Dans la nuit de lundi 26 à mardi 27 septembre, un vaisseau spatial nommé Dart atteindra l'astéroïde Dimorphos dans le but de le dévier de sa trajectoire. Cette mission de la Nasa sera suivie par une mission européenne en 2024, dirigée par Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur.
Ce lundi 26 septembre dans la nuit, à 1h14 du matin, la Nasa va accomplir une mission digne d'un film de science-fiction. Le vaisseau spatial appelé Dart (pour Double Asteroid Redirection Test mais qui veut aussi dire "fléchette" en anglais), qui a été envoyé en novembre dernier pour détourner un astéroïde de son orbite, doit atteindre sa cible cette nuit.
Cette mission est un test pour voir si l'homme peut se défendre contre des astéroïdes qui pourraient atterrir sur Terre. Après dix mois de voyage, le vaisseau Dart devrait atteindre l'astéroïde Dimorphos à une vitesse de plus de 20 000 km/h.
La sonde Dart fait la taille d'une voiture et pèse environ 560 kg. L'astéroïde Dimorphos quant à lui mesure 160 mètres de diamètres. Son orbite est situé à sept millions de kilomètres de la Terre donc il ne représente aucun danger pour la Terre. Mais la mission "est importante à réaliser avant que nous ne découvrions un réel besoin", a déclaré Andrea Riley, chargé de la mission à la Nasa.
Le moment de l'impact sera capturé par la caméra située sur le vaisseau Dart et diffusé en direct par la NASA :
Le changement d'orbite pourra aussi être mesuré depuis la Terre par certains télescopes. Si Dart manque sa cible, le vaisseau devrait avoir assez de carburant pour une nouvelle tentative dans deux ans.
On va retransmettre ça au public avec une image par seconde jusqu'au 3 secondes avant l'impact. A ce niveau-là, on est aussi ignorant que le public parce qu'à part la taille de son diamètre, on ne sait rien de plus. On ne sait pas quelle est sa forme, quelles sont ses propriétés de surface, on va découvrir ça en même temps que le public.
Patrick Michel, chercheur
Une mission initiée par Patrick Michel, chercheur à l'Observatoire de la Côte d'Azur
Patrick Michel, astrophysicien de l'Observatoire de la Côte d'Azur et directeur de recherches au CNRS, s'apprête à suivre l'évènement de très près. Et pour cause, il est à l'initiative de cette mission et il est à la tête de la mission Hera de l'ESA (Agence spatiale européenne). Cette mission a pour but d'envoyer une sonde appelée Hera pour aller observer l'astéroïde Dimorphos afin d'évaluer les conséquences de l'impact et calculer la masse de l'astéroïde.
Du 30 mai au 3 juin 2022, la communauté scientifique dédiée à notre protection contre le risque d’impact d’astéroïdes, s'est réuni à Nice sous l’égide de l’Observatoire de la Côte d’Azur. Le sujet de la mission Hera était au coeur de ce colloque. La sonde devrait décoller en 2024 pour finir sa course en 2026.
Les données recherchées couvrent "un nombre de domaines incroyable qui vont de la géologie à la physique des impacts, en passant par l’étude des milieux granulaires", a indiqué Patrick Michel.
Il explique à France 3 Côte d'Azur que c'est "en Europe qu'on a commencé à faire des études pour tenter de dévier un astéroïde en utilisant un projectile artificiel, donc une sonde spatiale". "En discutant avec un collègue américain, on a eu l'idée de partager les efforts entre la Nasa et l'Agence spatiale européenne", ajoute-t-il.
Ces deux missions vont pouvoir "offrir aux futures générations un plan validé qui leur évitera d'avoir à improviser" en cas d'astéroïde se dirigeant vers la Terre "parce que les conséquences et les risques sont trop grands".
C'est cet astéroïde qui a été choisi parce que "quoiqu'on fasse, même si on ne sait pas exactement ce qui va se produire, on n'augmente pas le risque avec la Terre", assure Patrick Michel.
Repérage des astéroïdes qui croisent l'orbite de la Terre
Très peu des astéroïdes connus sont considérés comme potentiellement dangereux, et aucun ne l'est sur les 100 prochaines années. Mais "je garantis que si vous attendez assez longtemps, il y aura un objet", a déclaré Thomas Zurbuchen, chef scientifique de la Nasa. Environ 3000 astéroïdes "géocroiseurs", comme sont appelés ceux dont l'orbite croise celui de la Terre, sont recensés chaque année. Il y a environ 30 000 astéroïdes géocroiseurs recensés au total.
En 2018, Patrick Michel expliquait les astéroïdes géocroiseurs à France 3 Côte d'Azur :
Pour les plus gros astéroïdes, qui mesurent plus d'un kilomètre de diamètre, les scientifiques assurent les avoir quasiment tous repérés. En revanche, ils n'auraient connaissance que de 40% des astéroïdes de 140 mètres et plus. Ceux-là peuvent dévaster une région entière.