Depuis le début du procès, la question du prélèvement des organes sur les victimes de l'attentat de Nice est revenue régulièrement dans les débats. Ce jeudi, le président de la cour a rendu cinq arrêts ordonnant aux institutions qui les détiennent de rendre les organes prélevés aux proches des victimes.
C'est sans aucun doute un grand soulagement pour ces cinq familles concernées. Ce jeudi 24 novembre, dans l'après-midi, Laurent Raviot, président de la cour d'assises spéciale au procès de l'attentat de Nice, a rendu des arrêts permettant à cinq familles de victimes de récupérer les organes qui avaient été prélevés sur leur proche.
Certaines personnes ont découvert pendant l'audience que des prélèvements importants d'organes avaient été effectués sur les victimes par l'institut médico-légal de Nice. D'autres, comme les parents d'Amie, s'en étaient rendus compte deux ans après l'attentat, car aucune institution ne les a jamais mis officiellement au courant.
Ces prélèvements ont été effectués dans l'hypothèse où ils auraient pu aider l'enquête, comme l'a expliqué au début du procès Gérald Quatrehomme, médecin légiste en charge de l'institut médico-légal à la suite de l'attentat de Nice.
Toutefois, l'avocate de parties civiles Virginie Leroy avait souligné lors de son passage à la barre que ces prélèvements d'organes semblaient abusifs. En effet, les enquêteurs n'en avaient pas fait la demande et le nombre d'organes prélevés sur chaque personne est très élevé.
Des prélèvements comme "une marche arrière dans le deuil"
Le 14 septembre, elle avait énuméré tous les organes prélevés sur une petite fille de six ans, donnant ainsi l'impression, pour qui ne s'y connait pas forcément très bien anatomie humaine, qu'il s'agissait là de l'ensemble des organes du corps humain.
François Molins, procureur de la République au moments des faits, a aussi été interrogé sur ce point lors de son témoignage le 10 octobre dernier. Il a admis que l'institut médico-légal de Nice avait fait preuve "d'excès de zèle" et que ces prélèvements, en nombre, d'organes entiers ne se "justifiaient pas" selon lui.
Grâce aux arrêts délivrés ce jeudi 24 novembre par la cour d'assises spécialement composée, cinq familles vont pouvoir demander à ce que leur soit restituer les organes de leur proche et les inhumer ou les incinérer selon leur choix. Une démarche qui permet de rétablir les rites funéraires des familles endeuillées.
"Il y a le côté symbolique des obsèques et d'un coup on apprend une nouvelle qui défait les obsèques, qui fait faire une marche arrière dans le deuil et ces arrêts peuvent rétablir cela", réagit Thierry Vimal, père d'une victime qui a subi une autopsie et dont de nombreux organes ont été prélevés.
Les parents de Yanis, en 2019, et d'Amie, en 2018, avaient déjà formulé une demande de restitution d'organes avant le procès. Au total, quatorze victimes ont été autopsiées après l'attentat du 14 juillet.