La cour d’assises des Bouches-du-Rhône examine à partir de ce lundi après-midi les circonstances du meurtre de la milliardaire monégasque Hélène Pastor. Dix accusés sont dans le box dont l’ex-gendre de la victime, Wojciech Janowski.
Commanditaire présumé de l'assassinat de sa belle-mère, la richissime héritière monégasque Hélène Pastor, Wojciech Janowski comparaît à partir de lundi devant les assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, aux côtés de neuf autres accusés, tous jugés pour leur implication à différents degrés dans la machination. Poursuivis pour assassinats ou complicité, et association de malfaiteurs, six des dix accusés, dont Wojciech Janowski, comparaîtront détenus au cours de ce procès qui doit durer jusqu'au 19 octobre.
Le 6 mai 2014, vers 19 heures, Hélène Pastor, 77 ans, héritière d'un empire immobilier monégasque, est visée avec son chauffeur Mohamed Darwich, 54 ans, par des tirs au moment où elle sort, à bord de son monospace, d'un hôpital niçois où elle avait rendu visite à son fils, Gildo. Les deux victimes, gravement blessées, succomberont quelques jours plus tard.
Le jour où sa mère meurt, Gildo Pallanca-Pastor assure avoir eu un pressentiment en voyant son beau-frère Wojciech Janowski à proximité de la chambre mortuaire:
"Je l'ai regardé, il avait le sourire, il appelait quelqu'un. J'ai pensé "ce type, il a quelque chose qui ne va pas", a-t-il déclaré quelques heures avant le début du procès.
De son côté, la police retrouve très rapidement la trace des tueurs présumés: deux Marseillais, déjà condamnés pour violences ou trafic de stupéfiants. Agissant à visage découvert, Samine Said Ahmed, 28 ans, accusé d'être le tireur mais qui nie les faits, et Al Haïr Hamadi, 35 ans, accusé d'avoir joué le rôle de guetteur devant l'hôpital, ont laissé dans leur sillage une multitude d'indices. Les enquêteurs les suivent de près et passent au crible les appels téléphoniques ainsi que les images de vidéosurveillance qui leur permettront de remonter jusqu'aux donneurs d'ordre présumés.
500.000 euros par mois
Le 23 juin, ils procèdent à une vague d'interpellation dans laquelle figure Sylvia, demi-soeur de Gildo, et son compagnon depuis 28 ans, Wojciech Janowski, 69 ans, consul honoraire de Pologne à Monaco et homme d'affaires. La fille d'Hélène Pastor dont la fortune est estimée à 12 milliards d'euros est rapidement mise hors de cause par les enquêteurs, mais pas son compagnon.
En dépit des apparences, Wojciech Janowski est aux abois: selon l'accusation, il détourne depuis des années à son profit ou pour ses sociétés une grande partie des 500.000 euros que verse chaque mois Hélène Pastor à sa fille. Selon l'accusation, son objectif aurait été de faire main basse de la même manière sur la part d'héritage qui serait revenue à sa compagne. Le mobile, "le fric ? Peut-être, j'attends d'avoir un maximum d'informations", avance prudemment Gildo Pallanca-Pastor.
Il revient sur ses aveux
En garde à vue, Wojciech Janowski, qui mène grand train, avoue avoir commandité le double meurtre, affirmant avoir agi par passion pour sa compagne qui aurait été malmenée psychiquement par sa mère, avant de revenir ensuite sur ses aveux. Il nie aujourd'hui toute implication dans les meurtres et accuse son ancien coach sportif Pascal Dauriac de lui avoir soutiré de l'argent contre une "protection".
L'homme d'affaires comparaîtra aussi pour subornation de témoin: il est aussi accusé - ce qu'il nie - d'avoir payé par l'intermédiaire de sa nièce avocate, un détenu pour qu'il livre un faux témoignage le dédouanant et accusant Pascal Dauriac. Ce dernier, qui a reconnu être l'organisateur du double meurtre, assure pour sa part avoir été "manipulé" par le Polonais: "Il m'a expliqué que sa belle-mère était un monstre", rapporte-t-il aux enquêteurs. Sa belle-mère faisait vivre "l'enfer" à sa fille et lui préférait son demi-frère, Gildo, qu'il aurait d'ailleurs voulu éliminer par la suite, aurait confié Janowski au professeur de sport.
Dans son testament, Hélène Pastor avait prévu de partager sa fortune entre ses deux enfants. Ils seront réunis sur le banc des parties civiles durant le procès qui doit durer jusqu'au 19 octobre.