Le Conseil de développement de Marseille Provence Métropole (MPM) s'est dit mardi favorable au renouvellement de l'autorisation de rejeter des déchets en mer accordée à l'usine Alteo de Gardanne, à condition notamment de limiter à 5 ans cette dérogation.
Un avis favorable sous conditions ... Voilà en résumé la décision prise par le conseil de développement de MPM.
Cet avis émanant de cette assemblée composée de représentants de la société civile a été ajouté lundi à l'enquête publique ouverte au cours de l'été et qui doit s'achever en fin de semaine, a précisé Jean-Louis Tixier, président de ce Conseil.
"Il n'y a pas seulement un problème environnemental, il y a aussi un problème scientifique"
a résumé Philippe Langevin, président de la commission environnement du Conseil, évoquant l'impossibilité à l'heure actuelle d'éliminer dans les rejets liquides de l'usine (qui cessera au 31 décembre ses rejets solides) les métaux
lourds.
Dans cette perspective, le Conseil de développement de MPM s'est prononcé pour la prolongation pour 5 ans seulement de l'autorisation de ces rejets liquides (dont les teneurs en métaux lourds sont encore supérieures aux normes autorisées), et pour la mise en oeuvre parallèle d'un comité d'information et de suivi.
Cette période de cinq ans doit en outre "être mise à profit pour que les scientifiques puissent travailler à la recherche d'une solution conforme au respect de toutes les normes environnementales", écrit aussi le Conseil.
"Si au bout de cinq ans, il n'y a pas d'assurance qu'il n'y a plus de pollution, il n'y aura plus de dérogation"
a dit Jean-Louis Tixier: "Accorder une autorisation de 30 ans, ce serait irresponsable".
Rejet en plein parc des calanques
Depuis près de 50 ans, l'usine d'alumine de Gardanne, un ancien site de Péchiney, acquis en 2012 par le fonds d'investissement américain HIG, bénéficie d'un droit à expédier ses résidus (des boues rouges ) dans la fosse de Cassidaigne, à 7 km au large de Cassis par 320 m de fond, au milieu du Parc national des calanques.Cette autorisation expire au 31 décembre 2015.
La résistance de la ministre
Depuis l'annonce en septembre 2014 de la décision du conseil d'administration du Parc national des calanques de prolonger de 30 ans la dérogation accordée à l'industriel pour rejeter en mer des résidus liquides, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, et l'industriel Alteo se livrent à une bataille d'expertises et de communication sur la nocivité des "boues rouges".Après clôture de l'enquête publique et remise du rapport de la commission d'enquête, le dossier sera soumis à l'avis du conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDERST) ainsi qu'au conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT), avant décision du préfet des
Bouches-du-Rhône.
L'usine emploie 700 personnes et est dédiée aux alumines de spécialité, notamment pour les applications de haute technologie (écrans plats, LCD).