Quatre solistes, et 135 écoliers niçois sur scène. Babel est un opéra participatif qui vise à sensibiliser le public au sort de la planète. Six représentations du 21 au 30 juin, et un parrain enchanté par le projet : Yann Arthus-Bertrand.
Il y a du monde, sur la scène de la Diacosmie de l'opéra de Nice. Ce jour-là, c'est répétition générale de Babel.
Pour la première fois, les musiciens -percussionnistes et pianistes de l'opéra et du conservatoire-, le chef d'orchestre, les quatre solistes, la metteuse en scène et les 135 écoliers impliqués dans le projet se retrouvent pour mettre en commun leur travail.
Voir l'émission PointCult' :
Dans les couloirs, le brouhaha d'une cour d'école, mais dès que les enfants sont en scène, c'est silence et concentration totale.
Magali Thomas, à la fois auteure du livret et metteuse en scène, et Sergio Monterisi, compositeur et chef d'orchestre, travaillent depuis 10 mois dans les établissements avec ces élèves de CM1 et CM2 pour leur apprendre à chanter, danser, jouer la comédie. C'est la dernière ligne droite avant la première représentation : toute la semaine, jusqu'à cinq heures de répétition par jour. Sont-ils faciles à diriger ? "Non !" nous répond tout de go Sergio Monterisi. "Rien n'est facile".
L'énergie, l'enthousiasme, la passion, les enfants l'ont. Il faut leur transmettre toute la discipline artistique, la concentration. Ce n'est pas facile pour des enfants de huit ans. Il leur faut tout donner !
Sergio Monterisi, compositeur et chef d'orchestre
Aucun des enfants n'a passé d'audition pour participer à cet opéra. Les classes ont été sélectionnées en collaboration avec l'Education Nationale et la Ville de Nice, dans des secteurs où une telle action culturelle était jugée la plus bénéfique. "On a tendance à monter des spectacles POUR les enfants", nous explique le chef d'orchestre. "Avec Magali, on se dit que le plus efficace, c'est de mettre les enfants AU CENTRE de la création. S'ils sont les acteurs de notre opéra, ils se l'approprient et cela devient leur message, leur parcours artistique."
L'important c'est de leur offrir un accès direct à l'art, pour qu'ils soient toujours ouverts à la beauté.
Sergio Monterisi
Un voyage initiatique pour réconcilier la Terre et l'humain
Et Babel dans tout ça ? Quel rapport entre ce spectacle et l'histoire de cette tour qui, selon la Bible, a été érigée par l'homme, par orgueil, pour toucher le ciel ?
On est entrain de vivre une époque où le symbole de Babel est de plus en plus fort : on surconsomme, on a envie de prendre le pouvoir. Certains se rendent compte que la planète ne pourra pas supporter ça. Dans notre spectacle, avec les enfants de Babel, on veut revenir à l'avant-Babel, l'avant-orgueil, l'avant-consommation. On rêve peut-être, mais qui ne rêve pas n'arrive à rien !
Magali Thomas, auteure et metteuse en scène
Voilà donc l'histoire d'une petite fille, qui, un peu à l'image d'une Greta Thunberg, va entendre Magma, le coeur de la planète, fatigué, en train de s'éteindre. Son message : les enfants sont les seuls à pouvoir sauver la planète. Leur mission : réconcilier les éléments, retrouver le langage universel pour se comprendre, et la planète sera sauve.
Yann Arthus-Bertrand, parrain de Babel
Rencontré au hasard d'un Festival de Cannes, le photographe Yann Arthus-Bertrand, qui a fait de la sauvegarde de la planète le combat de sa vie, a adoré le projet de Magali Thomas et Sergio Monterisi.
Aujourd'hui parrain de l'opéra Babel, ce sont ses images qui en constituent le décor. Les enfants, qu'il a filmés en répétition dans le cadre de son prochain film "France, une histoire d'amour", l'ont boulversé :
J'ai été toute ma vie à la recherche de la beauté du monde. J'ai été à la recherche des plus belles forêts, des déserts, des animaux. Et en fin de compte, la beauté c'est quoi ? C'est les gens qui font, qui donnent, qui partagent. Cette beauté s'appelle l'amour. Et j'ai vu tant d'amour dans ces répétitions ! Ca m'a transpercé le cœur.
Yann Arthus-Bertrand, parrain de l'opéra Babel
Le projet Babel et l'implication des enfants a conforté le président de la Fondation GoodPlanet dans son optimisme : "On peut tous croire qu'on peut changer le monde. Et on va le faire !"
Quatre solistes bluffés par les enfants
Accompagnés par des musiciens de l'opéra et de différents conservatoires de la région, les enfants donnent également la réplique à quatre solistes professionnels dans le rôle des Eléments. La mezzo Noelia Ibanez (Gaïa), la soprano Rachel Duckett (Feu et Eau), le ténor Raphaël Jardin (Air), Magali Thomas, elle-même mezzo (Magma) et Halidou Nombre. Le baryton, qui prête sa voix à Ozone et à la Terre, semble prendre un grand plaisir à travailler et jouer avec ses partenaires de huit ans.
Sont-ils débutants ? "Non!" nous répond le baryton. "Ca fait des mois qu'ils travaillent, ils sont déjà confirmés !"
Ce sont d'excellents partenaires de jeu ! Les enfants ont du répondant, des propositions. On s'amuse sur scène avec eux. C'est une voix collective, avec un message collectif qui porte.
Halidou Nombre, soliste
Et eux, qu'ont-ils appris au cours de cette aventure ?
La confiance en soi ! Avant je n'aimais pas être en public...
Maël
J'ai appris que si on fait des erreurs, ce n'est pas grave !
Inès
J'ai appris que j'avais une voix cachée. A la base je n'aime pas ma voix. Mais là, chanter devant tellement de monde, la faire découvrir, c'est merveilleux pour moi !
Océane
L'opéra Babel sera en représentation du 21 au 30 juin. Avec deux représentations ouvertes au grand public : le 22 juin sur la Deuxième scène de la Diacosmie, et le 30 juin sur la scène de l'Opéra de Nice. Pour 5 euros seulement, venez découvrir l'univers et le message des enfants de Babel.
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Une émission présentée par Jacqueline Pozzi à voir aussi ce samedi 18 juin à 19h15 sur France 3 Côte d'Azur.