Alors que le prix de l'essence et du diesel atteignent des prix records, de plus en plus d'habitants se tournent vers le covoiturage. Une formule lancée avec succès dans l'agglomération Provence Verte, entre Brignoles, Cotignac, Le Val et Carcès. Depuis janvier dernier, plus de 150 adeptes ont rejoint le réseau Covoit'ici, qui compte désormais plus de 850 membres.
Pour Frédérique, c'est presque devenue une habitude.
Chaque matin, elle prend le volant à Carcès, direction Tourves, dans le centre Var. Mais depuis quelques mois, cette secrétaire a décidé de ne plus être seule dans sa petite Fiat 500 décapotable.
Elle fait désormais partie du réseau Covoit'ici, mis en place par l'agglomération Provence Verte.
Des conducteurs récompensés
Ce service de covoiturage propose des circuits prédéterminés (à la manière des lignes de bus) entre Cotignac, Carcès, le Val et Brignoles.
Ces "lignes" de covoiturage, régulières et bien identifiées, permettant de favoriser le partage de véhicules. Et pour favoriser la pratique, tout a été pensé pour qu'elles soient le plus visibles possibles.
Concrètement, des arrêts ont été installés le long de la route entre ces villes.
Des arrêts matérialisés au sol par une voiture bleue peinte sur le macadam, et par des panneaux de signalisation fixes ou lumineux. Ces derniers s'allument même lorsqu'un passager est présent, pour en informer les conducteurs qui arrivent.
En parallèle, une application pour smartphone permet de mettre en relation les automobilistes et les passagers. A tout moment, chacun peut y signaler sa présence et la disponibilité de son véhicule.
C'est très bien fait. Lorsque nous mettons à disposition notre véhicule, nous sommes crédités de 0,5euros, et ensuite pour chaque passager transporté, on gagne 1 euro. Ce n'est pas énorme, mais si on le fait quotidiennement, ça nous fait une petite cagnotte qui permet par exemple d'acheter un plein d'essence
se réjouit Frédérique, utilisatrice de Covoit'ici.
Un petit bonus non négligeable, surtout avec l'envolée des prix des carburants. D'autant que le système fait aussi des heureux du côté des passagers.
Totalement gratuit pour les passagers
C'est le cas de Daniel. Ce trentenaire, qui dirige une association d'insertion, utilise tous les jours le service de covoiturage pour se rendre sur son lieu de travail à Brignoles.
Même si sa motivation première a d'abord été la préservation de l'environnement (moins de voitures sur les routes, donc moins de pollution), il reconnait qu'aujourd'hui, l'aspect financier est aussi très intéressant.
Pour moi, c'est vraiment ce qu'il y a de plus simple, et de plus économique. Actuellement ma voiture est en panne, et ça me permet de me rendre rapidement sur mon lieu de travail, totalement gratuitement!
Daniel, passager quotidien
Compenser le manque de transports en commun
Car c'est là que le dispositif est original: contrairement à la plateforme privée BlablaCar, où les prix sont déterminés en fonction du nombre de kilomètres effectués, et où le passager est mis à contribution, ici, c'est la collectivité qui prend en charge la totalité du service.
Il faut dire que le dispositif, développé par l'entreprise Ecov, basée dans la région de Lyon, se veut aussi une solution face au manque de lignes de bus dans les zones rurales ou semi-urbaines.
"Ce type de covoiturage est destiné aux personnes sans voitures, ou sans permis, notamment aux jeunes, pour leur permettre de se rendre à leur 1er emploi ou à leur stage par exemple. C’est autant une action de solidarité qu’une action écologique », explique Amélie Brochu, chargée de développer la communauté « Coivit’ici » en Provence Verte.
Covoiturage du quotidien, "spontané et instantané"
Car ici, le passager ne paye rien tout est gratuit pour lui. Et pas besoin de réserver une semaine à l’avance. « Ces lignes ont pour vocation à être utilisées dans le quotidien, sur des trajets maison-travail par exemple. C’est du covoiturage spontané et instantané », poursuit la jeune femme.
Du covoiturage le plus flexible possible donc, pour s’adapter à tous les usages et à la vie de tous les jours.
850 membres en un an !
Et pour l'instant, ça marche plutôt bien. Depuis son lancement il y a un an (en mars 2021), le service compte déjà plus de 850 membres. Une belle progression, d'autant que le Covid-19 a un peu perturbé la mise en place du service.
Mais avec la flambée des prix des carburants, les adeptes affluent : depuis janvier 2022, plus de 150 nouveaux membres ont rejoint la communauté!
Une tendance qui ne devrait pas faiblir, car le service doit encore se faire connaître et convaincre de nombreux sceptiques. SI les automobilistes répondent présents, les passagers, eux, sont plus rares malheureusement.
"Mais une fois qu'on a fait le premier pas et testé le covoiturage, en général, on l'adopte", se réjouit l'ambassadrice Covoit'ici.
Si le succès se confirme, d'autres projets sont en réflexion: la création de nouveaux arrêts, par exemple dans les zones d'activité à l'Est et à l'Ouest de l'agglomération, au plus près des lieux de passage des habitants.