La métropole d'Aix-Marseille-Provence a été sévèrement épinglée jeudi par la Chambre régionale des comptes sur sa politique de gestion des déchets, au moment où elle traverse une crise des poubelles qui a obligé les autorités à réquisitionner des éboueurs.

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Depuis la naissance de cette collectivité en 2016, qui regroupe Marseille et 91 communes autour de la deuxième ville de France, "l'organisation de la collecte des déchets n'a fait l'objet d'aucune évolution majeure" et "aucune économie d'échelle ne peut réellement être mise en avant", a souligné la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d'Azur dans un rapport rendu public jeudi.

Elle pointe des coûts de service "systématiquement au-dessus" de la moyenne nationale pour un nombre de tonnes de déchets collectés "en-deça des objectifs imposés par la loi". La tonne collectée par habitant est 30% plus cher sur la métropole qu'ailleurs en France.

Le rapport est très sévère sur le recyclage: "La collecte sélective des déchets voués à être recyclés ou valorisés ne représente à l'échelle métropolitaine qu'un peu plus de 20 kg/habitant/an, alors que la moyenne nationale se situe autour des 40 kg".

Lors d'une conférence de presse, la présidente de la métropole, Martine Vassal (LR), a répondu "avoir un an pour travailler sur ce rapport", sans avancer de piste concrète.

En 2017, un précédent rapport de la CRC épinglait, déjà, la gestion des déchets à Marseille, avec des critiques similaires.

La chambre a une nouvelle fois relevé aussi les "fragilités" de l'organisation de la collecte, "dans un contexte où le temps de travail réglementaire n'est pas réalisé".

Trop d'heures supplémentaires

Le rapport souligne ainsi la difficulté d'évaluer le temps de travail réel des agents: "Aucun site majeur n'est doté de badgeuse" et "le pointage présence/absence relève de l'action individuelle et/ou de l'échelon hiérarchique local dédié", explique-t-il, préconisant "la mise en service de badgeuses" sur les différents sites.

Le rapport a enfin pointé le volume pris ces dernières années par les heures supplémentaires, appelées à disparaître dans le cadre de la nouvelle organisation: "En 2019, plus de 4.400 heures supplémentaires ont été payées, au-delà des 25 heures réglementaires, pour un coût approchant les 100.000 euros".

Sur le temps de travail, la collectivité a tenté ces derniers jours de se conformer à la loi de transformation de la fonction publique de 2019, qui impose l'application des 35 heures au 1er janvier 2022.

C'est cette négociation qui avait déclenché fin septembre une grève des éboueurs. Vendredi, Martine Vassal avait annoncé un accord, octroyant une décote de 9,5% sur les 35 heures pour tenir compte de la pénibilité de leur travail.

Le syndicat majoritaire FO et la FSU avaient signé l'accord, pas la CGT. Des agents poursuivent leur grève notamment dans certains secteurs de Marseille et à Istres et Martigues.

Face à des "milliers de tonnes de déchets" toujours présentes dans les rues près d'une semaine après, la préfète de police a tapé du poing sur la table mercredi, déclenchant des réquisitions pour un "rétablissement de l'ordre public".

"Il reste des points durs et c'est pour ça que j'ai demandé au préfet des réquisitions", a affirmé jeudi Martine Vassal, vivement critiquée par le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, qui souhaite récupérer la compétence de la collecte des déchets dans sa ville pour éviter ces situations. "Qu'il le fasse, mais pour cela il faut changer la loi", lui a-t-elle répondu.

Un préfet nommé pour Marseille en grand

Coïncidence de calendrier ou non, l'État vient de désigner un nouveau préfet pour l'égalité des chances, chargé du plan Marseille en grand.

Ce plan qui prévoit des effectifs de police supplémentaires, de l'argent pour les quartiers, les écoles, le développement des transports, avait été annoncé par le président de la République lors de sa visite le 2 septembre, pointant lui aussi les carences de la Métropole et de la municipalité marseillaise.

C'est le conseiller du Premier ministre Laurent Carrié qui a oeuvré à la conception de ce plan.

Le Président a fixé comme première échéance sa venue le 16 octobre pour le congrès national des sapeurs-pompiers.

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