La police municipale de la ville, pionnière dans la lutte contre ce gaz hilarant, a dressé 102 procès-verbaux pour sa consommation depuis janvier. En 2022, 73 procès-verbaux ont été dressés sur toute l'année.
102 procès-verbaux ont été dressés entre janvier et le début d'août pour consommation de protoxyde d'azote sur la voie publique à Cannes, a rapporté ce lundi 7 août la police municipale cannoise à France 3 Côte d'Azur.
En 2022, à la même période de l'année, seulement une cinquantaine de procès-verbaux avaient été dressés pour ce délit.
Le nombre total à la fin de l'année 2022 n'excédait pas les 72 procès-verbaux pour consommation de protoxyde d'azote dans un lieu public, indique la police municipale. "Il y a une recrudescence des verbalisations et de la consommation cette année", confie sans équivoque Yves Daros, le directeur de la police municipale de Cannes.
Le protoxyde d'azote est un gaz normalement utilisé pour faire fonctionner les siphons à chantilly. Détourné pour être inhalé, il provoque des effets euphorisants intenses, mais sa consommation peut causer une dépendance ainsi que des troubles neurologiques, neuromusculaires et cardiaques.
Deux tiers des verbalisations en été
La période estivale est la saison haute pour la consommation de cette drogue. 70 des procès-verbaux distribués à Cannes cette année, c'est-à-dire deux sur trois, l'ont été en juin et en juillet. "Le gros des verbalisations se fait entre mai et septembre, au moment où les gens sont dehors", explique le directeur de la police municipale.
Ce dernier indique que les verbalisations se font auprès "de groupes de personnes, plutôt jeunes mais rarement mineurs", souvent originaires de l'agglomération cannoise et des villes alentours.
L'âge moyen des consommateurs en France est de 22 ans, indique un rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives publié en septembre 2022. L'amende après verbalisation pour consommation sur la voie publique s'élève à 38 euros.
À Cannes, ces consommateurs "s'arrêtent dans des zones que l'on a bien identifiées", confie Yves Daros, de la police municipale, et se fournissent fréquemment "dans des épiceries de quartier".
La loi de 2021 visant à prévenir les usages dangereux du protoxyde d'azote interdit pourtant sa vente aux mineurs et sa vente dans des quantités qui ne peuvent s’expliquer par son usage traditionnel. Une quinzaine de procès-verbaux ont ainsi été dressés à Cannes cette année à l'encontre de commerçants ayant vendu ce gaz hilarant à des mineurs ou dans de trop grandes quantités.
Ces commerces sont susceptibles de tomber sous le coup d'une fermeture administrative par arrêté préfectoral.
Cannes, ville pionnière de la lutte contre le protoxyde d'azote
En juin 2020, Cannes a été l'une des premières villes de France à interdire par arrêtés municipaux la consommation de ce gaz hilarant sur la voie publique ainsi que sa vente aux personnes mineures. Ces interdictions ont été étendues à tout le département des Alpes-Maritimes par arrêté préfectoral la même année, avant qu'une loi de 2021 interdise la vente de protoxyde d'azote aux mineurs dans toute la France.
Suite à ces régulations, le nombre d'infractions liées à la consommation de protoxyde d'azote à Cannes a baissé en 2021, avec 51 verbalisations sur l'année, avant de remonter à 73 cas en 2022 et d'atteindre déjà 102 verbalisations cette année.
"On fait de la tolérance zéro, il faut être intransigeant pour lutter contre ce fléau", affirme Yves Daros pour expliquer le grand nombre de procès-verbaux distribués à Cannes.
Sans être aussi transparentes sur les chiffres des verbalisations, d'autres villes du littoral azuréen connaissent le fléau du protoxyde d'azote et de ses cartouches abandonnées dans les rues. En 2021, la mairie de Menton a interdit la consommation de ce gaz en public, particulièrement pour lutter contre l'abandon des capsules de protoxyde d'azote sur la voie publique.
À Nice, un compte X (ex-Twitter) qui relaie les actions des services de propreté municipaux a publié en juillet la photographie de dizaines de bombonnes de protoxyde d'azote, assurant que celles-ci représentent la collecte des déchets d'un seul week-end.
Pour toute question sur le protoxyde d'azote, sa consommation et le traitement de la dépendance, un service public d'information est joignable gratuitement au 0 800 23 13 13, sept jours sur sept de 8 heures à 2 heures, ou sur le site Drogues Info Service.