gaël Nofri et Philippe Pradal lui emboitent rapidement le pas, quand Graig Monetti et Pierre Fiori jouent les prolongations avec les militants. Pierre Fiori entonne Bella Ciao, le chant des partisans antifascistes... Sourires et applaudissements nourris...
Un indice pour la suite ?
Merci aux électeurs qui m’ont fait confiance et placé au second tour de cette élection. Je suis le plus à même de rassembler, j’ai décidé de maintenir ma candidature. Face à la trahison et à la honte faite à Nice et aux Niçois, battre Éric Ciotti et le RN est à portée de main. pic.twitter.com/P9bT9VfTrN
— Graig Monetti (@MonettiGraig) July 1, 2024
Loin s'en faut : arrivé en troisième position, Graig Monetti annonce pourtant dès le lendemain, ce lundi matin, qu'il se maintient au second tour.
Je suis le plus à même de rassembler, j’ai décidé de maintenir ma candidature. Face à la trahison et à la honte faite à Nice et aux Niçois, battre Éric Ciotti et le RN est à portée de main.
Graig Monetti, candidat Horizons.
Il y aura donc une triangulaire dans la première circonscription des Alpes-Maritimes.