Un accord entre mairie de Nice et forains pour l'installation des manèges, mais toujours un blocage sur la scolarité des enfants

Depuis plusieurs jours, le bras de fer s'éternisait entre les commerçants de la fête foraine voulant travailler et la mairie de Nice qui ne trouvait pas d'emplacement à des conditions acceptables selon eux. Résultat : ce sont les enfants des familles foraines qui en subissaient aussi les conséquences. Impossible pour la plupart d'entre eux de trouver une école pour les accueillir.

Le Marché d'Intérêt National (MIN) de Nice, le parking près d'Ikea... Depuis plusieurs jours, c'est le bras de fer entre la Ville de Nice pour trouver un emplacement pour les 77 attractions de la traditionnelle fête foraine de fin d'année. 

Les deux parties sont tombées d'accord ce jeudi pour une occupation du MIN au tarif équivalent à celui des années précédentes. Le blocage de la ville par la voie Mathis est donc levé et la fête devrait commencer le 16 décembre. 

Mais en attendant, reste une situation aussi compliquée pour les enfants. Être forains, c'est une profession qui se transmet souvent de génération en génération. C’est aussi un mode de vie itinérant. Pour ces familles, comme pour tous les parents, l’instruction des enfants est importante.

Problème, depuis l’arrivée des forains en début de semaine dernière, une dizaine d’enfants, de la maternelle au primaire, fait les frais des tensions entre la mairie de Nice et leurs parents. Pas d’école pour un certain nombre d’entre eux.

Contactée, l’Inspection académique explique que l’inscription des enfants du 1er degré relève exclusivement de la responsabilité du maire. 

Selon les dispositions de la circulaire 91-220 du 30 juillet 1991,"même si la famille ne peut pas, lors de la demande d’inscription, présenter un ou plusieurs des documents nécessaires, l’élève doit bénéficier d’une admission provisoire, dans l’attente de la présentation, dans les plus brefs délais, des documents qui permettent d’effectuer son inscription."

Selon une autre circulaire, de 2012 celle-ci, même dans les campements organisés sans droit ni titre, les services académiques doivent s'engager aux côtés du préfet dans le respect du principe de l'obligation scolaire. 

Des enfants en attente de scolarisation

Jordan Normand a des stands de peluches à gagner. Il arrive de Soissons dans le département de l'Aisne, et repartira ensuite pour Menton et Nancy. Sa petite fille a 3 ans et c’est un papa inquiet : « En temps normal, avant d'arriver quelque part, on appelle la mairie qui nous signale les écoles possibles pour accueillir nos petits. Elle nous fournit un document justificatif de domicile mentionnant qu’on occupe un emplacement dans la commune durant une période de foire donnée."

Mais cette fois, selon lui, "vu les conditions de notre arrivée à Nice, la mairie est aux abonnés absents pour nos enfants. Avec les tensions sur notre emplacement commercial, la question de l’école est loin d’être sa priorité. Téléphone, mails courriers… Depuis que nous sommes arrivés, c'est silence radio."

Devant cette situation, les familles de forains se sont tournées vers les écoles privées et ont contacté toutes celles susceptibles d’accueillir les petits, mais toujours le même retour : pas de place.

Sébastien Ciceron, le référent forain pour la foire de Nice dénonce cet autre problème : "Étant itinérant, nous avons régulièrement des inspections pour savoir si nos enfants sont bien scolarisés. Là, comme par hasard, rien ! Ma cousine a pu scolariser son enfant de 3 ans et demi à Opio parce que son père y habite et que le maire qui a fait le nécessaire en 2 heures. Quand il y a une réelle volonté, il n’y a pas de problème, même si la petite se réveille tôt pour être emmenée jusqu'à là-bas le matin. Pour nos collègues de Lille, Rouen, Mulhouse en revanche, il n’y a toujours pas de solution pour leurs enfants. » 

Quand on lui parle d’études, Sébastien Ciceron est très direct : « Moi, j’ai mon BAC. Je suis parfois resté un long moment dans un même établissement mais j’ai aussi fait de nombreuses écoles en fonction des déplacements inhérents à notre métier de forain. J’ai trois enfants et ils ont eu un cursus scolaire normal, surtout via le CNED, mais c'est toujours très compliqué. Entre le fait de transmettre notre métier et la scolarité et il y a parfois des choix à faire… » 

Des familles ont choisi d'expédier les enfants chez les grands-parents afin de les sortir de cette ambiance de polémique. Un enfant a été accepté dans une école du quartier des Moulins. Il en reste encore six qui n’ont, pour le moment, aucune possibilité d’être intégrés dans un cursus scolaire avant les vacances de Noël. 

Une solution qui ne satisfait pas encore

Contactée, la mairie, par la voie de son service de communication, nous indique que : "les enfants seront bien accueillis dans les écoles comme chaque année. Les forains doivent donner le nom de l'école et les informations concernant les enfants et la ville met en place les inscriptions en lien avec les inspecteurs de l'Éducation nationale."

Reste un problème majeur : lorsque les forains, téléphonent à la mairie, on leur répond, de produire un document pour permettre l'admission des enfants à l'école. Ce papier doit expliquer qu'ils squattent le terrain qu'ils occupent actuellement, terrain occupé avec l'accord de la mairie et de la police, cette année, comme chaque année à la même période et payé par les familles, factures à l'appui.

Une famille qui a scolarisé son enfant aujourd'hui a signé ce type de document. "Chacun est libre d'agir à sa convenance, mais la majorité d'entre nous n'admettrons pas ce qui est inadmissible" martèle Jordan Normand.

Suite à l'accord quant au terrain choisi pour cette 107ᵉ fête, les forains aimeraient trouver un terrain viable pour les prochaines années.
 

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