La vague Rassemblement national n'a finalement pas été aussi forte que prévu dans les Alpes-Maritimes. Les députés sortants sont (presque) tous réélus. On fait le point ce lundi matin au lendemain du second tour des élections législatives anticipées.
Finalement, le score des Alpes-Maritimes est celui qui était attendu depuis l'annonce de la dissolution. Les circonscriptions déjà acquises au Rassemblement national ont confirmé, rejointes par celle des candidats d'Eric Ciotti.
Les députés Les Républicains (canal historique) ont tenu bon et sont réélus. C'est une prime au sortant, si ce n'est dans la troisième circonscription de Nice, où Philippe Pradal (candidat "Estrosiste") a été éliminé dès le premier tour.
Une droite qui s'érode et se divise
Le département des Alpes-Maritimes est historiquement une terre de droite, mais depuis quelques années, les Républicains perdent du terrain. Déjà, la droite s'est morcelée quand Christian Estrosi (entre autres) a rejoint la majorité présidentielle. En 2021, le maire de Nice se dit en faveur d'un rapprochement avec la majorité présidentielle. Il avait créé son micro-parti La France audacieuse en 2017.
Chez Les Républicains, Eric Ciotti, est le président du parti. Mais lorsqu'il a entraîné son parti vers un ralliement au Rassemblement National, ses troupes n'ont pas toutes suivi.
Ses arguments de campagne sont en effet similaires à certains de ceux du Rassemblement national, comme on peut le lire sur son site internet : "Lutter contre la fraude sociale. Baisser les impôts et les charges des Français. Stopper les flux migratoires."
S'il assume ce choix, il ne cite jamais le Rassemblement National dans ses discours, comme à Nice où il parle de "camp national", de "patriote" tout en qualifiant Jordan Bardella d'allier. Au second tour, les trois candidats d'Eric Ciotti sont élus (Christelle d'Intorni est élue dès le premier tour).
Christian Estrosi parti, Eric Ciotti aussi, reste chez les Républicains dans les Alpes-Maritimes, les historiques comme David Lisnard. Le maire de Cannes a créé son propre mouvement, devenu parti : Nouvelle Energie.
Ainsi, en 2022, la droite détenait cinq circonscriptions. La Majorité présidentielle détenait une circonscription et le Rassemblement National faisait sa percée avec trois députés élus. À la fin du second tour de 2024, la seule circonscription Horizons est laissée à l'extrême droite avec Bernard Chaix (LR ciottiste allié RN).
Michèle Tabarot, députée depuis 2002, en ballotage défavorable au premier tour et qui avait bénéficié de l'appui des maires de sa circonscription, a été réélue, d'une courte tête : "je partais avec 4 300 voix de retard et je gagne plus de 3000 voix, je suis fière de cette mobilisation." Eric Ciotti avait appelé à voter contre Michèle Tabarot, soutenant le candidat du Rassemblement National.
Alexandra Martin est réélue avec le soutien (de taille) de son suppléant, David Lisnard, maire de Cannes, et président de Nouvelle Energie avec 52,6% des voix.
Christian Estrosi appelle à un "arc républicain", Eric Ciotti attaque
Christian Estrosi a pris la parole pour saluer l'engagement de ses candidats (Horizon-Ensemble) qui se présentait dans trois circonscriptions à Nice. Philippe Pradal qui s'était retiré pour faire barrage à l'extrême droite, Graig Monetti (qui s'était maintenu et a perdu face à Eric Ciotti) et Gaël Nofri qui a perdu dès le premier tour face à Christelle d'Intorni. Les candidats s'inclinent face à l'ennemi juré du maire de Nice, mais Christian Estrosi assume ses choix.
Je ne me suis jamais dérobé, j'ai soutenu ceux qui ont décidé de mener le combat. Ils ont montré que nous ne nous trompions pas sur nos idéaux.
Christian Estrosi, maire de NiceLors du second tour à Nice
En réaction aux scores au niveau national, Christian Estrosi appelle la gauche modérée à rejoindre "l'arc républicain" de la majorité présidentielle : "J'appelle tous les responsables politiques qui se retrouvent dans l'arc républicain à assumer leurs responsabilités sans délai et à respecter la volonté du peuple français. Entre les élections européennes et le premier tour des législatives, ils nous ont exprimé leur colère, leur refus du mépris et de l'impuissance politique. À travers ce second tour, ils nous demandent de laisser de côté nos différences et de nous retrouver sur l'essentiel. "
Au niveau local, Eric Ciotti semble se placer comme alternative à Christian Estrosi, lors de sa conférence de presse, il déclare :" dans notre ville, nous sommes le rempart à l'extrême gauche et nous sommes porteurs de cette espérance qui est née de cette alliance que j'ai voulue de tous ceux qui aiment la France et qui se reconnaissent dans les valeurs nationales" sans jamais citer le Rassemblement national, d'une certaine manière, Eric Ciotti se félicite d'avoir rejoint l'extrême droite.
@france3paca Eric Ciotti, président de LR allié au RN s'est exprimé à son QG à Nice suite aux résultats du second tour des élections législatives. Il dénonce une « alliance de la honte » qui donne « le pouvoir à l’extrême gauche ». #legislatives2024 #ericciotti #nice06 #election #ciotti ♬ son original - France3Paca
Pas de percée de la gauche
Si la gauche est peu présente dans les Alpes-Maritimes, elle réalise de bons scores localement, dans certaines villes. Pour ces législatives, trois candidats du Nouveaux Front Populaire étaient au second tour derrière l'extrême droite.
L'une d'entre eux avait un espoir pour ce second tour : Laure Quignard (PS), la militante socialiste était élue, notamment à Saint-Martin-d’Uriage pendant deux mandats (commune près de Grenoble) et conseillère départementale de l’Isère. Elle habite Nice depuis deux ans. Elle était colistière sur la liste de Raphaël Glucksmann (liste Réveiller l’Europe) en soixantième position pour les élections européennes.
On espérait une victoire de la gauche, on est pas passé loin. Je suis très déçue pour eux (mes électeurs). La mobilisation citoyenne est fabuleuse, on va travailler encore, ce n'est pas si mal que ça pour une ville comme Nice
Laure Quignard (PS)Sur le plateau de France 3 Côte d'Azur le 7 juillet 2024
Ce dimanche soir, le président LR du conseil départemental, Charles-Ange Ginésy, a gardé le silence.