Selon l'enquête menée par l'agence Alter Egaux, 58% des usagers, hommes et femmes, des transports en commun des Alpes-Maritimes affirment y avoir subi des violences sexistes ou sexuelles. Une campagne de sensibilisation débute dans les bus, trams et trains.
Ce peut être une simple remarque déplacée. Un geste outrageant. Ou une véritable agression. La gamme des violences sexistes et sexuelles est tristement vaste. Mais elle semble terriblement banale dans les transports en commun des Alpes-Maritimes, si l'on se fie aux chiffres qui ressortent de l'enquête menée par Alter Egaux.
L'agence de conseil, qui accompagne les organisations dans la mise en place de l'égalité hommes-femmes et la lutte contre le sexisme, a interrogé 1295 usagers des bus, trams et trains du département entre 2021 et 2022. Les 3/4 des personnes qui ont fait la démarche de répondre au questionnaire mis à leur disposition étaient des femmes.
Résultat, 58% des personnes qui ont répondu disent avoir subi des violences sexistes ou sexuelles dans les transports. Toujours selon leurs réponses, les remarques sexistes sont les plus fréquentes (68% des cas), devant les outrages sexistes (44%) et les agressions sexuelles (41%). Des chiffres qui, dans tous les cas, sont très élevés.
C'est à la lecture du rapport publié en 2015 par le Haut Conseil à l'Egalité que l'idée de cette enquête est née. Selon ce rapport, 100% des femmes ont déjà été harcelées dans les transports en commun. "Le ressenti était le même lors de nos interventions dans les collèges et les lycées, les jeunes filles nous disaient aussi qu'elles avaient été harcelées dans les transports", explique Maëva Bauvais, chargée de mission prévention du sexisme au sein d'Alter Egaux.
Une campagne de sensibilisation dans les transports
Que faire de ces chiffres alarmants ? En collaboration avec les responsables des réseaux de transport Zou !, Lignes d’Azur, Envibus, Sillages, ZestBus, et la SNCF, une campagne de communication se déploie sur les lignes. Des affiches, mettant en lumière les résultats de cette enquête :
Il faut faire prendre conscience de l'ampleur du problème. Quand on a du mal à qualifier ce dont on est victime, les témoins ont aussi du mal à s'en rendre compte.
Maëva Bauvais, agence Alter Egaux
Effectivement, toujours selon les résultats de cette enquête, 88% des témoins réagissent par... l'indifférence.
Pourtant, "si on est plusieurs témoins à réagir, la peur que l'agresseur se retourne contre vous va être moindre, et l'agresseur va quitter cette impunité dans laquelle il se sent". C'est en tout cas l'espoir mis dans cette campagne de communication, qui va se poursuivre jusqu'au 29 mars 2023.
Après quoi la campagne passera dans une nouvelle phase « Réagissez ! » dans le but de communiquer sur les outils à la disposition de la population face aux violences sexistes et sexuelles.
Sans même parler des agressions sexuelles, l'outrage sexiste est une infraction passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 750 €.