Printemps des Poètes à Vence : le désir déclamé par les lycéens dans les haut-parleurs de la ville

Crise sanitaire, distance sociale, isolement, génération sacrifiée... La période actuelle est plus synonyme de difficultés que de douceur pour les jeunes. A Vence, dans les Alpes-Maritimes, pour le Printemps des poètes, parole leur est donnée. Un mot à illustrer ou à déclamer : le désir.

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En décembre dernier, les plus jeunes avaient envoyé leur petit message au Père Noël, cette fois à Vence dans les Alpes-Maritimes, leurs aînés partagent leurs poésies.

Malgré les restrictions sanitaires, la 23ème édition du Printemps des Poètes, sur le thème du Désir, s'installe à Vence depuis le 13 mars et jusqu'au 29 mars. Pour se faire, 10 jeunes du lycée Matisse ont eu une page blanche à remplir sur un thème : le désir.

Certains ont été poètes et ont écrit de très beaux textes, d’autres encore ont illustré le thème du désir. Enfin, des passeurs de poèmes ont prêté leur voix à leurs camarades poètes,

Cécile Bronner, chargée de communication à la ville de Vence. 

L'enregistrement des 10 lycéens sélectionnés est depuis diffusé dans les hauts-parleurs tous les samedis matins lors du marché de la ville.

Pour en profiter et faire vivre leur texte en voici des extraits. Discrets, les jeunes ne reviennent pas sur leur production :

Mon âme soeur. Toi qui es l'élue de mon cœur, toi que j'admire en secret dans les souvenirs secrets de ma mémoire. Es-tu celui que je recherche autant ? Ou le simple reflet de l'imagination, toi que j'aime avec passion à mes tendres yeux. Tu es si précieux. Jour et nuit, je pense à toi. Ressens-tu ce que je ressens, mais que tu le saches ou non. Tu sais, déclenche mon désir amoureux intense. Serais-tu la pièce manquante? Cette charmante qui viendrait combler mon cœur? Cette partition inachevée dans mon âme.

> Texte des 1ères G lu par Clémentine.

Désir incompris ?

Toi qui es passée devant moi, quel est ton secret pour t'attirer vers toi ? J'espère un jour me retrouver dans tes bras, si possible en quelques mois. Mais ce jour-là, vas-tu prendre ma main ou passer ton chemin ? Une femme comme toi, on ne la quitte pas du regard. Je suis noyé dans l'ivresse. Je stresse à l'idée de ne jamais te retrouver. Ce désir, je le garde pour moi. Avec le temps, il s'en ira ou pas.

> Nasreddine élève de 2nde lu par Clémentine.

Désir charnel dans cette chambre banale où règne l'odeur matinale, l'exploitation mêlée à la tentation d'une flamme d'ivresse vaginale entraîne le blâme d'une richesse mondiale détachée, réveille la passion. Le mouvement entraîne sa fondation. Ces deux êtres, envoûté par le désir dans une fête pour guérir, juste guérir. Gonflé comme des voiles dans une nuit, ayant trouvé une nouvelle étoile. > Les premières G, texte lu par Clémentine.

Amour ?

Le bonheur se trouve dans la source rare du désir tout au long d'une vie. Nous combattons toujours de près ou de loin, ce qui nous attire sans jamais pleinement jouir. L'objet de l'addiction serait nous obliger de chercher indéfiniment un moyen d'arriver à l'aboutissement d'une histoire en attente d'animation. Mais où la trouver, sinon dans la vie ? Vous la trouver, sinon dans l'envie d'obtenir le convoité amour qui se montre plus désirable de jour en jour. Les femmes désirent ce qu'elles aiment, les hommes aiment ce qu'ils désirent, mais dans chacun de nos cœurs, nous désirons l'âme soeur. >  Poème de Franca Durosotti, lu par Chiara.

Un désir, cinq sens, un désir cœur qui attise, braise exquise, coeur conquis, cœur qui brise, aucune maîtrise, aucune excuse. Construire un intermédiaire, un endroit pour grandir. Coeur qui suggère. Cœur qui expire. Désirs extrêmes, sens en éveil éternel. Toujours des coeurs qui espèrent. Cœur qui prospère. Espoir puissant, réel, insuffisant. Un sens fragile à venir conquis. Un sens qui brise. Cœur noir, cœur d'espoir, instinct qui maîtrise. > Texte de Clémentine Chastenay lu par Iloah.

Désir ardent. Tant de nuits passées sans sommeil à rêver de ton cœur qui m'emplit de désir. Ce doux regard qui m'appelle et qui m'attire. Ce sourire qui rayonne comme un soleil. Oh, comme j'aimerais te serrer dans mes bras. Toi qui a le fatal pouvoir de me bercer dans l'ivresse et le désespoir, envoûté par le son de ta voix. Oh, comme j'aimerais t'avoir près de moi, je t'aime de ta beauté qui m'ensorcelle et qui me noie dans un océan de désirs extrêmes. Oh, comme j'aimerais te raconter que tant de fois, j'ai failli trépasser en voyant le temps s'envoler sans que je ne puisse être à tes côtés. Malgré tout, je demeure sous les étoiles. Peu importe si le ciel se voile, à rêver encore de te voir m'aimer, en ne cessant jamais d'espérer. > Poème écrit par Madeleine Marion en 2nde lu par Inès Stéphant.

