Etang de Berre : une catastrophe écologique provoque la mort des palourdes

Les fortes pluies de cet été, les rejets d'eau douce de la centrale hydroélectrique et la chaleur ont provoqué la destruction des stocks de palourdes dans l'étang de Berre. Un arrêté d'interdiction de la pêche à la palourde vient d'être publié.

Cela n'était pas arrivé depuis 12 ans. Un phénomène exceptionnel. Et surtout une catastrophe écologique rare d'après les scientifiques du Gipreb (Groupement d'Intérêt Public pour la Réhabilitation de l'étang de Berre) 
 

Un manque d'oxygène

L'étang de Berre manque d'oxygène. Il subit ce que les spécialistes appellent une "grave crise anoxique" dans ses profondeurs. Résultat  : l'écosystème se dégrade, les poissons et les coquillages meurent de façon anormale. Au cours de l'été, les touristes ont observé de nombreuses anguilles en décomposition sur le littoral. Le stock de palourdes a beaucoup baissé dans les eaux profondes. Dans certains secteurs de l'étang, ce coquillage a même totalement disparu.

Les plongeurs du Gipreb ont accompagné les pêcheurs professionnels, ils ont constaté la disparition totale des organismes vivants (vers, crabes, palourdes, moules... ) dès 3 mètres de profondeur

explique Elisabeth Le Corre, chargée de communication du Gipreb.
 

Pêche interdite. 22.500 euros d'amende

Les pêcheurs professionnels ont spontanément arrêté les prélèvements, mais la préfecture veut aller plus loin. Un arrêté d'interdiction de la pêche à la palourde vient d'être publié. La pêche à la palourde est interdite pour les professionnels, mais aussi pour les particuliers. Le non-respect de cette mesure est une infraction délictuelle, passible d'une sanction administrative, d'une amende de 22.500 euros et de la confiscation du matériel de pêche
 
 

Des eaux blanches

Sur une image satellite de l'étang de Berre, on aperçoit facilement une malaïgue (des eaux blanches) dans l'anse de Saint-Chamas vers le haut de l'image. Ce phénomène se produit quand les eaux anoxiques remontent à la surface.
 

Que s'est-il passé ? 

  • Une baisse de la salinité : elle est dûe aux fortes pluies de cet été, aux rejets d'eau douce de la centrale hydroélectrique EDF et à un fort apport de nitrate dans l'étang (50% des nitrates de l'étang proviennent des rejets de la centrale hydro-électrique). De plus, en raison des travaux sur la Durance, EDF déverse également depuis le 10 août dernier, des eaux douces limoneuses (chargées en nutriments), ce qui n'arrange pas la situation.
  • Les fortes chaleurs et le soleil ont provoqué des "blooms phytoplanctoniques" (surproduction de phytoplanctons). C'est la dégradation de ce phytoplancton dans les profondeurs qui a provoqué la diminution puis la disparition de l'oxygène dans une grande partie des eaux de l'étang.
  • L'absence de vent n'a pas permis un brassage suffisant des eaux. C'est la raison pour laquelle, l'anoxie concerne surtout les profondeurs de l'étang. Là où réside l'essentiel des ressources halieutiques.

Par expérience, les spécialistes du Gipreb estiment qu'il faudra plusieurs années avant de retrouver un état normal des eaux de l'étang. C'est un drame pour les pêcheurs à la palourde qui avaient obtenu l'autorisation de prélèvement il y a moins d'un an, en janvier 2018.
 
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