La famille Gatto, qui tient une station-service depuis 57 années à Nice, a annoncé qu’elle plie boutique le 30 avril : un départ à la retraite qui fait naître une peine doublée de nostalgie pour les clients. Souvenirs et réactions.
Ce samedi 30 avril, beaucoup d’habitués de cette station-service de la place Max-Barel à Nice auront la larme à l’œil devant le rideau baissé de leur commerce favori, si précieux à leurs yeux.
Appartenant à la famille depuis 1965, la station est aujourd’hui dirigée par deux frère et soeur, Pierre-Antoine et Marie-Claire Gatto, à quelques jours de la retraite.
Leur « petit plus » : le sourire !
Leur service « à l’Italienne », ou plutôt à l’ancienne, plaît beaucoup et amuse les clients ; ils sont servis par les pompistes, comme il y a encore quelques années. C’est surtout la sympathie et la complicité qu’ils communiquent qui les font sortir du lot, à tel point que les consommateurs ne sont plus des clients mais des membres de la famille !
« Les gens arrivent en faisant la gueule et ils repartent avec le sourire », Pierre-Antoine Gatto.
La distinction avec les autres stations de la ville se fait ressentir sur Internet : sur Google, elle est notée à 4,3/5 en moyenne, pour 131 avis ; bien au-dessus des autres établissements de ce genre de Nice.
Je continue d'y aller alors que j'habite à l'autre bout de la ville. Pour le service à l'ancienne et la sympathie de la famille Gatto. Pourvu que ça dure, car les stations en centre-ville sont menacées me semble-t-il...
Claude Lecach, client depuis 40 ans.
Une réelle communauté en connivence
L’établissement aurait pu fermer ses portes dès 2011. Menacées par une nouvelle directive européenne qui les jugeait trop près des habitations, les pompes à essence ont failli disparaître.
Pierre-Antoine et Marie-Claire ont lancé immédiatement une pétition, signée par plusieurs milliers de Niçois ; suffisant pour convaincre la mairie de laisser perdurer l’entreprise familiale.
Mon papa a acheté ici en 1965 et depuis, c'est toute la famille qui a travaillé d'arrache-pied à donner beaucoup de services aux gens,
Pierre-Antoine Gatto.
Même lorsqu’ils ne viennent pas faire le plein, les habitués en voiture klaxonnent quand ils passent près des pompes ; ceux à pieds saluent chaleureusement la famille et leurs employés qui en font presque partie, après déjà 7 ans de service.
Il est même possible de payer la semaine suivant son plein, tant la confiance règne entre clients et commerçants.
Ce départ, une double peine
La hausse actuelle des prix de l’essence qui touche le pays est déjà un premier souci pour les consommateurs.
Malgré tout, ils sont toujours plus nombreux à se rendre chez Pierre-Antoine et Marie-Claire, qui savent créer une complicité avec de nouveaux clients : quitte à payer cher, autant être accueilli avec le sourire !
Ce lieu doit être protégé par l’Unesco,
selon Stéphane, un nouveau client.
S’ajoute à cela le départ à la retraite de leurs commerçants favoris ; c’est une relation qui restera dans les mémoires niçoises. La nostalgie de l’ancien temps, des jeunes années, se manifeste déjà chez les plus clients les plus âgés lorsqu’ils viennent dans la station-service qui les accompagne depuis le début de leur vie d’adulte.
« Il faut leur interdire de partir ! », ironise un habitué, contrarié d’apprendre la nouvelle.
Que deviendra leur local après leur départ ?
Pour l’heure, nul ne le sait. Une chose est sûre : la législation européenne est telle que ce ne sera pas une nouvelle station-service.
Alors, bien qu’ayant le cœur serré, Pierre-Antoine et Marie-Claire profiteront pleinement de leur retraite. Pour grand nombre de Niçois, il manquera toujours quelque chose sur la place Max-Barel.
Avec cette fermeture, la totalité des consommateurs vont devoir changer une habitude réconfortante, qui persistait dans un climat familial ; la mélancolie ne pourra qu’en devenir plus grande.