Le procès du commanditaire présumé d'un vol de quatre tableaux de maîtres au musée des Beaux-Arts de Nice a donné lieu hier devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône au récit de l'infiltration des policiers ayant permis de récupérer les toiles.
Appelé comme témoin à la barre, le commandant Marc Ferrarone, patron du SIAT (Service interministériel d'assistance technique, qui gère les agents infiltrés) a raconté comment les voleurs et receleurs ont été appâtés par un agent infiltré français, surnommé Bernie, "présenté comme un expert en matière d'art, d'origine suisse, et représentant des narco-trafiquants" proches de l'accusé Bernard Ternus, avec lequel il a déjà établi des contacts à Miami sans savoir qu'il s'agissait d'infiltrés américains, souhaitant blanchir l'argent de la drogue en acquérant des tableaux.
Le 1er coup de fil des voleurs à "Bernie" a eu lieu le 10 mai 2008, et le 1er rendez-vous le 16 mai, sur une station-service de l'autoroute A55, près de Marseille.
2 des 5 membres de l'équipe de voleurs condamnée en décembre 2011 à des peines de 2 à 9 ans de prisons conduisent alors "Bernie" dans un studio de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), où lui sont présentés deux des tableaux volés, un Sisley et un Bruegel, qu'il photographie.
Les discussions s'engagent et les malfaiteurs proposent 3 millions d'euros pour les 4 toiles de maîtres, qu'ils souhaitent vendre 2 par 2. "Bernie leur indique qu'il va réfléchir", poursuit M. Ferrarone.
Le 28 mai, lors d'un nouveau rendez-vous, l'agent infiltré négocie le prix à 2,9 millions et convainc les voleurs de les céder en une seule fois.
Puis le 4 juin, c'est le rendez-vous final de la remise des toiles, tout près d'une plage fréquentée de Marseille.
Accompagné d'un 2ème agent, Bernie demande à voir les oeuvres, cachées dans une fourgonnette, puis déclenche l'interpellation.
"Notre mission, c'était de récupérer les tableaux. En aucun cas, nous nous sommes affranchis de la loi. Jamais au grand jamais nous ne provoquons. La seule provocation, c'est celle conduisant à la révélation de l'infraction, et non à sa commission", a insisté le policier, assurant que la maîtrise du risque était un "souci permanent" et que chacune des opérations des infiltrés étaient surveillée.
Le procès de Bernard Terrus, un sexagénaire installé à Miami, qui nie être le commanditaire de ce vol et affirme avoir été manipulé par le FBI, se termine aujourd'hui.
Le butin était composé de 2 huile sur bois signés Jan Bruegel, "Allégorie de l'eau" et "Allégorie de la terre", propriétés de la ville de Nice, et de 2 tableaux provenant du musée d'Orsay où ils sont retournés depuis, "Falaises près de Dieppe" de Claude Monet et "Allée de peupliers de Moret" d'Alfred Sisley.