Pour la première fois cette année, le Tour de France est aussi féminin. Les huit étapes ont lieu depuis ce 24 juillet et jusqu'au 31 juillet. Un rêve d'enfant pour Simone Boilard et Barbara Fonseca, coureuses pour l'équipe Auber 93, qui vivent à Saint-Laurent-du-Var et Fréjus.
Depuis ce dimanche 24 juillet, pour la première fois depuis les quelques éditions qui avaient eu lieu dans les années 80, les femmes aussi auront leur Tour de France. Le Tour femmes s'élancera des Champs Elysées, le même jour où les hommes termineront leur course. S'en suivront sept jours de compétition, retransmis en direct à la télévision.
Une grande première. Simone Boilard, coureuse de 21 ans, installée à Saint-Laurent-du-Var et membre de l'équipe Auber 93 Saint-Michel, ne cache pas sa joie : " c'est super excitant de faire partie de la première édition et pour le cyclisme féminin, c'est vraiment incroyable", s'enthousiasme la Québécoise, venue s'installer en France cette année pour poursuivre son rêve : devenir cycliste professionnelle.
Même son de cloche chez sa coéquipière, Barbara Fonseca, habitante de Fréjus : " Depuis toujours, quand je dis que je suis cycliste professionnelle, on me dit : tu fais le Tour de France ? Je vais enfin pouvoir dire oui !".
Leur équipe, basée en banlieue parisienne, fait partie des 24 sélectionnées pour le Tour. Les coureuses s'entraînent seules avec un entraîneur, chez elles, aux quatre coins de la France et se retrouvent quand c'est possible pour des stages en groupe.
Pourtant, la carrière de Barbara Fonseca, 32 ans, n'a pas toujours été simple. " J'ai commencé le vélo a huit ans et je voulais devenir cycliste professionnelle, mais on était sur une période où on n'imaginait pas pouvoir en vivre, alors j'ai arrêté pendant mes études", explique-t-elle.
Huit ans plus tard, elle se remet au vélo en parallèle de son travail de professeure d'EPS. Si, aujourd'hui, Barbara Fonseca considère que le cyclisme féminin s'est beaucoup développé : " ça n'a plus rien à voir, avant je devais payer mes déplacements, mon matériel... Aujourd'hui, je suis payée pour faire du vélo ! , elle ne peut toujours pas compter sur son seul salaire de cycliste pour vivre.
600€ par mois
Seules les 14 équipes féminines faisant partie de la World Team, l'équivalant de la première division, sont obligées de verser à leurs coureuses un salaire minimum. En 2022, il est de 27.500€ par an pour les salariées, selon l'Union cycliste internationale (UCI). En France, une seule équipe en fait partie, il s'agit de la FDJ Suez Futuroscope.
Pour les autres, qui sont en Continental - une sorte de deuxième division qui réunit une cinquantaine d'équipes - le salaire des coureuses est soumis au bon vouloir des clubs...
Déjà, on a de la chance que notre club nous fasse un contrat de travail, mais le salaire moyen dans l'équipe est aux alentours de 600 €", admet Barbara Fonseca.
Même si Simone Boilard croit en son rêve de devenir professionnelle, elle reste lucide et étudie à distance l'administration des affaires dans une université québécoise.
Des impératifs qui obligent ces coureuses à se soumettre à une organisation millimétrée.
Je me lève tôt, vers 6 h ou 6 h 30, je fais un peu d'étirement puis je vais rouler, jusqu'à 11 heures ou midi. Je mange très rapidement puis je vais retrouver mes élèves à 13 heures jusqu'à 17 heures et ensuite, soit j'ai une séance de kiné, soit je retourne faire du vélo", raconte Barbara Fonseca.
En moyenne, les coureuses de l'équipe d'Auber 93 s'entraînent entre 15 et 20 heures par semaine. " Je n'ai pas le temps de faire grand-chose d'autre", confie Barbara Fonseca.
Un Tour raccourci
Ce Tour de France sera assez différent de l'édition masculine. Déjà, il ne comptera que 8 étapes, au lieu de 21 chez les hommes. Il n'y aura pas non plus la célèbre épreuve "contre la montre".
Mais cela reste une avancée pour Simone Boilard : " Il ne faut pas chercher tout de suite à avoir tout comme les hommes, ce serait un peu démesuré", explique la jeune coureuse.
Marion Rousse, directrice du Tour de France femmes, interrogée par nos confrères de Franceinfo, confirme : " C'est une première année, ça aurait été une folie de commencer directement avec trois semaines. On n'a pas envie de mettre la clé sous la porte au bout de trois ans. On perdrait beaucoup trop d'argent".
Les cyclistes espèrent que le public sera au rendez-vous. Comme le parcours est plus court, la course pourrait être plus agressive : " chaque jour, il faudra être rapide et offensif parce qu'on n'aura pas les autres jours pour se rattraper. Cela va créer une identité propre au cyclisme féminin", s'enthousiasme Simone Boilard.
A l'issue de la compétition, celle qui obtiendra le meilleur résultat et décrochera le maillot jaune sera récompensée à hauteur de 50.000 euros.