Ne détruisez pas les nids d'hirondelles, c'est interdit

Un habitant de Puget-Théniers a été contraint par la police de l'environnement à déboucher les nids d'hirondelles qu'il avait obtrués. La destruction des nids est passible d'un an de prison et 15 000 € d’amende. Le prix à payer pour qu'elles continuent à annoncer le printemps.

Du papier journal, en boule, introduit dans chaque nid. C'est le moyen qu'avait trouvé cet habitant de Puget-Théniers pour se débarasser des hirondelles de retour sous son toit à la faveur du printemps. Spectacle réjouissant pour certains, mais cause pour lui de nuisances, bruit et... fientes sur le pas de sa porte.

Alertée par la mairie, la Ligue pour la Protection des Oiseaux a aussitôt averti l'Office Français pour la Biodiversité qui dispose d'un pouvoir de police en la matière. Car les hirondelles qui vivent à Puget-Théniers sont des hirondelles de fenêtre, inscrites sur la liste rouge nationale des espèces nicheuses avec le statut « espèce quasi menacée » depuis 2016. La destruction ou la dégradation de leurs nids est punie par le code de l'environnement.
 


"Dans un premier temps, contact est toujours pris avec les auteurs de l'infraction, qui ne savent pas toujours que ce qu'ils ont fait est interdit", explique Cécile Lemarchand, naturaliste à la LPO PACA.

A Puget-Théniers, l'agent de l'OFB a dû contraindre le contrevenant à déboucher devant lui les nids sous son toit...

Un cas loin d'être isolé

La dégradation et la destruction des nids d'hirondelles sont malheureusement des actes réguliers.

déplore Cécile Lemarchand.

Lorsque le nid est cassé, les conséquences sont graves, car l'hirondelle ne revient pas d'une année sur l'autre.

Ce n'est pas la seule cause, mais cela participe au déclin des hirondelles.

En France, les populations d’hirondelles de fenêtre et d’hirondelles rustiques ont chuté de 30 à 40% durant ces trente dernières années. Plusieurs causes à cela :

  • D'abord l’usage intensif de pesticides (les hirondelles sont insectivores).
  • Le remembrement. Il les a privées de zones naturelles riches en insectes.
  • Les nouvelles méthodes de construction offrent moins d'anfractuosité, et donc de sites possibles pour la nidification.
  • Enfin les destructions de nids existants, où les hirondelles reviennent d'une année sur l'autre.

A Puget-Théniers, entre 2011 et 2019 , la LPO a constaté que la proportion de nids détruits a fortement augmenté, passant de 7 %
à 46 % avec un total de 200 nids détruits.
 

144 nids d'hirondelles occupés à Puget-Théniers

La commune de Puget-Théniers est à la fois un site de prédilection des hirondelles, et un site d'étude de l'espèce.

Chaque année de nombreuses hirondelles, de retour d’Afrique, y reviennent. Une belle population de plusieurs centaines d'oiseaux est installée sur la commune. Ils utilisent la boue du Var pour construire leurs nids sous les génoises, et trouvent dans les milieux naturels alentours les insectes nécessaires pour se nourrir.

C'est donc tout naturellement que le village a fait partie des 146 communes prospectées en PACA par la LPO en 2019 dans le cadre de son plan d'action en faveur des hirondelles et des martinets.
 

Toutes les rues du village ont été inspectées méthodiquement à la fin du mois de juin 2019, notamment par des collégiens de la commune qui ont participé à cette opération de comptage. Tous les nids ont été répertoriés : nids en construction, les nids occupés par une autre espèce, les nids vides en état, les nids endommagés, les nids détruits.

Dans la commune, 144 nids occupés ont été alors dénombrés, contre 76 en 2004. C'est presque deux fois plus, mais l'augmentation est peut-être aussi dûe à l'effort de prospection mené en 2019.

En revanche, chiffres plus inquiétants, entre 2011 et 2019 la proportion de nids occupés par rapport à l'ensemble des nids est tombée de 74 à 32 %.

Des solutions existent pourtant pour cohabiter avec les hirondelles


précise Cécile Lemarchand.

Tout d'abord, si l'on doit réaliser des travaux qui dérangeraient les oiseaux nicheurs, ils doivent être planifiés en-dehors de la saison de
nidification, soit d’avril à fin août. Et soyez patients, même si les jeunes savent voler, ils ont encore besoin du nid chaque soir pour passer la nuit.

Si vous êtes contraint de détruire les nids, vous devez remplir un formulaire auprès de la DREAL pour demander une dérogation pour la destruction de nids d’espèces protégées.

Pour simplement contrer les désagréments liés à la présence d'hirondelles, et notamment les fientes, il existe des parades, comme ces planchettes à installer sous les nids. Ils empêcheront en même temps les petits de tomber.

La LPO vous invite à contacter son antenne locale, elle vous donnera des conseils utiles. L'association est forcément présente prêt de chez vous :
 
Concernant cet habitant de Puget-Théniers a priori hostile aux hirondelles, la LPO a promis de le recontacter pour trouver des solutions pratiques, et lui permettre de vivre en bonne intelligence avec elles.
 
Hirondelles et martinets : comment les reconnaitre
Il existe de nombreuses espèces d'hirondelles et de martinets, elles sont toutes protégées. Voici celles qu'il est le plus facile d'observer dans notre région, telles que décrites par la LPO :
 
  • L'hirondelle de fenêtre
Claire par dessous 1 et sombre par dessus 2, cette hirondelle est surtout reconnaissable à sa tache blanche à la base de la queue 3. Elle a la gorge blanche 4. Elle bâtit un nid fermé muni d'un petit orifice. Il est construit en boulettes de terre à l'extérieur des bâtiments à l'abri sous les corniches, génoises, balcons ou autres débordements architecturaux.
 
  • L'hirondelle rustique
Anciennement appelée Hirondelle de cheminée, cette habitante des campagnes se reconnaît surtout à sa queue très échancrée, bordée de deux longs filets j. Sa tête est sombre et, de près, on peut admirer sa gorge de couleur rouge brique k. Le dessus est entièrement sombre, sans tache blanche l. Son nid en demi-coupe ouvert sur le dessus est fait de boulettes de terre et de brindilles. On la trouve principalement à l'intérieur des bâtiments agricoles, surtout les étables et les écuries, mais aussi les garages.
 
  • Le martinet noir
Le martinet n'est pas une hirondelle malgré une silhouette et des habitudes similaires. Il est entièrement sombre avec un corps en forme de cigare et deux grandes ailes en forme de faux. Ce vrai citadin se montre rarement de près. C'est lui qui fend l'air des soirées d'été en poussant des cris stridents. Ce n'est pas un bâtisseur : il se contente pour nicher de cavités, souvent exiguës mais toujours haut perchées, qu'il trouve sous les combles, sous une tuile de toit, une anfractuosité dans un mur...

Hirondelles de rochers, de rivage, rousseline, martinets pâle et à ventre blanc vivent aussi en PACA.

On peut retrouver les populations d'hirondelles dans toute la région sur l'atlas en ligne des oiseaux nicheurs sur www.faune-paca.org, grâce aux informations fournies à la LPO PACA. L'association invite d'ailleurs tous les volontaires à participer, en signalant les observations d'oiseaux.
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