Allauch : Roland Povinelli accusé d'avoir tenté d'acheter un candidat FN aux municipales de 2014

Le maire socialiste d'Allauch aurait proposé à un candidat FN de se désister, "avec d'autres amis", aux municipales de 2014 "pour empêcher le Front national de boucler sa liste". L'information est révélée par La Marseillaise qui publie les enregistrements sur son site. 

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Aux élections de 2014, Roland Povinelli, maire d'Allauch depuis 1975, a-t-il eu peur d'être détrôné?

La scène se passe le 13 février, à quelques jours du début du dépôt des listes. L'ancien sénateur, figure du parti socialiste des Bouches-du-Rhône, reçoit dans son bureau un jeune co-listier de son adversaire FN. 

Saborder la liste FN

La Marseillaise qui révèle l'affaire, publie sur son site plusieurs extraits d'un enregistrement d'une heure qu'elle s'est procuré, dans lesquels on entend Roland Povellini s'adresser ainsi son interlocuteur : 
"A partir du 20 février, on peut déposer la liste et tu as jusqu'au 6 mars. Le 7 mars, c'est fini, tu peux plus rien faire. (...) Il faut qu'on voit quand est-ce que tu te retires, avec quelques uns, le maximum de tes amis, pour qu'il n'ait plus le temps d'arriver à 35, c'est d'accord ?"

Il poursuit : "Toi, qu'est-ce que tu cherches ? Qu'est-ce que tu voudrais faire? Qu'est-ce qu'il faudrait qu'on fasse pour toi ?"

Celui dont le maire d'Allauch veut saborder la liste, c'est le frontiste José Gonzales qui dénonçait à l'époque "le clientélisme électoral du maire, l'opacité et le favoritisme pour l'attribution des logements sociaux et la nuisance des impôts locaux sans oublier l'insécurité..."

Agé de 75 ans, il est aujourd'hui conseillé municipal d'opposition et se présente toujours comme le "principal opposant politique affirmé du maire et de son équipe". Il a dit avoir signalé ces faits au procureur de la République.

Un arrangement Tapie-Le Pen

Dans l'extrait suivant, Roland Povinelli éclaire son intercoluteur sur l'éthique en politique à travers l'exemple de l'élection de Bernard Tapie aux législatives :

J'étais le suppléant de Bernard Tapie en 1993, il était ministre de la Ville et je l'ai fait élire député. 

"Au soir du 1er tour, on risquait d'avoir une triangulaire Tapie, la droite et le Front national". L'élu allaudien explique que Tapie n'a aucune chance face au maire de Cabriès si le FN se retire et rapporte une discussion avec Bernard Tapie sur son bateau Le Phocéa.

Il ouvre la valise, 100 briques, 100 millions en billets de 500 francs de l'époque et il me dit je vais filer ça à Le Pen

"Il me dit "demain on va à Saint Cloud" (... ) où Le Pen a un hôtel particulier (...) le mec, il ouvre la valise, 100 briques, 100 millions en billets de 500 francs de l'époque et il me dit je vais filer ça à Le Pen."

Il raconte la suite de l'histoire : "Il a filé les 100 briques à Le Pen qui a téléphoné à Bruno Mégret, qui était le responsable du Front national dans les Bouches-du-Rhône. Il a dit "Dis à l'autre, Damien Bariller, de se maintenir", il y a eu une triangulaire et Tapie a été réélu."

Chacun te met son nom et ce qu'il souhaite obtenir de moi. 

Le maire d'Allauch explique ensuite au jeune candidat dans le moindre détail la procédure à suivre pour son désistement, jusqu'à lui souffler les termes à employerdans sa lettre. "Il faut qu'avant dimanche, tu aies vu tes amis et sur des feuilles de papier, chacun te met son nom et ce qu'il souhaite obtenir de moi, t'as compris". 

En échange, le maire s'engage sur l'octroi d'un appartement et une embauche : "je vais t'envoyer une lettre indiquant qu'à partir de fin avril 2014, tu pourras être recruté à la mairie".   

Vainqueur de la quadrangulaire

Au bout du compte, La marseillaise ne dit pas si l'accord a finalement tenu. Pour ce qui est de l'élection de 2014, Roland Povinelli l'a remportée confortablement après avoir obtenu au premier tour 48.29 % des suffrages (5567 voix) contre 16,34 % (1884 %) à José Gonzales arrivé second. Au tour suivant, il est sorti vainqueur d'une quadrangulaire avec 55,07 % (28 sièges) contre 19,53 % (3 sièges) au FN.   

Lucie Desblancs était candidate sans étiquette en 2014, présente dans la quadrangulaire du second tour (12,03 %) . Elle se souvient : pendant ma campagne municipale on préparait ma campagne en 2014 et des membres de mon équipe ont été approchés (...) plutôt par intimidation, les pressions, les refus de permis de construire.. Ce qui me surprend surtout, c'est que ça ne surprend personne, que tout le monde est au courant et tout le monde se tait, que cette personne bénéficie de la caution morale de pratiquement tout le monde, et ,notamment surtout des élus qui siègent à ses côtés."
Roland Povinelli, 77 ans, a par ailleurs été mis en examen en 2015 pour détournement de fonds publics, abus de confiance et usage de faux. Il est notamment soupçonné d'avoir embauché sa belle-fille au poste d'assistante parlementaire.
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