Depuis trois jours, les avocats de parties civiles défilent à la barre pour délivrer leurs plaidoiries. Ce vendredi 25 novembre, une avocate a rendu hommage à une consœur niçoise décédée le soir du 14 juillet 2016.
Chez les avocats de parties civiles, chacun choisit un camp pour plaider devant la cour d'assises spécialement composée pour le procès de l'attentat de Nice. Certains déclament une plaidoirie basée sur les faits de l'enquête, interpellent les accusés et soulèvent chaque incertitude qui met en évidence une certaine culpabilité selon eux. D'autres, comme ceux qui ont plaidé ce vendredi 25 novembre, préfèrent se concentrer sur les victimes et leur vécu pour rappeler à la cour, qui a déjà entendu les parties civiles pendant cinq semaines pendant le procès, leurs souffrances et leur colère.
Les victimes psychologiques
Les victimes psychologiques, très nombreuses et pourtant si peu visibles, ont été mise à l'honneur lors des plaidoiries de plusieurs avocats, ce vendredi dans la matinée. Maître Martin a rappelé que le statut de victime psychologique datait des années 1980, notamment avec la définition du syndrome post-traumatique (souvent raccourci en "PTSD"). Pourtant, "les victimes psychologiques ont encore du mal, même en 2022, à être considérées comme victimes", déclare l'avocate.
Certaines victimes ont témoigné à cette barre des propos de leurs proches qui leur disaient : "Tu n’as perdu personne, tu n’as pas été blessé, tu peux tourner la page maintenant..." Des paroles qui les ont parfois fait plonger encore plus profondément dans leur malheur.
Elles ont parfois - souvent - parlé de leur sentiment d'illégitimité lorsqu'elles ont déposé à la barre. "Pourtant, elles ont eu toute leur place et leur légitimé dans ce procès", répond Maître Martin. Mais les reviviscences, l'évitement, l'hypervigilance, sont autant de symptômes qui font bien d'elles des victimes de cet attentat, comme l'a rappelé Maître Kamagne à la cour. "La justice est faite avant tout pour les victimes", note-t-elle.
Une victime disait "le 14 juillet 2016 est la définition même de l’injustice", j’ajouterai que ce procès doit être la définition même de la justice.
Maître Kamagne, avocate de parties civiles
Hommage à une avocate niçoise, victime de l'attentat
Lors de sa plaidoirie, Maître Nina Trombetta a rendu hommage à une avocate niçoise décédée le soir du 14 juillet 2016, sur la Promenade des Anglais. Myriam Bellazouz avait 29 ans. Nina Trombetta l'avait connue "sur les bancs de la faculté de droit à Nice" et le soir du 14 juillet, elle est la seule qui n'a pas répondu à ses messages inquiets.
"Pour elle, comme pour le long cortège des disparus et des meurtris, nous attendons maintenant votre délibéré", déclare Nina Trombetta à la cour d'assises.
Nous le recevrons comme la première rédemption pour tous ces corps disloqués, comme le premier rachat pour la chair défaite de tous ces morts qui avaient tant à vivre, comme la première délivrance pour les vies en miettes de tous ces vivants qui ne peuvent plus ouvrir les yeux sur une nuit d’été.
Nina Trombetta, avocate de parties civiles
La plaidoirie collective continuera lundi 28 et mardi 29 novembre avant de laisser la place aux plaidoiries individuelles jusqu'au jeudi 1er décembre.