A la veille de la COP22 une étude démontre que les écosystèmes de Méditerranée vont subir des conditions climatiques jamais atteintes. Même si les gouvernements du monde entier se sont mis d'accord pour maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C, la hausse sera de 3 °C ici.
Un réchauffement global de 2 °C correspond à 3 °C dans notre région
C'est une publication de Joël Guiot, directeur de recherche au CNRS, paleoclimatologue du 28 octobre dernier, dans la revue Science, les écosystèmes méditerranéens sont menacés d'un bouleversement inédit en 10.000 ans, à cause du réchauffement.
Lors de la COP21, en décembre dernier, les gouvernements du monde entier se sont mis d’accord pour « maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C au-dessus du niveau préindustriel ».
Même si cet objectif était atteint, les écosystèmes terrestres méditerranéens subiraient des conditions jamais atteintes au cours des 10 derniers millénaires, la végétation évoluant vers des états plus secs dans une grande partie du bassin.
4 degrès de plus et le désert est à nos portes
Un réchauffement global de 3 °C induirait une migration du désert vers le nord de l’Afrique et une réduction des forêts alpines. Au-delà de 4 °C, la désertification s’étendrait au sud de l’Europe. C’est ce que viennent de montrer des chercheurs du CNRS, qui publient leur étude dans la revue Science datée du 28 octobre 2016.
Pour produire une estimation fiable des conditions futures, ils ont développé un modèle numérique qui relie les changements d’écosystèmes 2 et les variations passées du climat. Ils ont ensuite utilisé ce modèle pour prédire l’évolution des écosystèmes au 21e siècle, sous différents scénarios de réchauffement. Les résultats de cette étude ont d’importantes implications pour la viabilité des forêts et des agrosystèmes méditerranéens.
Et si la température grimpait de cinq à six degrés faute de réduction des émissions de CO2, le désert monterait alors jusqu'au milieu de la Péninsule ibérique...
Selon les chercheurs, ce réchauffement se manifeste surtout par des sécheresses de plus en plus fréquentes qui affectent l'agriculture et les forêts, dont l'impact est déjà visible dans la région méditerranéenne.
Pour Joël Guiot, le réchauffement en Méditerranée ne produira pas de changement notable jusqu'en 2030 ou 2040, quel que soit le scénario climatique qui se concrétisera. Il sera dès lundi à l'ouverture de la COP22, à Marrakech.
Mais au-delà, l'impact sur la végétation de la montée des températures et de la réduction des précipitations sera évident, avec une régression de la forêt qui sera remplacée par une végétation d'arbustes et un accroissement de l'érosion des sols.
A lire : Le Climat et changement climatique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, par le Groupe régional d’experts sur le climat.
Ce n'est qu'une volonté politique forte autour de l'environnement qui pourrait éviter ces scenarii catastrophes.