"En 42 ans de mandat, je n'ai jamais vu une telle misère" : pour faire des économies, des maires renoncent à la tradition des vœux

Ils atténuent la magie de Noël en décorant moins les rues, suppriment la cérémonie des vœux pour rappeler qu’ils font des économies. L’un d’entre eux a même retiré sa chemise devant une caméra pour illustrer le fait qu’il était "à poil". Les maires font des sacrifices pour combler la baisse des dotations

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Il n'y aura pas de vœux aux habitants de Sisteron en ce début d'année 2025. Du jamais vu pour l'édile en 42 ans de mandat, année du Covid exceptée. La commune doit faire des économies et la facture galette était salée, 40 000 euros environ.  La Mairie assume cette décision. À l'heure où le gouvernement annonce une baisse des subventions qui pourrait atteindre 1 million d'euros pour une ville comme Sisteron. L'idée fait débat chez ses habitants. Et il y a des regrets chez certains :  "Des économies d'accord, mais c'était sympa aussi", affirme une habitante un peu déçue

Il faut que l'État comprenne que l'on gère dans des conditions difficiles. Avec beaucoup de gens pauvres face à nous. En 42 ans de mandat, je n'ai jamais vu une telle misère.

Daniel Spagnou, Maire DVD de Sisteron

France 3 Provence-Alpes

Il n'y a pas de petites économies

En décembre dernier, le maire d’Allauch, adresse un message vidéo à ses administrés. Cette année, il n’organisera pas de cérémonie des vœux, pour faire des "économies symboliques".

Avec cette économie de quelques milliers d’euros, le maire ne va pas investir dans une nouvelle école. Il envoie plutôt un message symbolique. "Chaque année depuis 2020, le village perd 50.000 euros de dotation de l’état. La tendance s’amplifie, on apprend à faire avec."

"Il faut jongler, innover, on ne remplace pas les départs à la retraite", explique Lionel de Cala. À Allauch, les fêtes provençales traditionnelles de décembre feront désormais office de retrouvailles et rempliront le rôle social. 

Même problème, autre style

"Les journalistes n’étaient pas d’accord, mais c’est ce qu’il faut faire pour se faire entendre", affirme André Rousset, maire de Lauris, dans le Vaucluse. En pleine interview avec des journalistes de France 3, il enlève sa chemise, puis s’engage à enlever le bas à Paris pendant le congrès des maires en novembre 2024. Mais il ne tiendra pas cette promesse, par respect pour le statut, la fonction de maire. Et aussi parce que sa famille n’est pas trop d’accord.

 André Rousset, 73 ans, maire sans étiquette, communique de cette façon. En 2019, il veut courir entre Lauris et Paris pour sauver son hôpital. Il s’arrêtera avant, depuis il a une tendinite au talon et du mal à marcher. "Si je parlais bien, je ferais de beaux discours. Mais quand ça ne passe pas par la bouche, ça passe par le corps, il faut que je m’exprime", décrit cet ancien éducateur spécialisé des quartiers Nord de Marseille.

Pour autant, André Rousset maintient ses vœux à la population, 3800 habitants. "Cette année, on le fera à la cantine. Elle est bio et fait du local à 96%, c’est l’occasion de montrer ce qu’on fait et de s’expliquer. Les citoyens râlent quand il y a un trou sur la route, nous cherchons les moyens pour le reboucher, il faut en parler."

On gère les budgets à l’euro près

L’association des maires ruraux des Bouches-du-Rhône regroupe une quarantaine de villages. Franck Santos, le président, est maire de La Barben.

"Moi je ne supprimerai pas la cérémonie des vœux, c’est un moment important, de partage, de retrouvailles et l’occasion de donner des informations aux administrés. Et puis ça me coûte moins de 1000 euros,1 euro par habitant."

"Avant, le maire, c'était la commune. Il pouvait monter des projets. Ça a beaucoup changé depuis une vingtaine d’années. Il faut monter un projet, faire des études, demander des autorisations." Boucler un budget est de plus en plus difficile. "Les administrés veulent des routes correctes, des déchets bien ramassés. Nous vivons dans l’incertitude du budget année après année." 

Article écrit avec Aurélien Casanova, France 3 Provence Alpes

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