Dans un rapport, publié ce lundi 9 octobre, la Société française de néonatologie alerte sur l'inégale répartition des lits de réanimation néonatale sur le territoire français. La région PACA se trouve en dernière position.
La Société française de néonatologie (SFN) établit un constat préoccupant sur l'état de la prise en charge des nouveau-nés vulnérables ou malades : un taux d'occupation anormalement élevé des lits de réanimation néonatale et une répartition inégale de ces lits en France métropolitaine. C'est la première fois que cette association d'experts compile des données sur cette spécialité médicale.
Jean-Christophe Rozé, président de la SFN et professeur au CHU de Nantes explique que "pour bien fonctionner, il faut au minimum un lit pour 1 000 naissances". Mais le nombre de lits varie du simple au double selon la région. Lorsque le Grand Est fait bonne figure avec 1,28 lit, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, elle, voit rouge avec seulement 0,6 lit.
Le rapport indique que "l'offre de soins critiques néotals reste insuffisante malgré la baisse récente de la natalité". Des précisions préoccupantes "d''autant que l’on observe des fermetures de lits par manque de personnel qui représentaient en moyenne 5% des lits de soins critiques en juin 2023".
Le taux d'occupation élevé des lits de réanimation, supérieur à 100%, environ 20% du temps, s'explique en partie par "le recul des limites d’âge gestationnel pour la prise en charge de l’extrême prématurité, et le nombre croissant de grossesses poursuivies alors que le fœtus est atteint d’une malformation grave et incurable". Une situation que dénonce Jean-Christophe Rozé : "Et pendant ce temps, nous réanimons des bébés dans les couloirs".
Une hausse de la mortalité infantile
L'étude se penche sur deux autres points fondamentaux : le temps de travail des soignants et la mortalité infantile.
80% des pédiatres néonatologistes, sur les 721 interrogés, déclarent travailler plus de 50 heures par semaine et 13% plus de 75 heures. Près de la moitié des médecins affirment avoir déjà eu des troubles du sommeil en lien avec leur travail, et 17% ont vécu un épisode de burn-out ou de dépression. Les conséquences sont alarmantes : "au moins un poste de pédiatre néonatologiste est vacant dans 73% des services et deux ou plus sont vacants dans 46% des services."
Depuis 2012, la mortalité infantile est en hausse.
Pourtant, entre 1996 et 2000, la France se trouvait à la troisième position des pays à la mortalité infantile la plus faible d’Europe, elle se positionne aujourd'hui à la vingtième place. "Il est frappant de voir que certains pays vont dans la bonne direction, comme la Suède, alors que d'autres se dirigent dans la mauvaise, comme la France", regrette le professeur au CHU de Nantes. "On a 1 000 enfants de moins d'un an qui meurent en plus, par rapport aux pays comme la Suède et la Norvège. Parmi eux, environ 700 ont moins d'un mois".
La cause : l'excès de mortalité néonatale. "Le premier mois de vie concentre 74% des décès (et la première semaine de vie 47,8 %). Cette concentration des décès dans les 28 premiers jours de la vie s’accentue", relève le rapport.