Opération coup de poing dans le milieu très feutré de l’Opéra de Nice. Les artistes demandent des revalorisations de salaires alors que la refonte des règlements intérieurs est en cours.
Les spectateurs ont dû patienter une heure.
Une longue heure avant d'assister à la première de la "Sonnambula" à l'Opéra de Nice.
Un conflit social, c'est exceptionnel dans cette maison peu habituée aux conflits sociaux.
Jeudi 3 novembre, les personnels ont décidé de prendre la parole devant le public et de retarder le début de la représentation d’une heure.
"Ballet, chœur et orchestre sont les moins bien rémunérés de France", affirment les artistes.
Cette prise de parole a été faite à 6 voix. Chaque corps artistique a tenu à s'exprimer.
L'heure de débrayage a permis aux artistes et à des membres de l’administration d’échanger avec le public.
Le public s'est montré compréhensif et a applaudi les discours.
Salaires gelés depuis des années
Le personnel veut faire comprendre à la municipalité qu'il est urgent de satisfaire les revendications salariales et de réformer les règlements intérieurs de chaque corps.
Les artistes demandent prioritairement une revalorisation de leurs rémunérations car leurs salaires sont gelés depuis des dizaines d'années.
Stéphane Marianetti, choriste à l’Orchestre Philharmonique de Nice ne gagne que 2000 euros net par mois après 30 ans de carrière. Il explique :
Nos salaires des chœurs ainsi que la plupart des corps artistiques de l’Opéra n’ont pas été revalorisés depuis pratiquement 30 ans, les salaires sont plafonnés très rapidement dans notre carrière et donc c’est très difficile de pouvoir vivre dans une ville aussi chère que Nice.
Stéphane Marianetti, choriste à l’Orchestre Philharmonique de Nice
Selon la CGT, en comparaison avec les orchestres, chœurs et compagnies de danse de même nature en France, leurs rémunérations seraient inférieures de 20 %.
Pour montrer dans quelles conditions ils travaillent, les musiciens ont filmé l'envers du décor.
Ils montrent un foyer, une salle avec du mobilier vétuste et pas de séparation hommes femmes dans le vestiaire commun.
Violaine Darmon, violon solo à l’orchestre Philharmonique de Nice, évoque la candidature de la ville de Nice, comme capitale culturelle européenne :
Ce serait une très bonne nouvelle à condition que les moyens puissent suivre parce que pour l’instant tout le monde se regarde dans le blanc des yeux en se demandant comment on peut candidater dans ces conditions-là !
Violaine Darmon, violon solo à l’orchestre Philharmonique de Nice
De son côté, la Ville de Nice affirme travailler à la refonte des règlements intérieurs de l’Orchestre, du Ballet et du Chœur et des techniciens, ainsi qu’à l’étude de leurs conditions de rémunérations et de travail depuis plusieurs mois.
Des réunions se sont tenues le 26, le 27 octobre et le 3 novembre.
La Ville de Nice regrette ce mouvement salarial et tient à apporter des précisions via un communiqué de presse :
- La ville n’a pas retiré 300.000 euros au budget de l’Opéra
- Le budget de la masse salariale des agents de l’Opéra est similaire à l’année précédente, soit 18,6 millions d’euros.
- Les auditions de danseurs ont été reportées pour tenir compte des avancées des règlements intérieurs.
Autre argument apporté par la mairie, la Chambre régionale des comptes écrivait dans son rapport en 2016 : « L'Opéra est du même ordre de grandeur que des formations très prestigieuses (...) Scala de Milan, opéra de Covent Garden à Londres, Met Opera de New York et compte 20 ou 30 musiciens de plus que des opéras tels que ceux de Munich, Bruxelles ou Barcelone. (...) Les salaires sont en moyenne plus élevés à Nice que dans les autres opéras ».
Les prochaines réunions de refonte des règlements interviendront courant du mois de novembre pour l’Orchestre et pour le Chœur.
L'occasion de dénouer cet imbroglio qui intervient au début de la saison de l'Opéra.