Brûlures, inflammations, dévoreur de poisson... : 5 choses à savoir sur les vers de feu qui prolifèrent en Méditerranée

Il porte un nom héroïque, mesure jusqu'à 50 cm, brûle la peau et dévore les poissons… Le ver de feu se multiplie dans la mer Méditerranée à mesure que l'eau se réchauffe. Un inquiétant prédateur vorace.

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Des poissons à moitié dévorés... C'est le maigre butin retrouvé dans les filets des pêcheurs. Le coupable ? Le ver de feu, ou "ver barbelé", un inquiétant prédateur vorace qui prospère dans les eaux de plus en plus chaudes de la mer Méditerranée.

France 3 Provence vous détaille cinq choses à savoir sur cet animal urticant.

Il a des allures de mille-pattes des mers

À première vue, le ver de feu, "Hermodice carunculata", n'inspire pas confiance. "Le ver de feu est un ver annelé, mobile, aplati et allongé, ressemblant à un mille-pattes", peut-on lire sur le site des Données d'observations pour la reconnaissance et l'identification de la faune et de la flore subaquatiques (Doris). Ses couleurs peuvent être multiples : rouge, vert, jaune, gris ou blanchâtre. 

Cet animal aquatique mesure habituellement entre 15 et 30 cm, mais peut atteindre jusqu'à 50 cm. On le trouve parfois très proche des côtes. "Il y en a des quantités impressionnantes... dans des eaux très peu profondes", remarque le zoologue Francesco Tiralongo dans un entretien avec l'AFP. 

Il dévore les poissons

Les vers de feu sont friands de tout. Ils se nourrissent d'organismes en décomposition, mais peuvent également s'attaquer au corail ainsi qu'aux poissons prisonniers des filets de pêche. Ils "mangent la tête, tout le corps, et l'éviscèrent", explique à l'AFP Alfonso Barone, pêcheur en Sicile, en remontant une daurade mutilée au large du village de Marzamemi.

Le ver de feu "est une espèce opportuniste qui se comporte à la fois comme un prédateur et un charognard", explique le zoologue Francesco Tiralongo, qui dirige un projet de l'université sicilienne de Catane étudiant ce phénomène.

Les poissons à moitié dévorés ne peuvent pas être vendus. Les pêcheurs ont donc réduit la durée d'immersion des filets, ce qui se traduit par des pêches moins abondantes et n'empêche pas totalement les attaques des vers bruns, verts ou rouges. "Ils avaient l'habitude de manger environ 30% des prises... Désormais, ce chiffre est passé à 70%", déplore-t-il.

Son contact provoque des brûlures

Le ver de feu a des poils blancs au venin urticant qui se détachent au moindre contact et rentrent dans la peau, donnant une vive sensation de brûlure et des inflammations. De quoi inquiéter les nageurs. Sur la plage de Marzamemi, en Sicile, des vacanciers quelque peu inquiets enfilent des masques ou des chaussures plastiques avant de se baigner.

"Je refuse que cela gâche mes vacances, mais je me baigne toujours avec mon masque pour voir le fond", confie Fabiana Davanzo, une touriste de 56 ans venant de Milan. Alors qu'il trempe prudemment ses pieds dans l'eau, Salvatore Lazzaro, 51 ans, explique qu'il a été piqué par une créature non identifiée la veille, mais qu'il brave l'eau de nouveau sous un soleil étouffant. 

Selon les Doris, un traitement à l'eau chaude et au vinaigre permet de calmer la douleur.

Sa prolifération est liée au réchauffement climatique

La présence des vers de feu n'est pas nouvelle en Méditerranée, mais ils étaient autrefois bien moins nombreux et n'étaient observés en Sicile que durant l'été. La hausse des températures des eaux due au changement climatique favorise leur multiplication.

"Avec le réchauffement climatique, les eaux se réchauffent, devenant un habitat idéal pour ces vers, qui sont de plus en plus nombreux d'année en année, et sont présents tout au long de l'année", note Alfonso Barone, qui pêche depuis son enfance.

"Le réchauffement climatique provoque divers changements en Méditerranée, qui seront probablement exacerbés dans les années à venir", met en garde Federico Betti, expert en espèces invasives à l'université de Gênes entendu par l'AFP.

La température moyenne de la Méditerranée a augmenté d'environ 1,2 degré au cours des 40 dernières années, rappelle-t-il. La chaleur peut provoquer des épisodes de mortalité massive au sein d'une espèce, ou en revanche, en faire proliférer d'autres. On assiste alors à une augmentation des espèces tropicales non-indigènes en Méditerranée, qui "provoquent de profonds changements dans les écosystèmes marins", s'inquiète Francesco Tiralongo.

Il détient un pouvoir étonnant

Le ver de feu est doté d'un pouvoir presque aussi homérique que son nom. Il se régénère naturellement. "On ne peut pas tuer un ver de feu en le coupant en deux, car il a d'excellentes capacités de régénération", décrit Francesco Tiralongo. "Si vous le coupez en deux, non seulement la partie avec la tête régénère une partie arrière, mais la partie arrière parvient, elle aussi, à reconstituer une tête en 22 jours environ".

Avec AFP.

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