Le département des Alpes-Maritimes a majoritairement voté Rassemblement national pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2022. Un résultat qui dénote par rapport au résultat national. Mais une chose est certaine : le paysage politique local va devoir se recomposer.
La couleur globale du dépouillement du département des Alpes-Maritimes n’est pas vraiment une surprise : c’est du bleu qui apparaît surtout parmi les 981 bureaux de vote, mais du bleu marine.
Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, arrive en tête dans la plupart des communes, avec une moyenne départementale de 26,64% des suffrages exprimés.
Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se partagent le reste : une trentaine de communes sur les 163 que compte le département. Dans les Alpes-Maritimes, le président sortant récolte 24,99% des suffrages exprimés et le candidat de la France insoumise, 16,57%. Juste derrière, Eric Zemmour rassemble 13,99%.
Des résultats qui tranchent avec les résultats nationaux.
Cette claque pour les LR était attendue car la droitisation du programme d'Emmanuel macron était un appel du pied à ces électeurs Républicains qui avaient déjà voté aux second tour en 2017 en l'absence de Fillon. Donc, c'est simple, ils se sont économisés et l'on fait dès le 1er tour.
Christelle Lagier, politologue
La République en marche reste mobilisée
Du côté du président sortant, l’heure reste à la mobilisation. "On a gagné la première mi-temps, mais le match n'est pas terminé", assure Cédric Roussel LREM, député de la 3e circonscription des Alpes-Maritimes. Objectif : le second tour, le 24 avril prochain.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, ex-LR désormais soutien d’Emmanuel Macron, appelle "à faire barrage à Marine Le Pen et à l'extrême droite".
Nous avons un capitaine à la barre, qui a fait face à chaque tempête. Il n’y a pas à transiger, pas à tergiverser, il faut faire campagne au deuxième tour pour Emmanuel Macron
Christian Estrosi, maire de Nice ce 10 avril
Sur Twitter, Alexandra Valetta-Ardisson, la députée LREM de la 4e circonscription, assure qu’"Emmanuel Macron est le seul candidat compétent en lice, […] le seul qui depuis 5 ans protège les Français".
Même appel pour Yves Juhel, le maire (DVD) de Menton.
RN : "deux semaines pour convaincre"
Les soutiens de Marine Le Pen, arrivée deuxième de ce premier tour sur le plan national, veulent aller chercher du côté des électeurs d’Eric Zemmour, mais pas que. "AUCUNE voix ne doit manquer à Marine Le Pen", tweete Alexandra Masson, conseillère régionale RN.
Il y a deux semaines pour les convaincre. Ceux qui ont fait le choix d’Eric Zemmour auront un choix net à faire entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron et je crois qu’il y a tout dans le projet de Marine Le Pen pour aller les chercher.
Philippe Vardon, conseiller régional RN, sur BFM Azur
Pour Bryan Masson, conseiller régional, "la mission de Marine Le Pen est celle de rassembler l’ensemble des Français qui n’ont pas voté pour Emmanuel Macron et ils sont une majorité."
Déception chez LR
Le score national de Valérie Pécresse est un score historiquement bas : 5,59%.
Jusqu’à Nice, où la candidate LR a rassemblé 5,10 % des suffrages. Toutefois, à Saint-Martin-Vésubie, le fief de son soutien Eric Ciotti, elle est le deuxième choix des électeurs, avec 21,84% des voix, derrière Marine Le Pen (23,02%).
C’est "quelque chose d’inattendu, d’historique", explique Henri Migout, journaliste politique de France 3 Côte d’Azur.
Jusqu’ici, la droite républicaine, incarnée par Les Républicains, l'UMP ou le RPR, avait toujours résisté aux vagues roses. Le département était toujours resté un bastion. Aujourd’hui, c’est en train de changer et ça entraîne une recomposition très profonde du paysage politique local.
Henri Migout, journaliste à France 3 Côte d’Azur
Dans la soirée de dimanche, les premières réactions LR n’ont pas tardé. Eric Ciotti n’a pas souhaité donner de consigne de vote pour le second tour. Le président de la fédération LR des Alpes-Maritimes précise uniquement qu’il "ne soutiendr[a] pas" Emmanuel Macron.
Aucune soirée électorale n'était organisée au siège de LR à Nice ce 10 avril :
Sur les réseaux sociaux, Jean Leonetti, le maire (LR) d’Antibes, reconnaît "une lourde défaite électorale" et ne donne pas de consigne de vote.
Le maire antibois envisage déjà l’après-présidentielle : les élections législatives des 12 et 19 juin prochains. De même qu’Eric Pauget, le député (LR) de la 7e circonscription :
Je suis triste et inquiet pour mon pays et l’avenir de la France car les deux projets ne sont pas des projets qui permettront de réformer notre pays comme il en a besoin. Il faut que la droite républicaine se remobiliser pour que les élections législatives du mois de juin soient ce moment de respiration démocratique auquel les Français ont droit.
Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes, sur BFM Azur
À gauche
Parmi les représentants des partis de gauche, Laurent Lanquar-Castiel, le co-secrétaire d'EELV appelle à faire barrage à l'extrême droite : "pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen et son projet raciste et fasciste".