Assassinat du préfet Erignac : Yvan Colonna entre la vie et la mort après avoir été agressé par un détenu

Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat en relation avec une entreprise terroriste du préfet Claude Érignac, a été violemment agressé mercredi matin à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Il est hospitalisé en urgence absolue.

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Yvan Colonna a été hospitalisé en urgence absolue dans un hôpital proche de la centrale d'Arles, après avoir été retrouvé grièvement blessé à la prison, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

"Dès la découverte de la victime inanimée par un surveillant pénitentiaire, les secours internes prodiguaient un massage cardiaque moins de 3 minutes après l’alerte.
A l’arrivée des pompiers puis du SMUR, Yvan Colonna était médicalisé sur place alors qu’il se trouvait en arrêt cardiaque et respiratoire. Les réanimateurs parvenaient à relancer l’activité cardiaque", indique le procureur de la république de Tarascon, Laurent Gumbau.

Son état de santé très préoccupant a nécessité son transfert dans un hôpital marseillais confirme le procureur de Tarascon.

"La victime est actuellement en coma post anoxique. Après avoir été transporté au centre hospitalier d’Arles, elle a été transférée à Marseille" .

Les faits se sont déroulés dans la salle de sport vers 10h15. Yvan Colonna aurait été frappé à coup de poings et étranglé. L'agression a eu lieu sans arme, contrairement à ce qui a pu être indiqué dans un premier temps. 

"Les premiers éléments recueillis permettent d’établir qu’Yvan Colonna a été victime d’une strangulation à mains nues, puis d’un étouffement", confirme le procureur de Tarascon.

L'agresseur présumé, Franck Elong Abé, est un jihadiste de 36 ans, condamné à neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, a-t-on appris de source proche du dossier.  

"L’agresseur supposé, lui-même détenu, assurait un service d’entretien en qualité d’auxiliaire d’étage au moment des faits. Il est placé en garde à vue par la brigade criminelle de la direction zonale de la police judiciaire Sud, service auquel l’enquête a été confiée par le parquet de Tarascon du chef de tentative d’assassinat", indique le parquet.

Selon nos informations, ce détenu auxiliaire sport, était un DPS (détenu particulièrement surveillé), considéré comme instable et radicalisé. Il serait allé en Afghanistan. 

Les motifs qui l'ont conduit à agresser Yvan Colonna, le laissant entre la vie et la mort, ne sont pas connus pour le moment.

L'auteur présumé "est placé en garde à vue par la brigade criminelle de la direction zonale de la police judiciaire Sud, service auquel l’enquête a été confiée par le parquet de Tarascon du chef de tentative d’assassinat", indique le procureur.

L'homme est connu pour de multiples incidents en prison, notamment prise d'otage d'un personnel près de Lille.

"Le détenu mis en cause a été condamné à titre principal à la peine de neuf années d’emprisonnement du chef d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme. Il purgeait sa peine à la maison centrale d’Arles depuis le 17 octobre 2019, en provenance du centre pénitentiaire de Nantes", indique le parquet.

"Le parquet national anti-terroriste a été contacté au regard des antécédents du mis en cause", indique le procureur de Tarascon.

"Je suis sous le choc et en colère", a indiqué Me Sylvain Cormier, l'un de ses avocats, suite à cette agression. "Il est sous un régime « d’étroite surveillance » tellement étroite que toutes les demandes d’aménagement de peine lui ont été refusées. En revanche pour le protéger lui, l’administration s’est montrée incapable." 

Selon Me Emmanuel Mercinier Pantalacci, Yvan Colonna se trouve dans un état de "coma post-anoxique", consécutif à une privation d'oxygène dans le cerveau.

Le pronostic vital d'Yvan Colonna était engagé lorsqu'il a été évacué vers l'hôpital d'Arles, a-t-on indiqué de même source. Yvan Colonna serait en état de mort cérébral, ont indiqué des proches du militant nationaliste corse à France 3 Corse et France Bleu RCFM.

 "Son état est très grave, son pronostic vital est engagé. Pour l'instant, il est en réanimation, il n'est pas mort", a indiqué une source proche de l'enquête, ajoutant que son agresseur avait mis un "sac" sur la tête du détenu, qui a perdu connaissance.

Le ministère de la Justice a annoncé dans un communiqué la saisie de l'inspection générale de la justice "pour faire toute la lumière sur les conditions de cette agression d'une particulière gravité".

Arles, une centrale de haute sécurité

Construite en 1991, la maison centrale d’Arles se situe dans la zone industrielle nord de la ville, à quelques kilomètres du centre. Le niveau de sécurité y est maximum. L'établissement abrite les détenus les plus dangereux et les plus lourdement condamnés au minimum à 15 ans de réclusion criminelle.

Selon l'administration pénitentiaire, la maison centrale d'Arles dispose de 161 cellules dont dix cellules en quartier d’accueil, huit en quartier d’isolement et huit autres en quartier disciplinaire. Au 1er janvier 2022, 129 personnes y étaient détenues. 

La France compte six établissements de ce type.

Incarcéré depuis 2013 à Arles

Agé de 61 ans, le militant indépendantiste corse avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Erignac, après quatre ans de cavale dans le maquis. Il a toujours nié les faits.  

Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Erignac a été abattu de trois balles à Ajaccio. Il était marié et père de deux enfants.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2007 puis à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans en appel en 2009, il a été condamné une troisième fois à la perpétuité (sans période de sûreté) en 2011 après l'annulation par la Cour de cassation du verdict d'appel pour vice de forme.

En mai 1998, le commando présumé à l’origine du meurtre est repéré grâce aux communications émises sur les téléphones portables de leurs membres. 

Yvan Colonna avait été désigné comme le tireur du commando. Emprisonné à Arles, il a fait plusieurs demandes de rapprochement en Corse, toutes refusées.  

Vingt ans après les faits, trois hommes sont toujours emprisonnés pour l'assassinat de Claude Erignac.

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