À quelques jours de leur rendez-vous annuel et dans le contexte des coupes budgétaires demandées par le gouvernement, les élus locaux organisent leur riposte.
Le Salon des maires du Vaucluse qui s’est ouvert ce jeudi à Avignon avait des airs de tour de chauffe à quelques jours de La 106ᵉ édition du Congrès des maires et des présidents d’intercommunalité de France qui se tiendra les 19, 20 et 21 novembre 2024, porte de Versailles à Paris. Les élus ont échangé sur leurs difficultés dans le contexte actuel de coupes budgétaires. Dans son budget 2025, le gouvernement demande 5 milliards d'euros d'économies aux collectivités locales. Un effort jugé inacceptable par les élus locaux dans la mesure où ils estiment ne pas être responsables du déficit public.
Qui va porter la responsabilité des choix ?
"Je trouve que c’est quand même injuste que les collectivités soient autant sollicitées par rapport à ce qu’elles pèsent dans le déficit et dans la dette de l’état. Les problèmes viennent de l’Etat et on cherche des solutions du côté des collectivités, mais comme nous ne sommes pas à l’origine du problème, on n’aura pas la solution", réagit Anthony Zilio, maire (SE) de Bollène dans le Vaucluse. De son côté, Mathias Hauptmann, maire (SE) de Lacoste s’inquiète du cadre de vie futur de ses administrés car les coupes budgétaires pourraient concerner la rénovation et l’entretien des équipements scolaires ou sportifs : "Si on n’a plus de subventions pour faire des choses, on ne les fera pas. Et puis on restera avec ce qu’on a. Et finalement, il y aura un mécontentement si on ne continue pas à entretenir nos bâtiments, si on ne continue pas à maintenir la voirie et tout ce dont les habitants ont besoin".
Inquiétudes sur leurs infrastructures, sentiment d'injustice et de dévalorisation du rôle des élus… Ces sentiments sont partagés par Georges Cristiani, maire (SE) de Mimet et président de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône : "En tant qu’élus locaux, on a l’impression d’être constamment dénigrés. On ne nous considère pas à notre juste valeur, c'est-à-dire dans notre rôle de "circuit court" entre les citoyens et le pouvoir politique".
Le porte-parole des maires dans les Bouches-du-Rhône se montre très critique sur le fossé qui existe selon lui entre les élus locaux et nationaux : "Nous, on est au quotidien avec les administrés et eux sont tellement loin. Il y a une amertume de constater comment les élites politiques essaient de se défausser de leurs erreurs. Ils ne mesurent pas les erreurs commises depuis une trentaine d’années au niveau national et ne s’intéressent pas aux causes des problèmes. Au lieu de cela, ils continuent de nous pressuriser. On ne peut pas faire plus avec toujours moins".
Leurs propositions : autonomie fiscale, décentralisation
Le président des maires des Bouches-du-Rhône portera trois propositions à Paris : Privés de la taxe professionnelle et de la taxe d’habitation, les maires ne peuvent plus compter que sur la taxe foncière pour gérer les services municipaux et investir. "Je ne dis pas que je veux rétablir la taxe d’habitation mais il faut que l’on soit capable de lever notre propre fiscalité. Ce n’est pas à l’État de décider de l’impôt local".
Dans la liste des souhaits également, plus de décentralisation : ce qui sous-entend selon le président de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône de valoriser davantage les responsables politiques locaux et de "redonner ainsi de la force aux citoyens locaux". "Je souhaite que les 36 000 communes qui composent le socle républicain soit valorisées."Les 5 milliards d’euros d’effort demandés par Michel Barnier sont jugés injustes par de nombreux édiles. "Je veux bien participer mais ce n’est pas normal que la Région, le Département et les 119 communes des Bouches-du-Rhône continuent d’être ainsi mis à contribution".
Avec Sonia Boujamaa et Michaël Flores, journalistes à France 3 Paca