"Pas assez rentable", "survie menacée", le rapport de la Cour des comptes critique les stations de ski d'Auron et d'Isola 2000

Le rapport de la Cour des comptes publié ce mardi 6 février critique la gestion des stations de ski par les collectivités. L'organisme estime que le changement climatique n'est pas assez pris en compte et que les subventions publiques sont trop importantes.

Le document de 147 pages a été réalisé après un audit de quarante-deux stations françaises dont deux stations des Alpes-Maritimes : Auron et Isola 2000. 

Dans ce rapport consultable en ligne, il est question d'argent public et de subventions. En moyenne, 23% du chiffre d'affaires des opérateurs des remontées mécaniques des petites et moyennes stations est constitué d'aides publiques. 

L'argent public pour sauver le ski

Selon le rapport de la Cour des comptes, "une large part des exploitants est déficitaire. La plupart parviennent seulement au « petit équilibre » et ne peuvent financer seuls leurs investissements".

La Cour parle ici des exploitations gérées en régie directe et des exploitations concédées à des SEM, il s'agit de Sociétés d'économie mixte, dont le capital est majoritairement détenu par l'État, une collectivité territoriale et/ou un établissement public à maximum 85%.
C'est le cas des stations de ski d'Auron et d'Isola 2000 dans les Alpes-Maritimes. 

Auron

  • "Survie menacée à court terme" selon le rapport

"Certaines exploitations sont fortement déficitaires et leur survie est menacée à court terme sans intervention massive de la collectivité de rattachement", c'est ainsi que la station de ski située sur la commune de Saint-Étienne-de-Tinée se retrouve citée dans le rapport avec cinq autres stations françaises sur les quarante-deux auditées.

Sans aide publique, la survie de la station est menacée à court terme, prévient la juridiction financière chargée de contrôler la régularité des comptes publics.

  • Anticipe le changement climatique : 

La Cour des comptes note que selon l'exploitant des remontées, la SEM des Cimes du Mercantour, des efforts ont été réalisés : "la réduction de vitesse d’un mètre/seconde entraîne une économie d’énergie de 10 à 15 %".
Le rapport ajoute que le télésiège de Haute Plane, mis en service en 2015, "permet de diminuer de 50% la puissance appelée lors du fonctionnement avec une seule motorisation".

Isola 2000 

  • Pas assez rentable :

"D’autres stations, tout en dégageant un résultat d’exploitation positif, ne sont pas assez rentables pour couvrir leurs amortissements" note la Cour à propos d'Isola 2000 et d'une autre station de ski française, Goulier Neige, en région Occitanie.

L'année 2023 a pourtant été une année "record" concernant la fréquentation avec 3,8 millions de passages pour la station azuréenne. 

  • Devrait augmenter le prix du forfait à 60 euros

"À Isola 2000, l’usager participe faiblement au coût du service qu’il utilise. En l’état actuel du niveau de fréquentation, le prix du forfait journée devrait être porté de 35 € à 60 € la journée pour que celui-ci paie réellement le coût du service" demande la Cour des comptes.

Il faut compter 40 € par adulte (26 à 61 ans) cette saison pour une journée de ski. Lors de l'audit, le tarif était de 35 euros. 

  • Tente de s'adapter au changement climatique

Le rapport note aussi que la station d'Isola 2000 tente de s'adapter au changement climatique en modernisant leurs installations avec des appareils permettant de produire de la neige à des températures plus élevées.

La Cour note que ces investissements "pourraient entraîner une augmentation des besoins en énergie et des coûts financiers supplémentaires".

Afin de compenser ces coûts, la station a pris des mesures comme la modulation des plages d’ouverture du domaine skiable souligne le rapport sans plus de précisions. Il s'agit d'une mesure contenue dans la charte des éco-engagements de Domaines Skiables de France, chambre professionnelle des opérateurs des stations de ski.

La responsabilité des collectivités locales

Pour la Cour des comptes, seules quelques stations pourront poursuivre leur activité au-delà de 2050. Elle juge que les collectivités locales possèdent une grande part de responsabilité dans le manque d'adaptation des domaines et d'anticipation du changement climatique. 

La Cour des comptes affirme que : "les autorités publiques doivent donc conditionner tout soutien public à l’investissement dans les stations, au contenu des plans d’adaptation au changement climatique".

Le Département des Alpes-Maritimes et la métropole Nice Côte d'Azur sont présents dans le syndicat mixte des stations du Mercantour, ce syndicat travaille avec la société d'économie mixte (SEM) des Cimes du Mercantour, détenue à plus de 60% par les collectivités publiques. 

Nous avons demandé à la maire d'Isola et présidente de la SEM si elle estime qu'il faut diminuer les subventions et sa réponse a été directe : "Non, je ne pense pas mais il faut être raisonnable et orienter cet argent vers des investissements durables".

Elle regrette : "C’est dommage que l’investissement soit mis en avant dans le rapport et pas les entreprises qui font vivre les vallées".

France 3 Côte d'Azur a également contacté la direction du syndicat mixte des stations du Mercantour qui a expliqué ne pas pouvoir donner suite à nos demandes d'interview avant jeudi 8 février, le temps de prendre connaissance des informations contenues dans le rapport. 

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