De retour dans le quartier de son enfance - la Madeleine à Nice - Sami Lorentz évoque à mots comptés ceux qu'il côtoyait autrefois dans le sillage de sa mère. Entre souvenirs, traces et mélancolie, ce film raconte un passé qui s'enfonce peu à peu dans l'oubli.
La Madeleine est un quartier populaire à l’ouest de Nice. Sami Lorentz l’a quitté il y a 20 ans. Il vient aujourd’hui retrouver ceux qu’il connaissait autrefois, ceux qui ont partagé les dernières années de sa mère : les cafetiers.
Mis en scène par sa femme cinéaste, le réalisateur se plonge dans leur quotidien, en laissant apparaître une comédie humaine faite de petits tracas et de grands desseins. Un retour au pays sur la question des racines, du lien et de la transmission.
Petit, Sami Lorentz suivait sa mère qui passait de longues à écrire dans l'ambiance chaleureuse des cafés de quartier.
Tous - Richard, Tonin, Poupon et Marinette se souviennent du petit Sami qui dessinait aux côtés de sa mère.
Ma mère regardait les grands problèmes du monde à l'échelle de ce long boulevard excentré, à l'ouest de Nice,
dit-il dans le film.
L'enfant devenu grand, délaissa un temps ce bout du monde, au profit d'un Nice peut-être plus attrayant à ses yeux de jeune homme en quête d'avenir.
Mais aujourd'hui, à l'âge où l'on est à son tour en première ligne, il revient sur ses pas, appelé par la question de l'héritage ou plutôt de la transmission et il retrouve loin du clinquant très "Côte", ceux qui sont les derniers garants d’une vie de quartier au devenir incertain.
Une musique inspirée, à la "Tati"
Le film, servi par des personnages très attachants, est rythmé par une musique originale que signe Cédric Le Guillerm.
Elle nous entraîne vers des rivages connus et, l'air de rien, on sent pointer un petit quelque chose "à la Mr Hulot" dans cet arrière-plan musical. Un effet que Richard, Tonin ou Marinette contribuent à faire naître, tant ils sont ancrés dans un monde aux antipodes de celui bruyant et vaniteux du 21ème siècle.
Empathie, tendresse, compréhension, autant de sentiments qui affleurent pour mieux nous questionner sur le sens des choses et la nécessité de maintenir des liens d'humanité dans nos villes modernes.
Ma madeleine de Nice est le premier film de la collection Etre né quelque part, initiée par les films du Balibari et France 3.
Autour de la thématique de la transmission d'une identité, le film d'Audrey Espinasse et Sami Lorentz fait figure de délicat pionnier donnant vie à l'idée que finalement,
nous ne sommes chez nous nous nulle part mais seulement des passants en quête de sympathie.
A voir lundi 16 avril après le Soir 3
Ma madeleine de Nice
Un documentaire de Sami Lorentz et Audrey EspinasseEn coproduction avec France 3 PACA et les films du Balibari