Le 53e congrès de la CGT s'ouvre à Clermont-Ferrand et désignera le successeur de Philippe Martinez à la tête de la deuxième organisation syndicale française. Parmi les trois noms pressentis figure celui d'Olivier Mateu, le secrétaire départemental de la fédération des Bouches-du-Rhône. Mais sa candidature n'a pas été validée en interne.
Alors que s'ouvre ce lundi 26 mars, à Clermont-Ferrand, le 53e congrès de la CGT, la question se pose de la succession de Philippe Martinez à la tête de la deuxième organisation syndicale de France. Une passation de flambeau qui se déroule à un moment crucial, au beau milieu d'un conflit social incendiaire sur la réforme des retraites.
Pour la première fois depuis 1895, date de création du syndicat, une femme pourrait être désignée secrétaire générale. Pourtant, Olivier Mateu a fait connaitre son ambition de prendre la relève mais sa candidature a été jugée non conforme en interne. France 3 Provence-Alpes revient sur le profil clivant du leader de la CGT dans les Bouches-du-Rhône.
L'engagement en héritage
A 48 ans, Olivier Mateu peut justifier d'un engagement sans faille depuis l'adolescence. A 14 ans, il rejoint les rangs du Parti communiste et prend sa carte à la CGT dès son entrée dans le monde du travail. La culture ouvrière coule dans ses veines. Issu d'une famille militante qui a combattu le franquisme en Espagne, il a grandi dans la cité industrielle de Port-de-Bouc, berceau de luttes politiques depuis le siècle dernier. A 48 ans, Olivier Mateu, forestier-sapeur de formation, est depuis 2016 le leader de la puissante fédération CGT des Bouches-du-Rhône.
Une radicalité clivante
Figure de proue de la lutte contre la réforme des retraites, Olivier Mateu s'est illustré par son franc-parler et son vocabulaire martial. Sa gouaille marseillaise et son air bourru lui confèrent pourtant un capital sympathie.
"On va rester tout ce qu'on peut... Il y aura un gros chat et tout plein de souris", lance-t-il au journaliste de l'AFP après les réquisitions dans les dépôts pétroliers de Fos-sur-Mer le 21 mars. Le leader local revendique et porte la ligne dure de la CGT : "L'ordre public, c'est nous", "il y aura la ligne de la répression et la ligne des hommes et des femmes dignes, debout." Le leader entend "tout reprendre" et le répète inlassablement sur les plateaux de télévision. Une radicalité qui ne lui vaut pas que des soutiens au sein de son organisation syndicale.
Sur le mur de son bureau trône un poster d'Hugo Chavez. Le syndicaliste croit dur comme fer à "la victoire des travailleurs" .
Pas de virage écolo pour Olivier Mateu mais le souhait assumé d'une rupture avec le système. Il critique l'adhésion de la CGT au collectif "Plus jamais ça", qui met une dose d'environnemental dans le social, mais certifie qu'il n'est pas climatosceptique.
"Ni Poutine, ni Zelensky", il réfute avoir noué, avec son union départementale, des liaisons dangereuses pro-russes et rétorque que "la guerre en cours est une guerre d'un impérialisme contre un autre." Une position qui fait grincer des dents en interne.
"On me vend comme un bourrin", confit-il au magazine Marianne, mais il n'a pas dit son dernier mot.
Alors, candidat sérieux au poste de secrétaire général de la CGT ? Olivier Mateu, en désaccord avec la ligne nationale de la CGT, ne figure pour l'instant pas sur la liste des membres de la commission exécutive qui sera soumise au vote. Un consensus semble se dessiner en faveur d'une candidature féminine. Les fédérations estimant " qu'il est temps pour la CGT de confier à une camarade femme la responsabilité du secrétariat général."
Pour autant, il l'a suffisamment répété ces derniers mois, le syndicaliste "ne lâche rien", pas même ses camarades marseillais qui devront faire sans lui demain pour la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Il sera à Clermont-Ferrand.