A Nice ou Antibes, dans les Alpes-Maritimes, bénévoles et associations étaient à l'origine de plusieurs initiatives locales, ce vendredi 25 novembre, pour accompagner et surtout protéger les femmes de toutes les violences.
Six jours après une première mobilisation nationale pour demander la fin des violences sexistes et sexuelles, militant.e.s et bénévoles ont de nouveau fait entendre leurs voix ce vendredi lors de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. A l’image des collectifs Droits des femmes 06 et Nous Toutes 06 qui organisaient à 18h30 une marche aux flambeaux dans les rues de Nice en partance du palais de justice.
L’occasion pour les activistes de rappeler que près de 220.000 femmes sont victimes de violences conjugales chaque année et que 121 d’entre elles ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis début 2022, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente (113).
Un bilan inacceptable pour les associations qui dénoncent des réponses gouvernementales et judiciaires insuffisantes. Aujourd’hui selon Nous Toutes, 80% des plaintes communiquées à la justice sont classées sans suite tandis que seuls 0,6% des auteurs de viol sont condamnés.
Un combat de tous les jours
Une impunité que combat Hager Sehili depuis plus de dix ans. Cette native de Saint-Laurent du Var (Alpes-Maritimes) est aujourd’hui la présidente de l’association A l’âme qui au quotidien écoute, conseille et accompagne des femmes en danger.
Une lutte qu'elle a entamée après l'assassinat en 2010 de sa grande sœur Ahlam, tuée à l'âge de 32 ans par son mari. Victime qui avait pourtant, la veille de sa mort, alerté un officier de police du commissariat central de Strasbourg qui avait alors refusé d'enregistrer sa plainte pour violences conjugales.
"Je lui ai promis que j’allais trouver le policier en question […] et que justice lui serait rendue", témoigne Hager Sehili. Seulement ni le policier, ni le meurtrier ne seront jamais inquiétés, le second s'étant suicidé juste après les faits. Unique victoire pour l'Azuréenne au terme d'une interminable bataille juridique, la condamnation en 2021 de l’Etat français pour son inaction dans cette affaire.
Le théâtre au service de la lutte
Désireux de faire eux aussi bouger les choses, les membres de la troupe de théâtre d'improvisation "Ni Vus Ni Connus" intervenaient ce matin dans le collège Sidney Bechet, à Antibes, pour sensibiliser les élèves aux questions de consentement et de violences sexuelles.
Au travers de saynètes écrites en amont, les jeunes étaient invités à incarner des personnages stéréotypés pour prendre conscience des comportements sexistes qui peuvent exister au collège ou ailleurs. "L’important aujourd’hui, c’est de délier la parole", martèle Hélène Basler, fondatrice de la troupe. "Il faut les faire réagir maintenant, poursuit son collègue François Rognoni. Parce que s’ils ne réagissent pas à 15 ans, à 20 ans ou à 30 ans ils ne réagiront pas non plus".
Une initiative indispensable selon Bernadette Caër, professeure d’histoire-géographie : "Je dis souvent à mes élèves que ce sont eux qui changeront les choses." Et qui fonctionne : "Ils sont très réceptifs dès qu’on leur laisse la parole, il n’y a plus cette barrière de la scène […]. Ils viennent donner des ripostes et des arguments", se réjouit Hélène Basler