Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône comparaissait ce lundi à Marseille pour détournement de fonds publics. On lui reproche d'avoir arrangé le licenciement de son conseiller Jean-David Ciot. Six mois de prison avec sursis ont été requis à l'encontre des deux hommes.
Six mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité ont été requis lundi à Marseille à l'encontre du président du conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini, ex-patron du PS local, jugé pour détournement de fonds publics, une affaire secondaire au regard de ses autres dossiers judiciaires. Le procureur Jean-Luc Blachon a requis une peine identique à l'encontre de l'ex-collaborateur de M. Guérini, Jean-David Ciot, député PS depuis 2012, jugé pour recel de fonds publics. Une amende de 15.000 euros a également été réclamée contre chacun.Les avocats de MM. Ciot et Guérini ont plaidé la relaxe estimant qu'il n'y avait "rien" de pénal dans ce dossier. Le jugement a été mis en délibéré au 8 décembre.
Un licenciement de complaisance
La justice soupçonne M. Ciot d'avoir bénéficié le 26 mai 2011 d'un licenciement de complaisance de son poste de conseiller technique à la présidence du département, moyennant 65.000 euros d'indemnités, pour lui permettre de se présenter aux législatives de 2012. M. Blachon a évoqué un "licenciement aberrant", s'interrogeant notamment sur l'absence de préavis qui prouve selon lui "l'intentionnalité" des deux prévenus. Si M. Ciot avait effectué un préavis, il n'aurait pas pu se présenter aux législatives, une loi d'avril 2011 imposant aux collaborateurs des collectivités territoriales de démissionner au moins un an avant l'échéance électorale. Peu après son départ du CG, il avait été élu premier secrétaire de la fédération des Bouches-du-Rhône en remplacement de M. Guérini.Ciot dit ne pas avoir voulu démissionner
M. Ciot a répété à l'audience que le licenciement lui avait été imposé, qu'il n'avait pas voulu démissionner, n'ayant pas eu l'intention de se présenter auxlégislatives.
C'est malgré lui, par accident, on a choisi pour lui ! "
a ironisé M. Blachon, évoquant un "départ monnayé, frappé de faux motifs". S'il a en effet reconnu à l'audience avoir décidé de licencier son collaborateur, M. Guérini, costume gris, chemise blanche et cravate sombre, a expliqué n'avoir "à aucun moment" "pensé violer la loi" et ne pas s'être occupé des détails. Il a accablé son ex-directeur de cabinet Rémy Bargès
j'ai signé ce qu'il m'a présenté"
a-t-il dit, qualifiant M. Bargès, selon lequel le licenciement était motivé par "l'incompatibilité électorale", de "grand menteur".
Des propos méprisables de la part d'un élu qui a érigé le mensonge en système de pouvoir"
a réagi M. Bargès dans un communiqué.
"Je ne suis pas M. Dupont"
Cette affaire aurait dû concerner "le tribunal administratif ou les prud'hommes. Mais comme je ne suis pas M. Dupont, je me retrouve devant vous", a lancé M. Guérini aux juges.Le contexte politique était exécrable, il fallait faire disparaître Jean-Noël Guérini"
a-t-il soutenu, stigmatisant les accusations faites à l'époque par le socialiste Arnaud Montebourg contre "le système Guérini".
"Une histoire dérisoire, anecdotique"
M. Guérini est en effet mis en examen, notamment pour trafic d'influence et association de malfaiteurs, dans plusieurs dossiers de marchés publics présumés frauduleux, tout comme son frère Alexandre, soupçonné d'accointances avec le milieu. Deux enquêtes qui, pour Me Dominique Mattéi, avocat du président du conseil général, "éclairent négativement tout ce que fait" M. Guérini. Il a fustigé "une histoire dérisoire, anecdotique, une affaire prud'homale", mais non pénale.Mais le juge moderne chasse volontiers l'élu"'
a-t-il regretté.