Les réactions se multiplient après que la justice administrative a décidé de rétablir le double sens de circulation sur le quai des États-Unis. Le comité à l'origine de l'action juridique se réjouit alors que les écologistes apportent leur soutien au maire de Nice.
Le tribunal administratif ordonne à la ville de rétablir le double sens de circulation sur le quai des États-Unis. Le maire Christian Estrosi rejette l'idée, quitte à aller contre un avis de justice rendu cette semaine. Les réactions de la classe politique niçoise se multiplient depuis que le tribunal administratif de Nice a donné raison au Comité de défense des quartiers du port et de l'environnement qui souhaitait voir annulé le sens unique de circulation de cet axe routier.
"L'État de droit s'applique aussi au maire"
Pour l'ancien candidat socialiste à la mairie de Nice en 2014, Patrick Allemand, force doit rester à la loi. Il explique que l'État de droit s'applique aussi au maire de la commune, Christian Estrosi, et annonce saisir le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, "en lui demandant de faire respecter l'égalité des citoyens devant la loi".
Refus d'appliquer une décision du tribunal administratif. L'état de droit s'applique aussi au maire de Nice. Il n'y a pas d'impunité. Je saisis le préfet des AM.@prefet06 en lui demandant de faire respecter l'égalité des citoyens devant la loi. #Nice06
— Patrick Allemand (@patrickallemand) February 21, 2024
Patrick Allemand a écrit ce jeudi 22 février au préfet quant à cette saisine. Il concède toutefois ne pas être en désaccord sur l'intérêt de la circulation à sens uniqu de la pointe de Rauba Capeu et de ses environs. "Mon problème n'est pas du tout le fond de la décision, d'ailleurs, je pense comme Christian Estrosi et Juliette Chesnel-Le Roux, que maintenant que la circulation en sens unique est faite, les gens s'y sont habitués".
Il pointe l'aspect légal avant tout, surtout pour celui qui est officier de police judiciaire en sa qualité de maire : "Là où ça ne va pas, c'est lorsque le maire a dit qu'il n'appliquerait pas une décision de justice, cela m'a fait bondir !" Avant d'ajouter, "c'est un très mauvais signe pour la jeunesse", surtout que des voies de recours pour la mairie existent.
Il y a des voies légales, il n'a qu'à les saisir.
Patrick Allemand, à propos de la décision du maire de Nice concernant le quai des États-Unis
Une décision "désastreuse", signe "d'un retour en arrière"
Sur X, Juliette Chesnel-Le Roux, la conseillère municipale de Nice et présidente des élus écologistes de la métropole, peste, elle, contre le "retour au royaume de la bagnole et des années 80". Cette décision du tribunal administratif, elle la juge "désastreuse".
"C'est une décision d'un retour en arrière" poursuit-elle de vive voix ce vendredi matin.
J'accompagne volontiers la démarche du maire de dire qu'on ne va pas remettre la route à double sens.
Juliette Chesnel-Le Roux, conseillère municipale de Nice
L'instance administrative a décidé d’annuler les décisions municipales qui ont entrainé la mise en sens unique de l'unique voie de circulation depuis 2020, entre le port et les quais Rauba-Capeu et des États-Unis, dans le sens est-ouest. Une marche arrière que l'élue écologiste juge injustifiée, surtout au vu des derniers tests de la qualité de l'air réalisés par Atmosud qui tendent à mettre en lumière une amélioration de celle-ci dans cette zone, comme l'a souligné aussi le collectif Nice à Vélo.
"La mairie avait outrepassé ses droits"
"Par un jugement du 21 février 2024, le tribunal administratif de Nice a annulé l’arrêté du maire de Nice instaurant un sens unique de circulation temporaire et des pistes cyclables bidirectionnelles temporaires sur les quais des États-Unis, Rauba Capeu, de Lunel, de la Douane et Papacino."
Cet arrêté, en date du 11 mai 2020, était contesté par le Comité de défense des quartiers du port et de l'environnement, présidé par Jean-Michel Bidart. L'intéressé salue la décision de la justice administrative, avançant que le maire doit avant tout respecter la loi : "Cela faisait quatre ans que l'on attendait, la réponse ne peut que nous satisfaire. Elle est conforme à ce que nous attendions, que la mairie avait outrepassé ses droits."
Ce comité rassemble une centaine de résidents, affirme son président, contacté ce vendredi matin par la rédaction de France 3 Côte d'Azur. La réaction du maire de Nice ne le surprend pas, il estime que l'édile est "furax". "L'illégalité, monsieur le maire continue à l'entretenir en disant qu'il ne fera pas les travaux, qu'il fera appel, nous lui laissons tous les droits de contrecarrer (cette décision, NDLR)".
Le changement de classement de "route à grande circulation" de l'axe qui borde le littoral n'a pour l'heure pas abouti, car il n'y a pas "d'autre route de délestage possible" analyse Jean-Michel Bidart.
Il faut alors s'intéresser à l'article L. 110-3 du Code de la route qui stipule que ce sens unique entre le port niçois et la promenade des Anglais le rend "notamment inadapté au délestage routier et à la circulation des convois exceptionnels et militaires". À moins que la Ville de Nice ne trouve une parade.