Un groupe d'étudiants de Sciences Po Menton avait prévu d'organiser une manifestation de soutien à la Palestine lors du match qui opposera l'OGC Nice à l'équipe de Tel Aviv ce 25 août. Plusieurs hommes politiques azuréens avaient exprimé leur désaccord, craignant des débordements.
"Les événements comme celui-ci ont un objectif clair : le blanchiment de l'Etat d'Israël, la normalisation d'un état génocide. Nous voulions organiser cette manifestation pour dénoncer la confrontation contre une équipe qui représente un état apartheid, et sensibiliser sur la situation du peuple palestinien à l'occasion du jeu", a expliqué le groupe d'étudiants de Sciences Po Menton "Sciences Palestine".
Ce jeudi 25 août au soir, le match retour de Ligue Europa Conférence opposera les Aiglons de l'OGC Nice au Maccabi de Tel Aviv. L'association pro-Palestine de Sciences Po Menton avait décidé de s'opposer à cette rencontre en organisant une manifestation pacifique aux abords du stade. La mobilisation devait réunir une trentaine de participants.
Les étudiants ont finalement décidé d'annuler la mobilisation face "aux fortes menaces que l'on a reçues". "On a reçu des menaces de notre propre administration (Sciences Po) qui nous a indirectement obligés à ne pas faire cette manifestation en nous disant que, si ce n'était pas le cas, les 48 associations de Sciences Po seraient toutes pénalisées", a indiqué le groupe d'étudiants.
"On a également reçu des menaces de supporters de l'OGC Nice et des habitants de Menton, et pour cela, on pense que notre sécurité ne serait pas assurée si on décidait d'y aller", a ajouté Sciences Palestine.
Opposition des élus
Informés par le quotidien Nice-Matin, des élus azuréens s'étaient fermement opposés à ce projet.
"Les manifestations anti-israéliennes à l’occasion du match OGC Nice-Maccabi Tel Aviv doivent être interdites", avait indiqué Christian Estrosi, le maire (Horizons) de Nice sur Twitter.
Eric Ciotti, député (LR) des Alpes-Maritimes, lui a emboîté le pas en considérant que la manifestation entraînerait des "risques majeurs pour la sécurité". Il a déclaré avoir saisi le préfet des Alpes-Maritimes.
Le maire de Menton, Yves Juhel a aussi marqué sa ferme opposition à cette mobilisation dont il a, lui aussi, appris l'existence par la presse.
J’ai immédiatement contacté la directrice de l’établissement pour lui demander d’intervenir auprès des organisateurs afin qu’ils renoncent à cette action qu’ils qualifient de "pacifique". Ce n’est ni le lieu, ni le moment, ni l’idée que je me fais du dialogue entre les peuples
Yves Juhel, maire LR de Menton.
Réaction de Sciences Po
Contactée, Yasmina Touaibia, directrice du campus de Sciences Po Menton - rattaché à Sciences Po Paris - assure qu'il n'est pas dans son pouvoir d'empêcher une manifestation organisée par ses étudiants.
"En revanche, j'ai convoqué les étudiants quand je l'ai appris dans la presse. Je ne leur ai pas demandé d'annuler la manifestation mais je les ai alertés sur le fait, qu'en France, on n'organise pas une manifestation sans prévenir les autorités, ce qu'ils n'avaient pas fait. Je leur ai expliqué qu'ils étaient dans l'illégalité et risquaient des poursuites légales", explique Yasmina Touaibia.
La direction du prestigieux établissement n'a pas non plus apprécié que le nom de Sciences Po soit associé à ce type d'initiative, sans que la direction ait été consultée. "On ne peut pas utiliser la marque Sciences Po sans en référer à l'institution. C'est dans une certaine mesure une usurpation donc je les ai prévenus qu'ils pourraient y avoir des poursuites disciplinaires s'il y avait des débordements lors de la manifestation", poursuit la directrice du campus.
Les étudiants se disent étonnés par la réaction de la direction de Sciences Po :
Le fait que la direction de notre campus ait soutenu des manifestations non déclarées par le passé, comme celle contre Zemmour, mais pas celle-ci en solidarité avec la Palestine, fait réfléchir
les initiateurs de la manifestation.
Ils prévoient d'organiser une action de protestation pacifique, sur le campus, dans les prochains jours pour "faire savoir à l'administration et à la Mairie de Menton, que, même s'ils essaient de nous réduire au silence, ils ne pourront pas".