Un "barbecue" marseillais aux assises: des mères brisent l'omerta des cités

Les mères des trois victimes, tuées puis brûlées dans une voiture à Noël 2011 à Marseille pour le contrôle d'un trafic de drogues, ont dénoncé ce mardi ces règlements de comptes qui endeuillent les cités de la ville où l'omerta fait loi.

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Brisant le silence, Kheira Abdelli a repris ce mardi matin devant les jurés des assises des Bouches-du-Rhône le témoignage qu'elle avait livré aux policiers au lendemain de l'assassinat de son fils Mohamed Bouhembel, alors âgé de 19 ans.

La veille, les mamans des deux autres victimes -- Sonny Albarello, 20 ans, et Nouri Oualan, 19 ans -- avaient elles aussi expliqué les dérives de leurs enfants vers le trafic de drogues jusqu'à ce guet-apens, fin 2011. 

Cannabis-drive

Le 25 décembre, ces trois jeunes de la cité des Micocouliers dans le 14e arrondissement de Marseille, allaient se procurer du cannabis en gros, avec 60.000 euros en liquide en poche, à la cité Bassens (15e arr.), un supermarché de la drogue avec son "drive"  pour délivrer le cannabis aux clients sans qu'ils aient à quitter leur voiture, lorsqu'ils ont été attirés dans une impasse puis tués.

Leur corps avaient été retrouvés quelques heures plus tard par les pompiers éteignant un incendie de voiture dans une pinède. La méthode du "barbecue", brûler des corps après un assassinat, est un mode opératoire régulièrement utilisé dans les règlements de comptes, tant pour effacer les preuves que pour impressionner les rivaux.

"Un contrat sur eux"

Kheira Abdelli a raconté à la barre le silence des cités et les familles des "tueurs" qui côtoient celles des victimes: "Tu sais tu es à côté d'une femme, son fils il a tué ton fils", lui glisse un jour une voisine. Cette mère de quatre enfants, "dont une fille handicapée", dit que jusqu'au jour du procès, où elle a pu voir les accusés, elle se demandait "à chaque fois (qu'elle) croisait un jeune, si ce n'était pas lui qui avait tué (son) fils".

Lors de l'enquête, elle avait affirmé aux policiers "tout le monde est au courant des trafics de drogues mais personne ne dit rien par peur", a rappelé le président


"Tous les jeunes du quartier savaient que Sonny et Nouri avaient un contrat sur eux", a ajouté à la barre Kheira Abdelli.

"Mohamed, je le serrais beaucoup (surveiller, ndlr), il ne faisait pas de connerie", a-t-elle expliqué, sans pouvoir expliquer pourquoi son fils s'était rapproché depuis quelques temps de Sonny Albarello et Nouri Oualan, deux amis d'enfance, figures montantes dans le trafic de cannabis des Micocouliers après en avoir évincé Sami Ati.

A l'inverse de ces trois mères, plusieurs témoins ne se sont pas présentés devant la cour, tandis que d'autres ont affirmé n'avoir rien à voir avec ce dossier. 
Les trois accusés, Sami Ati, 33 ans --commanditaire présumé de ce triple assassinat, qui comparaît pour "complicité" de "meurtres en bande organisée"-- et les frères Laribi, Abdelatif et Mohamed, 25 et 26 ans --les auteurs présumés, poursuivis pour meurtre en bande organisée-- nient fermement les charges.
Le verdict est attendu vendredi.
- avec AFp -
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