Tang'o est une impressionnante vidéo de tango, exécuté et tourné par dix mètres de fond en apnée. Depuis le 14 février, l'oeuvre tournée près de Venise par Bastien Soleil, avec la danseuse Ariadna Hafez, a été visionnée un million de fois.
C'est la vidéo incontournable à voir en ce moment (en bas d'article). Diffusée le dimanche 14 février 2021, Tang'o a déjà été vue un million de fois, tous supports et relais confondus. À couper le souffle... littéralement, car tournée en apnée. C'est une vidéo de tango sous l'eau, exécuté par la danseuse espagnole Ariadna Hafez, avec Bastien Soleil derrière la caméra. Ce dernier vit à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes); mais c'est à la piscine Y-40 de Montegretto Terme, dans la région italienne de Vénétie (voir sur la carte ci-dessous), qu'elle a été tournée.
Bastien Soleil, acolyte de l'apnéiste niçois Guillaume Néry, ne voyait que deux personnes au monde pour cette performance : Julie Gauthier (qu'il connaît bien également et qui vit aussi à Nice)... et Ariadna Hafez, qui excelle dans l'art de la photographie sous l'eau. Le réalisateur a expliqué les dessous de ce tournage hors-normes à France 3 Côte d'Azur. "Les répétitions ont eu lieu à Villefranche-sur-Mer. Mais le problème du tournage en mer... c'est ce que c'est complètement impossible." Entre les vagues et la turbidité de l'eau, on imagine. Sans oublier les joies de l'hypothermie.
Heureusement, la piscine Y-40 près de Venise, avec sa fosse de plongée de 40 mètres de profondeur, était là. "On y a répété à 5 ou 6 mètres de profondeur. Ça représente 600 plongées, chacune avec une minute d'apnée pour elle et moi." Le tournage effectif a eu lieu en octobre 2020. "On avait une contrainte : il fallait tourner le soir pour pouvoir bénéficier d'une lumière verticale. C'était pour montrer le contraste entre le jour et la nuit."
Pendant deux nuits consécutives, entre 22 heures et 4 heures du matin, l'équipe a effectué un total de 120 plongées, pour autant de minutes de vidéo. La danse était "évidemment tournée en séquences". Trois plongeurs assuraient la sécurité, l'un d'eux servant d'"ascenseur personnel", si l'on peut dire, pour remonter Ariadna Hafez (qui descendait au moyen d'un poids et devait supporter la pesanteur de ses talents et de sa chemise). Bastien Soleil, lui, remontait par ses propres moyens. Le tout à 10 mètres de profondeur.
On a répété en effectuant 600 plongées.
"C'était très très intense, il nous a fallu quelques temps pour s'en remettre. Quand on a fini, ça a été un énorme soulagement : après une longue préparation, ainsi que beaucoup d'énergie et de moyens. J'étais bien content de rentrer dormir chez moi..." Mais après l'effort, pas tout de suite le réconfort. "On avait 120 minutes de rushes, chaque séquence étant tournée trois ou quatre fois. Je n'ai gardé que trois minutes : j'ai pas mal élagué pour avoir le résultat le plus plaisant possible pour le public, mais la vidéo aurait pu en faire six..." Le visionnage et montage aura pris quatre mois.
Et le résultat aura été fascinant. "Ça a plu et surpris, les retours ont été excellents. Le monde de la danse a été bluffé..." Trêve de bavardages, voilà ci-dessous la vidéo que vous attendez tant de voir. Histoire d'ajouter encore un peu plus de retours positifs à cette oeuvre d'art pour ainsi dire unique en son genre.
Bastien Soleil est aussi connu pour sa participation au lancement de la marque Bluenery de vêtements éco-responsables. Et à l'ouverture prochaine d'une école de découverte et d'apprentissage de l'apnée, la Bluenery Academy. "L'apnée est connue du plus grand nombre via le prisme des compétitions ou des exploits. Ce n'est pas que ça : on veut initier le profane à l'apnée." Et qui sait, peut-être susciter d'autres vocations de tournage subaquatique...