Magali Berdah, surnommée la "papesse des influenceurs", était jugée, ce lundi, au tribunal de grande instance de Nice pour "banqueroute" quand elle était courtière en assurances, il y a une dix ans. Le Parquet a requis 18 mois de prison dont 6 mois ferme avec bracelet électronique.
À la sortie de la salle d'audience à Nice (Alpes-Maritimes), les observateurs s'entendaient sur un point : les débats sont très techniques. Et pour cause. C'est une plongée dans la comptabilité d'une société caractérisée par une certaine perméabilité entre des finances personnelles et des comptes professionnels.
Une affaire comme une autre. Sauf qu'il s'agit de l'activité de celle que l'on surnomme la "papesse de la téléréalité" sur les réseaux sociaux. Cette dernière est jugée pour banqueroute qui, contrairement à la faillite, constitue un délit et non une simple difficulté économique menant à un liquidation judiciaire.
Un passif de 2,5 millions d'euros
Entre 2014 et 2015, les comptes de la société BA&CO indiquaient plus de 80.000 euros prélevés en liquide sans justification. De plus, 600.000 euros ont transité sur un compte ouvert au nom d'une secrétaire pour payer les salaires, au moment où les avoirs de la société risquaient d'être gelés à la demande des créanciers. Il y a également des dépenses de luxe (hôtels à Monaco, vêtements, chocolats...) d'un montant total de 27.000 euros que personne ne peut justifier.
Du jour au lendemain, on s'est réveillé en disant que c'était Magali Berdah qui avait tout fait.
Magali Berdah, femme d'affaires et agent artistiqueà l'AFP
Son avocat, Maître Franck De Vita, a "l'intime conviction" que, s'il ne s'agissait pas de celle que tout le monde désigne comme "l'ex-papesse des influenceurs", "ce dossier n’existerait pas", a-t-il indiqué à France 3 Côte d'Azur. "Il n’y aurait pas de poursuite. Il n’y aurait pas eu de procès. Les temps ont changé. Lorsque vous êtes connu, c’est devenu un élément à charge."
Quand Booba s'en mêle
Pourtant, l'ancienne courtière a déjà géré une vingtaine de sociétés. Selon elle, "elles ont toutes été liquidées proprement". En 2017, elle créée l'agence Shauna Events, spécialisée dans la mise en relation entre les marques et les influenceurs. C'est le début du succès.
Mais il y a 5 ans, Magali Berdah est condamnée pour abus de faiblesse. Elle avait emprunté ces fonds à un homme souffrant de la maladie d'Alzheimer, même si elle assure avoir tout remboursé, intérêts compris. Les enquêteurs se sont alors intéressés de plus près à la société BA&CO.
Dans cette affaire, la femme d'affaires de 42 ans s'est présentée comme une simple salariée chargée du commercial au sein de BA&CO. L'accusation, de son côté, a estimé qu'elle en était la gérante de fait.
Magali Berdah a été identifiée par l’enquête et le liquidateur judiciaire comme étant la véritable animatrice de l’entreprise (…) Nous avons la conviction de ce que Madame Berdah est la dirigeante de fait (…) C’est elle qui prenait toutes les décisions qui engageait l’entreprise et qui ont abouti à une liquidation avec un passif exhorbitant.
Thibault Pozzo di Borgo, avocat de la partie civileà France 3 Côte d'Azur
En 2022, le rappeur Booba l'accuse de pratiques commerciales trompeuses. L'enquête a été classée sans suite. Le chanteur, lui, a été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé ainsi que 28 internautes. La notoriété de l'accusée : c'est l'axe de sa défense.
Les faits remontent à 2014. La garde-à-vue a été réalisée en 2023. Il se trouve que, en 2023, elle a défrayé la chronique dans les médias avec cette histoire avec le rappeur. Est-ce que c’est ça qui a déclenché la garde à vue ? Je ne sais pas.
Franck De Vita, avocat de Magali Berdahà France 3 Côte d'Azur
Le jugement a été mis en délibéré au 25 novembre.
(Avec Henri Migout, à Nice)