"J'étais un petit con": 2 braqueurs jugés pour avoir tué un retraité qui tentait de les arrêter

Avec pour seules armes son courage et une bombe lacrymogène, un retraité avait tenté d'arrêter les deux braqueurs d'un bar-tabac, en 2013 à Marignane. Il en est mort. Le procès des deux malfaiteurs qui risquent la perpétuité, s'est ouvert mercredi devant les assises des Bouches-du-Rhône.

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"Je reconnais les faits qui me sont reprochés", a déclaré dès l'ouverture de l'audience Marouen Rezgui, 21 ans, soupçonné d'avoir tiré les coups de feu mortels peu après le braquage.

Tout de noir vêtu, de la veste aux mocassins, l'accusé a écouté, la tête baissée, le président de la cour résumer l'affaire, avant d'implorer "pardon" face à la veuve de la victime, toute en colère contenue sur le banc des parties civiles. 

Reportage jeudi de GIORGETTI Jean-François, GARAUDE Astrid et GUEZ Emmanuelle :

Avec pour seules armes son courage et une bombe lacrymogène, un retraité avait tenté d'arrêter les deux braqueurs d'un bar-tabac, en 2013 à Marignane. Il en est mort. Le procès des deux malfaiteurs qui risquent la perpétuité, s'est ouvert mercredi devant les assises des Bouches-du-Rhône.
Intervenants : Sandrine Pauzano - Avocate de Robert Devartanian et Emmanuel Molina - Avocat Bouabdallah Ouadah.

Ce jeune adulte qui fêtait ses 18 ans le jour de faits, risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour "vol avec violence ayant entraîné la mort", tout comme son complice présumé Ouadah Bouabdellah, 25 ans, qui a également reconnu son implication. 

La cour est revenue sur le déroulé des faits qui ont conduit à la mort du retraité d'Air France, Jacques Blondel, 61 ans, le 22 août 2013, qui avait suscité une vive émotion à Marignane.

Deux mille habitants s'étaient rassemblés pour rendre hommage à celui qu'ils avaient appelé le "héros" de cette commune des Bouches-du-Rhône, les drapeaux avaient été mis en berne, et Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait salué le "courage" de la victime.

- Lettre 'révélatrice de l'état de la justice' -

Le jour du drame, le butin du hold-up s'élevait à 3.400 euros de cigarettes et 6.000 euros en liquide. Un braquage "bien préparé et bien exécuté", du moins jusqu'à son épilogue funeste, a estimé un enquêteur de la BRB, le service spécialisé dans le grand banditisme, à la barre.
Les deux malfaiteurs avaient pris soin d'entourer leurs poignets et chevilles de scotch pour éviter de laisser des traces ADN, a-t-il relevé.
C'est en remontant sur leur scooter pour prendre la fuite que les jeunes malfaiteurs avaient croisé la route de Jacques Blondel. Apercevant leur fusil, le retraité qui rentrait avec sa femme et sa petite-fille de 15 mois d'une journée à la plage, "prend la décision tout sauf évidente, et courageuse, d'intervenir", a souligné l'enquêteur.
M. Blondel percute volontairement, avec la voiture familiale, le scooter, renversant conducteur et passager. Le sexagénaire bondit de sa voiture et se lance à la poursuite des voleurs. Il fait chuter l'un d'eux à terre et s'empare de son fusil à pompe. 
Une lutte s'engage, le malfaiteur parvient à reprendre l'arme puis tire à deux ou trois reprises sur le sexagénaire qui tentait de l'empêcher de fuir. Les deux accusés assurent qu'ils n'ont pas voulu tuer. 
Le tireur présumé, Marouen Rezgui, en décrochage scolaire, a déjà été condamné à plusieurs reprises, notamment pour des cambriolages.
"J'étais un petit con" à l'enfance "un peu compliquée", père alcoolique et violent, puis en prison, et mère dépassée par ses cinq enfants, a-t-il relaté, avec son fort accent marseillais, devant le tribunal. 

Le procès est prévu jusqu'à ce vendredi soir . - avec AFP -

 

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