Les journalistes du groupe Paris-Turf, en redressement judiciaire, sont en grève sur le site d’Aix-en-Provence. Les journaux Paris-Turf, Bilto, Cheval Magazine pourraient passer dans les mains de Xavier Niel, patron de Free. Mais les méthodes du milliardaire ne rassurent pas les salariés.
Ils ne veulent pas baisser les bras et luttent pour leurs emplois. Les salariés du groupe Paris-Turf ont engagé une grève sur les deux sites du groupe, Aix-en-Provence et Paris.
A Aix-en-Provence où se situe la production des journaux (articles, maquettes, vente, émissions télé), les journalistes ont décidé d’occuper dès cet après-midi leur bâtiment à La Duranne.
?En raison d’un mouvement social du personnel, il n’y aura pas de parution des journaux du groupe Paris-Turf, aussi bien dans leur version papier que numérique. pic.twitter.com/4Qh0E3q5vv
— Paris-Turf (@Paris_Turf) June 22, 2020
C’est l’audience au tribunal de commerce de Bobigny hier, qui a mis le feu aux poudres.
C'était une véritable mascarade. On a eu le sentiment que les dés étaient pipés et la décision déjà prise
raconte une source syndicale.
Dans le groupe : Paris-Turf, Bilto, Cheval magazine...
Le groupe Paris-Turf, numéro un de la presse hippique française possède une dizaine de titres (Paris-Turf, Bilto, Cheval magazine et…). Il emploie 250 personnes dont 120 journalistes titulaires et 50 pigistes.
Le groupe a été placé en redressement judiciaire en mai dernier. Un échec pour l’actionnaire majoritaire Jacques-Henri Eyraud, l’actuel président de l’OM.
Parmi les repreneurs potentiels, deux seulement visent la totalité des activités du groupe.
Il s’agit de l’imprimeur Riccobono, allié à Mayeul Caire, fondateur du quotidien « Jour de Galop ». Ce tandem est soutenu par Eric Brion, ex-patron de la chaîne Equidia, et Philippe Abreu, membre du directoire de Paris-Turf.
Les syndicats confiants dans l'offre de Riccobono et de NJJ Presse, la holding personnelle de Xavier Niel, le fondateur d’Illiad (Free).
A la base, c’étaient deux offres sérieuses d’entrepreneurs intéressants
poursuit la source syndicale. « On les a rencontrés, et on leur a fait part de nos inquiétudes ».
Très vite, l’offre de l’imprimeur Riccobono gagne la confiance des salariés.
« Il nous promet de sauver 179 emplois contre 151 pour Xavier Niel, et il abonde de 800.000 euros pour aider aux départs volontaires ».
Le CSE exprime alors son soutien à l’offre de Riccobono.
Mais à la « stupéfaction » des salariés présents à l’audience d’hier, plusieurs parties prenantes du dossier se prononcent alors en faveur de Xavier Niel.
« Le procureur, les administrateurs, les créanciers… tous basculent pour l’offre de NJJ Presse ».
Xavier Neil est venu en personne défendre son dossier. « Et il s’est aligné sur la même offre que celle de Riccobono.
On aurait dit le roi et sa cour. Ça nous a mis mal à l’aise », poursuit la source syndicale.
Le tribunal de commerce rendra sa décision le 30 juin prochain. D’ici là, l’intersyndicale réclame qu'Anthony Maarek, directeur général de NJJ, la holding de Xavier Niel, revienne à la table des négociations. Sous peine "de grève illimitée".
Comment expliquer à des salariés favorables à un projet de reprise de Paris Turf mieux disant au niveau social qu’en finale ce sera Niel qui va ramasser la mise. Une honte de voir la justice à la botte d’un milliardaire. @France3tv @TF1 @BFMTV
— Longubardo Stéphane (@LongubardoStph1) June 22, 2020
« Les emplois de 75 salariés et d’une trentaine de pigistes travaillant sur les deux sites de Paris et d’Aix-en-Provence sont sur la sellette » précisent les syndicats. « Et il va falloir rediscuter aussi du fait que la même direction qui nous a menés au redressement judiciaire soit maintenue par le repreneur. »
Les paiements des salaires de juin sont également mis dans la balance.
Frappé par l’arrêt des courses lié au coronavirus, qui l’a obligé à suspendre l’impression de ses journaux, et de la faillite du distributeur de journaux Presstalis, Paris-Turf a été placé en redressement judiciaire le 26 mai.
Selon les syndicats, le groupe était déjà fragilisé par des « axes stratégiques sortis de notre cœur de métier. Nous avions fait un droit d’alerte il y a un an ».
En ce qui concerne les paris en ligne, l’autre activité du groupe, l’affaire sera jugée séparément le 23 juillet, les repreneurs devant recevoir au préalable un agrément de l’Autorité de régulation des jeux.