Le maire de Nice veut tester un système permettant de rechercher une personne en fonction de plusieurs critères comme sa tenue vestimentaire, sa corpulence, son âge ou sa taille.
La ville la plus télésurveillée de France n'a pas dit son dernier mot. Après avoir expérimenté la reconnaissance faciale, le maire Christian Estrosi se penche sur l'usage de l'intelligence artificielle (IA) à des fins de surveillance. Cette technologie n’utilise "pas de photos, de données biométriques ou d’autre dispositif non autorisé", assure t-il dans un communiqué de presse.
Développé par la société canadienne Avigilon, le logiciel permet de rechercher une personne en fonction de certains critères ou attributs dans l’image : tenue vestimentaire, données corporelles, âge, taille, sans avoir recours aux techniques de la reconnaissance faciale.
Comment ça marche ?
Concrètement, les caméras dotées de ce système d’intelligence artificielle proposent à l’opérateur les personnes ou objets qui correspondent aux critères sélectionnés. Au fur et à mesure de ces propositions, l’opérateur affine la recherche en sélectionnant les personnes ou objets correspondants.
Exploité par la police municipale, ce système permettra "un gain de temps important" et pourra être utilisé "en fonction des événements et besoins opérationnels de police comme lors d’un match de football, le carnaval ou le Nice jazz festival", a précisé l’élu.
Sur ses réseaux sociaux, Christian Estrosi précise "c'est une technologie qui a fait ses preuves" :
Dans un premier temps la ville de Nice expérimente 64 licences flottantes en fonction des évènements et besoins opérationnels.
Expériences menées sur la Côte d'Azur
À Nice, en février 2019, lors du carnaval, un logiciel israélien a permis d’identifier de supposés fichés S. Il s’agissait en réalité de volontaires figurants parmi des centaines de personnes consentantes, qui ont fourni leur photo, qui se savaient filmés et reconnus. Le rapport de la mairie comportait des lacunes pour poursuivre ce type de dispositif.
Une autre tentative a fait polémique. Il s’agissait cette fois-ci d’analyser les émotions des passagers d’un tramway, sans les identifier, afin d'anticiper les problèmes potentiels. Là aussi, l’essai n’a pas fonctionné. Des expériences qui ont été critiquées, en 2020, dans le documentaire Tous surveillés: 7 milliards de suspects, où le journaliste Sylvain Louvet, retrace les risques du déploiement massif des dispositifs de surveillance dans le monde.
À Cannes, pendant le confinement, le maire David Lisnard a voulu vérifier si la population portait bien un masque en allant au marché. Pour cela, la municipalité a fait appel à la start-up Datakalab.
"Pour plus de sécurité"
Le maire de Nice rappelle : "c'est une technique très utile en matière de sécurité permettant un gain de temps important pour préserver l’intégrité d’une personne vulnérable mais aussi pour protéger la population d’un individu dangereux par exemple". Lors des attentats de 2016, les caméras avaient servi aux besoins de l'enquête mais n'avaient pas permis d'anticiper le drame.
Ce que dit la loi ?
En France comme en Europe, la reconnaissance faciale en temps réel sur la voie publique n’est pas autorisée. Depuis 2012, seule la reconnaissance a posteriori est permise, notamment par la police, à l’aide du fichier de traitement des antécédents judiciaires (TAJ).
Le Sénat veut une loi sur la reconnaissance faciale dans l'espace public. La mission d'information sur cette technologie dans l'espace public a rendu ses propositions le 11 mai 2022, elle invite l'exécutif à s'emparer du sujet avant les JO 2024.
C’est la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) qui contrôle et rend un avis pour des expérimentations très encadrées.
La ville de Nice va solliciter la CNIL "avant l’été", afin de mettre en place son projet d'intelligence artificielle.