Aix-en-Provence : un syndicat de médecins lance un appel aux médecins infectés, et attaque en justice

Le Syndicat des Médecins d'Aix et de Région (SMAER) lance un appel à tous ses confrères et consoeurs infectés par le Covid-19 à se manifester. L'objectif : soutenir psychologiquement et juridiquement les soignants touchés par l'épidémie, victimes d'une "mauvaise gestion de crise".

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« Le but est de relier tous les médecins et soignants atteints par le Covid-19. Pour avoir nos propres chiffres, notre propre épidémiologie », explique le Dr Latil d’Albertas, président du Syndicat des Médecins d’Aix et Région.

Car les soignants sont dans un grand désarroi. Ils se retrouvent sans protection ou avec du matériel insuffisant, voire bricolé parfois, face à une pandémie. Beaucoup sont tombés malades. D'autres ont peur...

J'ai des témoignages de confrères et consoeurs terrorisés par le fait de soigner sans masque ni protection.

Et on ose rappeler les médecins à la retraite, dont la tranche d'âge est une co-morbidité ! Nous sommes face à une mauvaise gestion de crise"

Les médecins sont tenus par une obligation de moyens. Ils doivent diagnostiquer le patient, pour le traiter et le soigner.

"Or nous manquons de tests pour diagnostiquer avec assurance la maladie. Nous ne pouvons non plus traiter nos patients car le seul traitement qui donne des résultats pour l'instant, celui du professeur Raoult à l'IHU de Marseille, n'est permis qu'aux établissements de santé. Nous sommes contraints de les renvoyer se confiner chez eux.  Notre fonction de médecin est dénaturée".

Le médecin fulmine… contre les manques de masques, de tests, mais aussi de traitement « qu’on impose aux médecins généralistes ».

Trois points que pointe son organisation auprès du tribunal administratif de Paris, par des demandes en référé-communication  déposées ce lundi..

"Gouverner, c'est prévoir"

« Cette pandémie, on pouvait s’y attendre. Cela fait des années que la notion de pandémie est connue », se désespère le président du SMAER. "Gouverner, c'est prévoir", disait Emile de Girardin. Il avait bien raison.

Il y aura forcément une suite à ce scandale sanitaire. Une telle imprévoyance n’est pas digne d’un état comme le nôtre,  la 5eme puissance mondiale .

En l’espace de 20 ans, notre monde a vu émerger au moins huit virus dangereux, dont Ebola, les SRAS, le Mers et le H1N1. Dans la même période, le tourisme low cost a entraîné des échanges massifs entre pays.
 
"Nous ne croyons plus les annonces des autorités. Nous réclamons à présent des preuves de leurs promesses".

Comme annoncé il y a quelques jours déjà, les pharmacies ont été pourvues de masques que les soignants doivent venir chercher.

"Je suis encore allé à ma pharmacie ce matin. Et elle n'avait toujours pas reçu de masques", se plaint le Dr Latil d'Albertas.

Dans son cabinet, le médecin est installé avec trois autres confrères médecins et deux assistantes. "Nous n'avons eu qu'une cinquantaine de masques chirurgicaux en un mois"....

En justice, pour demander "des preuves"

Les professionnels de santé sont échaudés par les déclarations successives des autorités, qui ne sont pas suivies d’effets,
explique Maître Nicolas Choley, l'avocat du SMAER.

"Pour les masques par exemple, la France était censée disposer d’un stock suffisant, avant que l’on se rende compte que le stock avait disparu.
Là dessus, le ministre de la santé Olivier Véran explique que les masques de chirurgie feront très bien l’affaire pour les médecins de ville. Alors qu’il est prouvé aujourd’hui qu’il leur faut des masques FFP2.

Et maintenant, on nous dit que les masques arrivent…
Ce que demandent mes clients le Syndicat des Médecins d’Aix et Région (SMAER) et le syndicat d’infirmier(e)s Infin’idels, ce sont des preuves".
 
Les deux syndicats réclament auprès du tribunal la vérification des appels d’offres et des contrats passés ou en cours par l'Etat pour l’obtention des masques. Et ce, depuis la déclaration d’urgence sanitaire internationale prononcée par l’OMS le 30 janvier dernier.

Le gouvernement a annoncé avoir commandé plus d'un milliard de masques, sachant que les soignants nécessitent 40 millions de masques par semaine.

L'Allemagne, en avance pour les tests

Pour les tests également, les syndicats réclament des preuves des annonces faîtes concernant les dépistages massifs.
"C’est une stratégie qui a payé chez nos voisins allemands qui ont mené 500 000 tests en une semaine. Et ont obtenu moins de morts et de cas graves qu’en France. Nous sommes en retard par rapport à l’Allemagne.

Le ministre de la santé nous annonce pouvoir passer de 4000 tests par jour à 50000/jour d’ici fin avril. Là encore, on veut voir les carnets de commandes et les appels d'offres".

Des stocks de médicaments par "précaution"

Il existe un traitement contre le Covid-19 à base d’ hydroxychloroquine , une molécule proche de la chloroquine, associée à un antibiotique, mis au point par le professeur Raoult, et son équipe de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille.

Le gouvernement ne l’a autorisé que pour les cas graves et dans les seuls établissements de santé. Les syndicats se demandent s'il y aura assez de médicaments pour honorer cette annonce.

Là aussi, nous voulons des preuves. Et réclamons de voir les appels d’offres et les commandes passées de ces médicaments,

précise de nouveau Maître Choley.

Mais les syndicats vont encore plus loin et s’appuient sur une décision de justice toute récente.

Le tribunal administratif de Guadeloupe a jugé que son Agence Régionale de Santé (ARS) devait passer commande de ces médicaments, en application du principe de précaution.

Les insulaires veulent avoir des stocks suffisants (pour 20000 patients) pour faire face à l’épidémie.
La chloroquine fait partie des études menées sur le plan européen (programme Discovery) pour trouver un traitement à la maladie Covid-19. Les résultats sont annoncés d’ici une semaine.
La Guadeloupe préfère constituer déjà des stocks de cette molécule, pour le cas où elle serait reconnue comme traitement favorable à la lutte contre le Covid-19.
Si elle ne l’est pas, la chloroquine serait facile à revendre, car elle reste utile pour d’autres pathologies.

"Nous pourrions faire de même. Au moins pour les régions les plus touchées comme Ile de France et l’Est", explique l'avocat au nom de ses clients..
La chloroquine ne coûte pas cher. Et plusieurs pays sont prêts à en acheter des milliers de tonnes.

Si l'Essai Discovery reconnaît l’efficacité de cette molécule, nous pourrions être les derniers à en commander. Nous nous retrouverions encore plus démunis face à cette crise sanitaire.

Le SMAER prévoit d’attaquer par voie de justice les Agences Régionales de Santé des régions les plus touchées par l'épidémie, en déposant une demande en référé-liberté.



 
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