Féminicides : "il faut des peines dissuasives", le combat du père de Laura Bertin morte sous les coups de son compagnon

Trois femmes sont mortes victimes de violences conjugales le premier jour de cette année. Jean-Jacques Bertin réclame des peines dissuasives pour les auteurs. C'est le combat de sa vie depuis que sa fille Laura est morte sous les coups de son compagnon en 2019.

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Elles avaient 27 ans, 60 ans et 46 ans. Elles sont mortes à quelques heures d'intervalles le 1er jour de la nouvelle année, victimes de violences conjugales. Les deux premières poignardées près de  Saumur et  de Metz, la troisième étranglée à Nice. 

La fille de Jean-Jacques Bertin avait 22 ans. Elle a succombé aux coups de son compagnon le 12 mai 2019. 

"Depuis trois ans, je vis avec ça, jour et nuit', déclare-t-il sous le choc de ces trois nouveaux cas de féminicides commis en seulement 24 heures. 

"Commencer l'année en continuant ce décompte macabre, inadmissible, ce n'est pas possible". 

"Il y a plus de femmes qui meurent dans leur foyer que de soldats français à la guerre".

Depuis Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) où il vit, il se mobilise aux côtés des associations de défense des victimes de violences conjugales. Jean-Jacques Bertin a créé une page Facebook Laura B 22 ans pour relayer son combat.

Ce combat, c'est que les auteurs de féminicides restent derrière les barreaux. 

"Il y a des tas d'annonces, le bracelet, le téléphone grand danger, etc... mais pour moi, on oublie l'essentiel, il y a des lois qui existent qui ne sont pas respectées".

Que la peur change de camp

"Un criminel n'a pas peur de la justice parce qu'il sait que la sanction prononcée ne sera pas appliquée. J'ai découvert que la condamnation à perpétuité ne veut pas dire perpétuité." 

Le père de Laura veut que la peur change de camp. Il ne réclame pas des peines de justice plus sévères mais dissuasives.

"Un féminicide égale perpétuité réelle, c'est tout", assène-t-il alors que le responsable du décès de Laura sera jugé le 14 mars prochain devant la cour d'assises de Lyon, où la jeune femme avait suivi son compagnon quatre mois avant sa mort.

L'autopsie a révélé que la jeune femme est morte sous les coups violents. L'auteur a été arrêté après deux mois de cavale à la suite d'une plainte pour violences d'une nouvelle compagne.

Laura n'a pas eu la chance de s'en sortir, elle est morte de ses blessures à l'hôpital. Son compagnon est poursuivi pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". 

"Comment peut-on battre une femme jusqu'à la mort sans intention de la tuer? Comment peut-on frapper une femme pendant plusieurs heures au sol à coups de pied et de poings dans la tête et se dire : je ne voulais pas la tuer ?", questionne Jean-Jacques Bertin.

"La cour n'a pas retenu l'intention manifeste. Au lieu de la perpétuité, il encourt 20 ans de prison", explique Me Nathalie Tomasini, l'avocate de Jean-Jacques Bertin. 

"Il a fui en la laissant dans cet état, rappelle-t-elle. Même s'il n'y avait pas intention, il y a non assistance à personne en danger, ajoute l'avocate qui défend un projet de loi établissant des peines plancher de 30 ans dans ce type d'affaires.

Jean-Jacques Bertin rencontrera l'accusé pour la première fois au procès, il n'attend pas de lui qu'il exprime des regrets, juste "qu'il dise la vérité". 

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