En 2020, les femmes représentaient 33% de l’ensemble des personnels de recherche et et 29 % des chercheurs. Des taux faibles. C’est pourquoi, en février dernier, avait lieu la journée internationale des femmes et filles de science à l’observatoire de la Côte d’Azur. Il s’agissait ainsi de les inciter à se tourner vers cette filière.
Longtemps, de nombreuses femmes scientifiques ont vu leur contribution à la recherche minimisée voire niée. Qui connaît d'ailleurs l'effet Matilda ? Celui-ci est le déni, la spoliation ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes à la recherche scientifique. Un travail souvent attribué à leurs collègues masculins.
Ce phénomène a été décrit pour la première fois par la suffragette et abolitionniste Matilda Joslyn Gage (1826-1898) dans son essai Woman as Inventor. Le terme "effet Matilda" a été inventé en 1993.
Les femmes ont-elles vraiment leur place dans le domaine des sciences ?
Au vu de certains chiffres, la réponse serait clairement Non. Seulement deux femmes astronautes depuis 1963 et à peine 20% de femmes chez les chercheurs.
En effet, si la parité est parfois atteinte dans les sciences sociales, humaines, en médecine ou en biologie, l’écart se creuse davantage dans certaines recherches dites fondamentales : physique, astrophysique, mathématiques.
Oui, vous pouvez toutes devenir une femme de sciences !
Même si les statistiques ne jouent pas en faveur de la gent féminine, la porte des sciences leur est pourtant grande ouverte. Selon les chiffres du gouvernement, même si elles sont plus diplômées, la proportion d’hommes scientifiques ou ingénieurs dans la population active dépasse largement la proportion de femmes.
Seulement 20% des chercheurs de l'observatoire de Nice Côte d'Azur par exemple, sont des femmes. Lors d'une journée de rencontres le mois dernier, l’astrophysicienne Astrid Lamberts a évoqué un souvenir douloureux, celui de sa première tentative pour obtenir un poste au CNRS.
À l’issue du concours, neuf personnes sont classées. Parmi elles, il n’y a aucune femme. Ce jour-là, j’ai vraiment pleuré et je me suis dit que je n’avais pas ma place. C’était il y a 10 ans. Aujourd’hui, on ne peut plus faire ça grâce à des règles. Il faut quand même être honnête, nous ne sommes pas encore dans un monde dans lequel on peut avoir notre place et être reconnue facilement.
Astrid Lamberts astrophysicienne, chargée de recherches au CNRS
Elle a obtenu l'an dernier la médaille de bronze du CNRS. Astrid Lamberts est reconnue mondialement dans le domaine de l’astrophysique des hautes énergies, domaine majeur d’investigation de la structuration et de l’évolution de l’Univers.
Tournage de la vidéo 🎥 #TalentsCNRS d'Astrid Lamberts, lauréate de la médaille de bronze 🥉@CNRS 2023, chercheuse @INSU_CNRS à @LagrangeLab & @lab_artemis @ObsCoteAzur @Univ_CotedAzur, #astrophysicienne reconnue mondialement dans le domaine de l’astrophysique des hautes énergies pic.twitter.com/bRAAqLq0id
— CNRS Côte d’Azur (@CNRS_DR20) June 23, 2023
Elle partage son temps entre les laboratoires Lagrange (Université Côte d'Azur - Observatoire de la Côte d'Azur - CNRS) et Artémis (Université Côte d'Azur - Observatoire de la Côte d'Azur - CNRS) où elle est astrophysicienne, spécialiste des ondes gravitationnelles.
Ne jamais se laisser décourager
Ne jamais se laisser décourager par un premier échec, tel est le message que toutes ces femmes qui ont obtenu gain de cause en franchissant les obstacles, souhaitent véhiculer auprès d'une génération de jeunes femmes brillantes et motivées.
Même dans le monde haut perché de l’observatoire, la réalité est la même. Il y a deux mois, l’Agence spatiale européenne (ESA) annonçait que l’astronaute Sophie Adenot était la deuxième femme astronaute française de l’histoire spatiale Française.
Un total de 75 femmes a été lancé vers l'espace. Parmi elles, on compte cinquante-huit Américaines, six Soviétiques/Russes, deux Canadiennes, deux Chinoises, deux Japonaises, une Britannique, une Française, une Italienne et une Sud-Coréenne et une Saoudienne.
Seulement 20% des chercheurs de l’observatoire, sont des femmes.
Ce n’est pas beaucoup. Il faut laisser la possibilité aux filles de le faire.
Olga Suarez responsable éducation et médiation à l'Observatoire de la Côte d’Azur
Au sein de l'observatoire perché sur les hauteurs de Nice, on refuse cette fatalité.
"Je continue d’y croire"
Le monde des sciences et des étoiles fascinent autant les hommes que les femmes. C’est pourquoi l’Observatoire de la Côte d’Azur organise souvent des évènements et des expositions afin de montrer à toutes qu’elles aussi peuvent accéder à une carrière de scientifique, d'astronaute ou de chercheuse.
Une exposition "Les pionnières de l’astronomie" se déroule jusqu'au 29 mars dans la Grande Coupole signée Gustave Eiffel. Cette exposition présente au public les travaux et les biographies de 19 femmes et six hommes qui ont eu une importance capitale dans la construction de nos connaissances en astronomie.
Même si la parité n’est généralement pas respectée, certaines jeunes femmes ne se laissent pas décourager.
Une expo-photos est aussi organisée par l'Université Côte d'Azur chaque année au moment de cette journée du 8 mars pour mettre en valeur des femmes scientifiques de l'Université, leurs parcours, les obstacles qu'elles ont eu à surmonter, leurs valeurs, etc.
Ce que l’on ne nomme pas, n’existe pas
Dans de nombreux pays de l’Union européenne, les femmes chercheuses sont sous-représentées avec en bas de tableau les Pays-Bas.
Lors d'un colloque en novembre dernier, l’association "Femme et Sciences" a signé “la convention d'engagement pour une communication sans stéréotype de sexe” qui propose une solution simple pour débuter : nommer correctement les professions exercées par des femmes, “chercheuse, maîtresse de conférence, directrice de recherche”.
Comme le dit l'adage, ce que l’on ne nomme pas, n’existe pas !
Comme le démontre le dernier rapport sur l’état des lieux du sexisme en France : 15% des femmes ont déjà redouté ou renoncé à s’orienter vers des carrières majoritairement composées d'hommes.