Une dizaine d’hommes isolés demandeurs d’asile se sont installés au port de Nice depuis quelques mois. Sans solution de logement, ils côtoient touristes et baigneurs sur la digue. Les associations prennent tout juste connaissance de leur situation.
Osas Oio s’est installé sur les blocs de bétons de la digue du port de Nice voilà six mois. Ce Nigérian demandeur d’asile peut bénéficier d’une place dans un hébergement d’accueil. Mais le dispositif est en grande tension d’après la préfecture, et les 1500 places disponibles à Nice sont réservées en priorité aux femmes, aux enfants et aux publics les plus vulnérables.
Lui est jeune, seul et en bonne santé. « Si vous n’avez pas de femme, ni d’enfants, rien, ils s’en foutent de vous », explique-t-il.
"Je fais la manche, je ne peux pas le nier"
Quelques tentes font face à la mer. Des matelas sont posés entre les blocs de bétons recouverts de vêtements. Osas Oio allume un petit feu pour préparer son repas. Une casserole, une poêle dans son petit sac en plastique, quelques affaires de première nécessité. « Je n’ai pas de maison, ici de l’huile, du sel, détaille-t-il. Des fois je n’ai pas d’argent pour manger, je fais la manche, je ne peux pas le nier. Je demande deux ou trois euros ; c’est comme ça que je vis ma vie. »Christine Poupon est bénévole à Amnesty International à Nice. Elle est en charge de l’accueil des demandeurs d’asile. Ces hommes à la rue, sans aucune solution, elle en connait beaucoup.
Pendant toute la période où ils sont dans l’attente d’une décision, ils sont en parfaite régularité sur le territoire. Mais pour les jeunes hommes célibataires, je n’en ai jamais vu aucun qui ait été hébergé.
"Médecin du monde n’avait jamais été informé de ce campement"
Les services de l’Etat ont été alertés de la situation voilà une dizaine de jours. Une première évaluation sanitaire et sociale des occupants du camp a été effectuée. Aucun problème de santé n’a été identifié et la Croix-Rouge Française en charge des maraudes a été alertée pour fournir si besoin du matériel de première nécessité (couverture, mouchoir, kits d’hygiène…).Les associations découvrent à peine le campement. « Je ne les ai jamais vu. Je ne peux pas vous dire plus. Médecins du monde n’avait jamais été informé de ce campement. Par contre la maintenant qu’on le sait, on va tacher de faire le nécessaire », confie Agnès Gillino Coordinatrice Générale Médecins du monde à Nice.
La préfecture assure qu’un « examen des situations des personnes qui ont été recensées sur le site du port de Nice est en cours (…) un suivi attentif de la situation sanitaire et sociale des personnes concernées est assuré par le réseau associatif en charge des publics en précarité ».