C'est le premier parc européen, situé au sud des Alpes françaises et italiennes. Un inventaire de la faune et la flore a été établi et le chiffre est vertigineux avec très exactement 12 640 espèces répertoriées.
Le secteur compte 120 000 hectares. Une zone dans laquelle la nature est parfaitement préservée. Côté français, elle est située dans les Alpes-Maritimes, avec le parc national du Mercantour. De l'autre côté de la frontière, en Italie, ce sont les Aires Protégées Alpi Marittime. Le tout est jumelé depuis 1987 et constitue le premier parc européen.
Son nom ? Alpi Marittime-Mercantour ou encore les parcs des Alpes de la Méditerranée.
Quels sont les animaux qui vivent dans ce secteur ? Quelles sont les plantes qui y poussent ? La réponse existe. Il y a bien sûr des rapaces, des ongulés, des grands mammifères que l'on connaît bien.
On connaît moins les différents insectes ou les différents mollusques. Même situation pour la flore, avec différents lichens, des mousses et des champignons mal identifiés !
Un inventaire inédit en Europe
Désormais, il existe donc un inventaire, le plus ambitieux jamais réalisé en Europe et le second sur la planète.
Lui aussi a un nom : l'Inventaire Biologique Généralisé, ou ATBI (pour All Taxa Biodiversity Inventory), Mercantour-Alpi Marittime.
On ne protège bien que ce que l'on connaît bien ! Et identifier la faune et la flore est essentielle, car " le territoire au carrefour des influences climatiques à la fois alpines, provençales, méditerranéennes et ligures qui cohabitent les unes avec les autres avec une altitude entre 300 et 3 200 mètres sur des substrats géologiques très mélangés" détaille Marie-France Leccia, dans une vidéo publiée par le Parc National du Mercantour.
Du coup, depuis 2007, il a fallu 350 scientifiques venus de toute l'Europe spécialisés dans l'identification des espèces et plusieurs étapes pour identifier toute cette diversité.
12 640 espèces répertoriées
Quelle a été la méthodologie ?
- Première étape, la prospection : des naturalistes et des taxonomistes ont ratissé le territoire avec l'aide des personnels du Parc du Mercantour, puis ils ont fait faire des prélèvements par des personnes habilitées. Chaque groupe avait une spécialité : le milieu aquatique, les eaux souterraines, les cavités !
- Deuxième étape, l'identification des prélèvements, leur famille, leur genre, leur espèce, voire à la sous-espèce. Et pour cela, des spécialistes de toute d'Europe ont été sollicités car pour certains groupes d'espèces, ils se comptent sur les doigts d'une main.
- Troisième et dernière étape : la compilation des données dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), base de données d'envergure nationale gérée par le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.
Les conclusions
Un vrai listing a donc été établi et il permet un regard sur les espaces à surveiller. " Dans la vallée de la Madone des Fenestres en ubac, en pleine forêt, on trouve par exemple des milieux de tourbières qui abritent ces mousses si particulières qu'on appelle des sphaignes" explique Régis Ferrière, de l'Ecole Normale Supérieure.
"Ces mousses hébergent des insectes, une faune du sol, quasi aquatique, de tourbières, qu'on rencontre en pleine forêt sans équivalent dans le reste de l'arc alpin. On a là des milieux incroyables dont on ne soupçonnait pas l'existence qui sont mis tout d'un coup sur le devant de la scène par l'inventaire".
Des zones encore à explorer
Reste que les 250 km2 n'ont pas tous été explorés.
Les très hautes altitudes par exemple, ou encore les coins inaccessibles. "Reste donc beaucoup de pain sur la planche pour compléter les données" conclut Marie-France Leccia, du Parc National du Mercantour.