Le désir est une enquête dans l'homme comme un maître pour qu'une fois celle-ci terminée, l'homme aboutisse au trésor tant souhaité. Ce joyau, par sa main, une fois embrasés, fait l'effet d'une vague qui va rafraîchir son cœur, asséché par l'ardeur de la traversée qui, pendant tout ce temps, l'aura fait souffrir. Mais l'homme, aveuglé par son étincelant désir, ne voit parfois pas le danger nécessaire, comme Icare brûlant ses ailes de cire face au feu intérieur, le faisant tressaillir. L'homme se retrouve alors au fond du gouffre, devant surmonter l'épreuve à hauteur du souffle. Certains en sortiront grandis, retrouvant un sens, alors que la plupart se laisseront porter par le courant, le péché de la paresse, les hypnotisant humains dans toute sa splendeur, baignant dans ses propres erreurs. > Un texte de Iloane lu par Julie Leos.

Oh, vie, toi qui es si belle aux yeux des mortels. Nul ne sait d'où tu viens du cosmos ou de l'abysse des astres ou des atomes, mais tout tous jouer devant toi. Face à ta grandeur et ton mystère, l'humain perd son temps à se questionner. La vie sans la mort existe t elle ? Or, la mort est une forme de vie. Mais quand est ce que la mort arrivera ? L'homme qui vit est prêt à tout pour l'immortalité. L'homme est comme un hérisson fuyant hivernal, essayant de se rapprocher de l'écarlate dans sa quête aux joyaux. Il est rattrapé par le temps et subit le supplice de la vie. Il regarde au cours de son existence, avec peur, le flot de sa vie qui s'écoule. C'est ce désir d'exister qui le pousse à avancer sans détourner le regard. Par peur d'affronter son pire cauchemar. C'est le début d'un rêve. Ce désir ardent de croquer le bien et le mal tel que l'ont fait Adam et Ève. Son désir avide de vivre le conduira sans faute à la mort. > Hugo Taulon lu par Iloah. 

Je suis comme ce piano à la gare qui dit "Jouez moi", je suis à vous et j'attends inlassablement que quelqu'un pose ses doigts sur mes touches noires et mes touches blanches, qu'il appuie sur ma lyre pour créer la résonance, trouve mes clés pour une merveilleuse mélodie qui n'attend que d'être jouée et entendue. Au loin,  une corde de violon se fait douloureusement languir par un archet voluptueux. Mon cœur vibre en écho d'une mélodie secrète qui semble uniquement être entendue par nos deux > Louanne Augsburger lu par Illoah.

C'est par-delà les villes, par-delà de tout bruit, que houblon, céréales, du nectar divin se cultivent. Cette plante, par son amidon et ce qu'elle procure comme sensation, est un des trésors de l'être humain, bien plus qu'un simple petit pain. Cette boisson à la lueur changeante, mais au goût toujours exquis, ne se fait pas sur commande ou à la solde du plus démunis. Et force et main d'œuvre seront nécessaires à la tâche et ne s'accomplit donc pas que par le biais d'une hache. De sa culture à son ébullition en passant par son brassage, notre bière aura suivi un long voyage. Mais c'est finalement dans nos verres, après avoir bravé vents et marées, qu'elle s'abandonne à nous, qu'elle se sacrifie pour notre soif et pour notre euphorie. C'est par cette masse amorphe, par son odeur ainsi que son goût amère que peut se reconnaître la bière petis. Son goût nous semble abject et sa consommation nous apparaît comme un choix sans queue ni tête. Sa couleur, ainsi que sa mousse épaisse ne repousse plus grand. Son goût n'est plus amer, mais fort. Les autres nectars enivrant ont pris cette place. Car âge plus avancée. Il n'y a pas moins amère que la bière. Le plus petit des alcools, ce n'est plus une boisson rendant stupide le plus pieux des hommes. Mais un fleuve d'élévation jusqu'à l'état de sensation hors norme. Sa couleur nous évoque l'urine. Aujourd'hui, je ne peux la voir que comme celle de l'or de notre boisson divine. Je ne peux voir la bière comme une sorte d'ami, de camarade présent du début à la fin de la soirée. Elle fut là, dans mes bons comme dans mes pires moments. Et certaines fois, même m'aider à en sortir, à m'évader de ses tourments avec ce breuvage. Tout ceci peut s'envoler dans les nuages. Le monde ne semble être plus vu par nous, par nos yeux non plus. Comme si une personne dans ce monde, par la vision d'un autre. Mais pour certains, la bière ainsi que tous ses compères amères, alcoolisés, finissent par s'en aller. De manière prématurée. Et c'était, hélas le seul que choisira souvent notre boisson comme lieu d'émigration. Car, voyez-vous, la bière est votre ami, certes, mais elle est jalouse. Elle se sentira donc fort blessée à la suite de votre excessive hospitalité. > Lucas Trastour poème lu par Gabriel Benfetoum.

Alors oui, après L’Ardeur, La Beauté et Le Courage, voici venu le Printemps du Désir en cette année 2021.

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