Otom, le graffeur de Nice est jugé aux Seychelles pour le meurtre de sa compagne, la soeur de la victime témoigne

Ce jeudi 3 février s'ouvre aux Seychelles le procès du graffeur niçois Otom. Il est jugé pour la mort de sa compagne. Les juges vont déterminer s'il s'agit d'un féminicide ou d'un suicide. La soeur de la victime s'est confiée à France 3 Côte d'Azur.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Un décès brutal. Emmanuelle Badibanga, gérante de La Passerelle, lieu d'événementiel à Nice, avait 32 ans quand elle a été retrouvée sans vie dans une chambre d'hôtel des Seychelles. Son compagnon, le graffeur niçois Otom (Thomas Debatisse), déclare l'avoir retrouvée pendue à l'accroche-serviettes de la salle de bains, le 27 avril dernier. Son procès débute ce jeudi 3 février 2022. Il est soupçonné de meurtre.

La soeur aînée d'Emmanuelle demande "la vérité". "On veut que justice soit rendue" précise-t-elle à France 3 Côte d'Azur. Elle raconte le stress, l'appréhension et les difficultés liées à cette disparition à l'étranger : "ce qui a été très difficile c’est l’attente. Le médecin légiste qui devait intervenir a eu le Covid. Il a fallu attendre trois semaines pour qu’il puisse procéder à cette autopsie. Et ensuite il fallait avoir toutes les autorisations, jongler avec les assurances. Tous les jours il y avait une nouvelle épreuve : les pompes funèbres il leur fallait ceci, l’assurance n’avait pas tel papier. Il y a eu énormément de complications. On a pu l’inhumer que le 22 juin. Elle est décédée le 27 avril. Ca a été très long, très difficile. »

C'était une battante. Elle ne se décourageait pas quand il y avait des difficultés. Professionnellement elle fourmillait de projets. C'était quelqu'un de gai, qui croquait la vie à pleines dents. 

Magali Lonoh, soeur de la victime

Et d'ajouter : « Ce qui nous fait tenir c’est notre foi et l’espérance chrétienne qu’on a. On a été très soutenus par toute la communauté et tous nos amis, notre famille et les amis proches d’Emmanuelle. »

Magali Lonoh témoigne dans ce reportage de Magali Roubaud et Nassim Tireche : 

Dans cette affaire, il y a d'un côté les autorités locales qui penchent pour la thèse d'un meurtre par étranglement. De l'autre, le parquet de Nice, qui a ouvert une enquête parallèle en mai et va dans le sens d'une mort par pendaison à la suite d'une deuxième autopsie réalisée en France. "Il n'y a aucune trace de violences sexuelles, aucune trace de coups sur le corps, même si, un mois et demi après la première autopsie, en raison de la dégradation du corps, il faut rester prudent", avait expliqué à l'AFP le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme. 

La première autopsie avait été réalisée par un médecin cubain détaché aux Seychelles, et avait conclu à un étranglement. C'est la raison pour laquelle Thomas Debatisse est incarcéré depuis le 5 mai aux Seychelles. Les autorités judiciaires locales considèrent alors ce dossier comme "fortement suspect".

Premier jour de procès aux Seychelles

L'audience de ce premier jour (jeudi 3 février 2022) a commencé en retard en raison d'une confusion liée aux protocoles anti-Covid. Cette audience a été consacrée à la présentation des faits aux neuf membres du jury.

"Thomas Debatisse, vêtu de noir, est apparu amaigri mais souriant avant d'entrer dans la salle d'audience" précise l'AFP. Et de reprendre : "La famille de Mme Badibanga n'était pas représentée, le système judiciaire seychellois ne prévoyant pas de partie civile. Un oncle par alliance d'Emmanuelle Badibanga, Michael Gronier, était le seul membre présent de sa famille, qui a nié les articles de presse qualifiant la jeune femme de "dépressive" et estime que la mairie de Nice a un "parti pris" dans cette affaire".

Ma nièce n'était pas du tout dépressive, c'est d'ailleurs ce qu'a conclu un rapport de police qui a été effectué en France.

M. Gronier, oncle de la victime, à l'AFP

Qui est l'accusé ?

Thomas Debatisse est connu sous un pseudonyme, Otom. Il est un street-artist de 35 ans, connu pour ses portraits à Nice de femmes comme Rosa Parks, Simone Veil ou encore la Marianne.

Il encourt la peine de prison à perpétuité et clame son innocence depuis le début de l'enquête. Samedi 22 janvier 2022, à Nice, il a été soutenu par des artistes, amis, lors d'une exposition "en solidarité" avec lui.

"J'attends évidemment que la plus grande attention soit portée à tous les éléments qui ont permis de me convaincre de l'innocence de Thomas", a confié son avocat français, Me Richard Sedillot, lundi à l'AFP, depuis les Seychelles. Il compte s'appuyer sur l'analyse des témoignages et de la vidéosurveillance du Club Med et fera citer des experts qui présenteront les conclusions du dernier rapport d'expertise français qui "disculpe" son client, défendu sur place par l'avocat seychellois Basil Hoareau.

Une convention d'entraide judiciaire est en cours d'élaboration entre les deux pays mais elle n'a toujours pas été signée selon l'AFP. 

Le procès est prévu sur un mois, mais pourrait durer plus longtemps, en raison du grand nombre de témoins appelés à la barre. Une vingtaine pour l'accusation et cinq par la défense, essentiellement des experts français.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité