La mairie de Nice voulait interdire la conférence organisée par Tariq Ramadan. Le prédicateur islamiste a saisi la justice en urgence et a obtenu gain de cause. Il est présent à Nice ce dimanche 4 juin, dans un lieu tenu secret jusqu'au dernier moment.
Où cette conférence aura-t-elle lieu ? Seules les 79 personnes inscrites - et les forces de l'ordre, promet l'organisateur - devaient en être informées ce dimanche à 10h. D'après nos informations, c'est dans un restaurant situé à quelques dizaines de mètres de la Promenade des anglais, près de la Villa Masséna, que le prédicateur a convié les participants à son "déjeuner-conférence".
Saisie en référé, ce samedi 3 juin, la justice a suspendu en urgence l'arrêté du maire de Nice en date du 2 juin 2023 interdisant la tenue de l'événement. Pour justifier son refus d'accueillir le prédicateur frériste, Christian Estrosi, par la voix de son avocat, avait pourtant développé plusieurs arguments pour démontrer un risque de trouble à l'ordre public : des "propos extrêmement controversés sur l'égalité entre les femmes et les hommes" tenus par Tariq Ramadan, un discours "ambivalent" de nature à "porter atteinte à la cohésion nationale", sa mise en cause pour des faits de viols présumés. La ville de Nice rappelait également la volonté du collectif féministe "Nous toutes" de manifester contre la tenue du déjeuner-conférence, et la mobilisation des forces de l'ordre sur d'autres événements.
Le prédicateur islamiste reconverti en critique littéraire ?
Un dernier argument confirmé par le préfet des Alpes-Maritimes. Dans un courrier adressé le 3 juin au maire de Nice, il indique un niveau d'engagement des forces de l'ordre très élevé ce week-end. En clair, les policiers seront occupés ailleurs, et le fait de ne pas connaître le lieu du rendez-vous ne leur permet pas de mettre en place un dispositif adapté.
Le nombre d'invités sera limité - 79 au total - et les forces de l'ordre seront prévenues du lieu de l'événement dans la matinée, a rétorqué l'avocat de Tariq Ramadan devant le juge administratif. Il a également précisé qu'on y parlerait littérature, une discussion libre autour de l'Alchimiste, de Paulo Coelho. Le prédicateur islamiste reconverti en critique littéraire ? Difficile de convaincre le maire de Nice, Christian Estrosi.
Pas de risque de trouble grave à l'ordre public selon la justice
Mais la justice s'en est tenue aux faits : 19 rencontres du même type se sont tenues en France entre 2021 et 2023 sans interdiction ni restriction particulière. Et rien n'indique, selon le juge, que la manifestation annoncée du collectif Nous Toutes soit susceptible de créer un trouble grave à l'ordre public.
Conclusion : le tribunal administratif, au nom de la liberté de réunion et d'expression, ordonne la suspension de l'arrêté municipal.
Pour Sefen Guez Guez, l'avocat de Tarik Ramadan, c'est "une victoire (.) dans le prolongement de son acquittement en Suisse [Tarik Ramadan était poursuivi pour viol. Dans cette affaire, le ministère public genevois a fait appel, NDLR].
"Le maire de Nice n'est pas le maître de la ville, le droit est au-dessus de lui"
Sefen Guez Guez, avocat de Tariq Ramadan
"Je regrette la décision du juge des référés du tribunal administratif de Nice" a réagi Christian Estrosi.
"Ce prédicateur prône le séparatisme et l'avilissement des femmes. Il n'est pas le bienvenu à Nice !"
Christian Estrosi, maire de Nice
Contactées, les membres du collectif "Nous toutes" nous ont dit ce matin avoir renoncé à manifester devant l'établissement.
