Les échantillons de l'astéroïde Bennu récoltés par la Nasa bientôt analysés par des chercheurs de Nice

À la fin de ce mois d'octobre, l'Observatoire de la Côte d'Azur recevra un colis très particulier : quelques grammes de poussière d'astéroïde. Des chercheurs azuréens ont été chargés par la Nasa de les analyser pour qu'ils révèlent tous leurs secrets.

Ce n'est pas la première fois que la Nasa et l'Observatoire de la Côte d'Azur vont travailler main dans la main pour avancer sur des recherches sur l'environnement spatial. On se souvient, en 2022, c'était déjà Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur, qui était en première ligne pour la mission Dart, qui visait à détourner un astéroïde de sa trajectoire.

Un an plus tard, c'est une nouvelle mission qu'il nous révèle. Cette fois, la Nasa a récolté des échantillons de poussière sur un astéroïde situé à 300 millions de kilomètres de la Terre et parmi les quelques chanceux chercheurs dans le monde qui vont pouvoir les analyser, se trouve l'Observatoire de la Côte d'Azur.

La mission, dont les prémices remontent à une vingtaine d'années, est partie en 2016 à la rencontre d'un astéroïde appelé Bennu. Entre 2018 et 2020, l'astéroïde a été observé avant de récolter un échantillon et de le ramener sur Terre.

250 grammes de poussière d'astéroïde 

Patrick Michel a publié un livre, sorti le mercredi 11 octobre, pour raconter toute l'aventure de cette mission. "L'idée, c'est de donner envie aux jeunes parce que ce sont des aventures où on vit des choses incroyables et on relève des défis qui semblent impossibles, explique-t-il. On essaie de montrer quelle approche on utilise pour arriver à relever ces défis." Il fera une conférence et une séance de dédicace le 15 octobre prochain au théâtre de La Licorne à Cannes-la-Bocca. 

Mais maintenant, Patrick Michel doit laisser la main à un autre chercheur pour poursuivre le travail. C'est Guy Libourel, un cosmochimiste à l'Observatoire et professeur à l'Université Côte d'Azur, qui sera chargé d'analyser les grains de poussière. Pour cela, il utilisera notamment un instrument du laboratoire CHREA situé à Sophia-Antipolis. "C'est normalement un instrument à visée industrielle mais cette fois-ci, il servira à analyser des échantillons extraterrestres", s'amuse Patrick Michel.

"On a été sollicités pour documenter l'aspect de ces minéraux, explique Guy Libourel. Nous allons étudier la matière pour raconter l'histoire de la formation de ces objets." L'étude se fera au niveau micron pour analyser les conditions notamment de pression et de température au moment de la formation de la roche.

Les premières publications sont attendues par la Nasa pour décembre 2023 et mars 2024. "Le cahier des charges est très strict", assure le cosmochimiste. 

Et ils seront bien servis ! Si la Nasa espérait ramener 60 grammes de poussière d'astéroïde, elle a finalement réussi à en ramener "au moins 250 grammes", d'après Patrick Michel. Seulement 20% des échantillons vont être analysés pour le moment. "On garde le reste pour des appels internationaux ultérieurs et les futures générations qui bénéficieront de meilleurs instruments", explique Patrick Michel. Dans la même logique, des chercheurs sont encore en train d'analyser des échantillons ramenés par la mission Apollo de la Lune.

Quel rôle ont joué les astéroïdes sur l'émergence de la vie sur Terre ?

Ces 20% d'échantillons analysés immédiatement seront répartis entre quatre pays : les Etats-Unis, le Canada, le Japon et la France. La partie grains de poussière sera étudiée à l'Observatoire de la Côte d'Azur et la partie gaz sera envoyé à Nancy.

Patrick Michel se sent fier de voir l'Observatoire jouer un rôle majeur dans ces analyses historiques.

Les chercheurs vont étudier deux choses majeures grâce à cet astéroïde.

Patrick Michel les détaille :

  • Comprendre comment les planètes se sont formées :

"Premièrement, on va essayer de comprendre comment les planètes se sont formées. On va pouvoir l'étudier parce que les astéroïdes sont des restes des briques qui ont fabriqué les planètes mais dont certaines de ces briques n'ont jamais été engouffrées dans une planète. L'avantage, c'est que comme ils sont petits, ils ont gardé la composition initiale des ingrédients qui ont fait les planètes. Si on veut remonter à la recette de ce qui compose les planètes, il faut qu'on regarde les astéroïdes qui contiennent ces informations."

  • Vérifier le rôle qu'ont joué les astéroïdes :

"Deuxièmement, on veut vérifier le rôle qu'ont joué les astéroïdes dans l'émergence de la vie sur Terre. La NASA a confirmé qu'il y avait bien du carbone et de l'eau dans cet astéroïde. Ce qu'on veut, c'est analyser les propriétés de ce matériau carboné et faire le lien avec le matériau du vivant qui est aussi fait de carbone. On va mesurer les propriétés de l'eau contenue dans l'astéroïde : est-ce que ce sont les mêmes propriétés que celle des océans terrestres ? Donc, est-ce que ce sont les astéroïdes qui ont amené l'eau sur Terre ? Cela nous permettrait d'essayer de comprendre nos origines : est-ce que la vie est apparue sur Terre à cause d'impacts d'astéroïdes à la fin de la formation de la Terre ? Seraient-ce les astéroïdes qui auraient pu apporter tous les ingrédients qui ont permis à la vie d'émerger sur Terre ?"

Ces poussières d'astéroïdes semblent regorger d'innombrables secrets. Mais s'il y en a un qui ne figure pas dans la liste c'est celui de la vie extraterrestre.

Patrick Michel est ferme : cet astéroïde ne permettra pas de savoir s'il y a de la vie autre part que sur Terre.

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