Certains conducteurs s'autorisent à prendre le volant malgré leur alcoolisation, persuadés qu'une boisson énergisante leur fera retrouver assez de vigilance pour prendre la route. C'est un comportement très dangereux, alerte le Dr Faredj Cherikh, du Centre hospitalier universitaire de Nice.
Si 41% des consommateurs de boissons énergisantes le font dans le cadre d'une activité sportive, 16% d'entre eux couplent ces boissons avec de l'alcool lors d'évènements festifs, indique l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Cette pratique n'est pas sans risque, alerte le Dr Faredj Cherikh, psychiatre et addictologue au CHU de Nice. Le semblant de vigilance retrouvée après quelques gorgées de ces boissons peut laisser croire à tort que l'effet de l'alcool s'est dissipé, déplore ce médecin. Entretien.
Pourquoi la consommation d'alcool est-elle associée aux boissons énergisantes ?
Dr Faredj Cherikh : "Cela donne l'impression de mieux tenir l'alcool. Ça donne aussi l'impression de pouvoir reprendre le volant en fin de soirée, parce qu'on se sent soudainement en forme. Effectivement, la grosse particularité de cette association de boissons énergisantes et d'alcool, c'est qu'elle donne l'impression d'une sorte de vigilance.
Ça donne cette impression d'être stimulé, de pouvoir tenir, un peu comme si ça remplaçait le café. Certaines marques de boisson couplent d'ailleurs la taurine [l'ingrédient phare des boissons énergisantes, NDLR] avec de la caféine, dans ce même but : renforcer la vigilance. On remarque beaucoup de personnes qui se servent de ces boissons-là pour tenir la journée et en soirée".
Sur quels comportements souhaitez-vous alerter ?
Dr Faredj Cherikh : "Les jeunes et les moins jeunes croient qu'on peut se permettre de boire jusqu'en fin de soirée parce qu'il y a les boissons énergisantes qui réajustent l'effet de l'alcool, qui leur permettent de tenir. Ça, c'est vraiment complètement faux. Ce qu'on a remarqué, c'est que l'élément qui est stimulant, qui réveille, c'est leur consistance en sucre. Ces boissons sont très sucrées, c'est ce qui donne l'impression de ce réveil".
Où se trouve le risque, alors ?
Dr Faredj Cherikh : "On croit être réveillé, mais généralement cinq minutes après avoir pris le volant, ça redescend. Ça peut nous amener sur une sorte de somnolence, où l'on tombe de fatigue et des effets de l'alcool. Il y a pas mal d'accidents qui sont décrits à la suite de ces comportements. Je voulais que le message soit clair pour la prévention. Ce message est toujours bon à prendre pour ceux croient savoir que le fait de prendre des boissons énergisantes fait disparaitre les effets de l'alcool, alors que c'est faux".
3 550 décès sur les routes
En 2022, 3 550 personnes sont décédées et 16 000 ont été blessées dans un accident de la route en France, indique l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Une hausse de 10,3% par rapport à 2021, année de confinement. La catégorie des jeunes de 18 à 24 ans est la plus touchée par les accidents routiers, avec 15% des décès et 17% des blessés l'année dernière.
Dans les Alpes-Maritimes, alors que le nombre d'accidents de la route est en baisse depuis un an (-6%), treize décès ont été recensés en août. Un nombre "exceptionnellement élevé", selon la préfecture, qui pointe "un relâchement sur le plan comportemental et sur le non-respect des règles du Code de la route".